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Nicolas Sarkozy incarcéré

Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé, une première dans l’histoire de la Ve République

Près d’un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a été incarcéré mardi matin à la prison de la Santé, à Paris (14ᵉ arrondissement), une première pour un ancien chef d’État français.

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L'ancien président Nicolas Sarkozy quitte sa résidence pour se présenter à la prison de la Santé à Paris, le 21 octobre 2025.

Photo: JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Âgé de 70 ans, l’ancien président (2007-2012) est arrivé à la prison peu avant 9h40, accueilli par des cris de détenus - « Oh bienvenue Sarkozy ! » ou « Y’a Sarkozy ! » - provenant des cellules. Trente minutes plus tôt, il avait quitté son domicile du 16ᵉ arrondissement, accompagné de son épouse Carla Bruni, sous les encouragements de partisans scandant : « Libérez Nicolas ! »

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Sur le trajet, l’ex-chef de l’État a publié un message sur X :

« Voilà donc une affaire de financement illégal sans le moindre financement ! », écrit-il, dénonçant une procédure qu’il estime infondée. Selon lui, l’instruction a été « lancée sur la base d’un document dont la fausseté est désormais établie ».

Il insiste sur sa détermination à affronter cette épreuve sans se plaindre  « avec la force inébranlable » qui le caractérise : « Ce n’est pas un ancien président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent. »

Nicolas Sarkozy confie ressentir « une peine profonde pour la France, qui se trouve humiliée par l’expression d’une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé ». Et de conclure : « Je n’ai pas de doute. La vérité triomphera. Mais que le prix à payer aura été écrasant… »

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Cette déclaration s’inscrit dans une défense constante : Nicolas Sarkozy se considère victime d’un « scandale judiciaire », se comparant régulièrement à Alfred Dreyfus, condamné à tort en 1895.

Une demande de mise en liberté déposée

Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour association de malfaiteurs. Le tribunal lui reproche d’avoir laissé ses proches collaborateurs Claude Guéant et Brice Hortefeux entamer, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, des négociations avec des émissaires libyens en 2005. Ces contacts, menés à Tripoli avec Abdallah Senoussi — beau-frère de Mouammar Kadhafi, condamné à perpétuité en France pour l’attentat du DC-10 d’UTA qui fit 170 morts — visaient un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, qui ne s’est toutefois pas matérialisé selon la justice.

Les juges ont justifié la détention par la « gravité exceptionnelle » des faits, « de nature à altérer la confiance des citoyens ». L’ex-président Nicolas Sarkozy a immédiatement déposé une demande de mise en liberté, a déclaré à la presse l’un de ses avocats, Christophe Ingrain. Son incarcération est une « honte » a ajouté l’avocat. La justice aura deux mois pour trancher la demande de l’ex-chef de l’Etat, même si le délai devrait être plus court.

Conditions de détention strictes

À la Santé, Nicolas Sarkozy est placé à l’isolement : il dispose d’une promenade quotidienne, seul, dans une petite cour. Il peut accéder, sur un planning établi, à une salle de sport ou à la bibliothèque du quartier pénitentiaire. L’ancien président a confié s’être muni pour lecture de La Vie de Jésus et du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.

Soutiens politiques et réactions institutionnelles

La condamnation de celui qui fut une figure centrale de la droite française a suscité une vague de réactions. Reçu vendredi dernier à l’Élysée, Emmanuel Macron a déclaré qu’il était « normal, sur le plan humain », d’accueillir un ancien président, tout en rappelant son « attachement à l’indépendance de la justice ».

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, proche de Nicolas Sarkozy, a indiqué vouloir lui rendre visite en prison, se disant attentif aux « conditions de sécurité » de sa détention. Cette initiative a provoqué des remous dans la magistrature : syndicats et parquet général ont mis en garde contre un risque « d’atteinte à l’indépendance des juges » et « d’obstacle à la sérénité » du futur procès en appel.

Une situation sans précédent en Europe

Si d’anciens dirigeants comme le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont déjà connu la prison, aucun ancien chef d’État membre de l’Union européenne n’avait jusqu’ici été incarcéré. L’image de Nicolas Sarkozy entrant dans l’établissement pénitentiaire parisien symbolise ainsi une rupture historique dans la Ve République, où jamais un président condamné n’avait vu sa peine directement exécutée.

Avec AFP