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Faites confiance à votre corps : se préparer avant une opération réduit les risques et accélère la récupération
Une préparation physique et mentale avant l’intervention améliore considérablement les résultats.

Photo: SeventyFour/Shutterstock
Scarlett McNally, chirurgienne orthopédique et professeure clinicienne honoraire à la Brighton and Sussex Medical School, a mis en pratique ses connaissances sur la préparation chirurgicale il y a trois mois, lorsqu’elle a subi une prothèse de la hanche.
Avant l’opération, elle faisait chaque jour 45 minutes de vélo électrique, mangeait sainement et dormait suffisamment.
Le résultat ? Sa récupération a été remarquable.
Pour beaucoup de personnes, une opération est synonyme d’anxiété et d’incertitude. Elles se concentrent souvent uniquement sur l’intervention en elle-même.
« La plupart des patients ont trop peur pour faire confiance à leur corps », explique le Dr McNally.
Pourtant, ce que l’on fait dans les semaines précédant une opération – sur le plan physique comme mental – peut avoir un impact majeur sur la qualité et la rapidité de la récupération.
Améliorer les résultats chirurgicaux
Le temps qui s’écoule entre le diagnostic et l’intervention n’est pas qu’une période d’attente : c’est une véritable opportunité.
Au Centre for Perioperative Care, Scarlett McNally et son équipe recommandent une préparation avant l’opération, appelée « préhabilitation ». Celle-ci repose sur sept étapes : faire de l’exercice, adopter une bonne alimentation, modérer sa consommation d’alcool, arrêter de fumer, se préparer psychologiquement, planifier les aspects pratiques et optimiser les autres conditions médicales.
Des études ont montré que 86 % des patients ayant suivi une « préhabilitation » conservent ou améliorent leurs capacités physiques quatre semaines après l’intervention, comparé à leur état avant cette préparation.
« La préhabilitation transforme la chirurgie : elle cesse d’être quelque chose que les patients subissent pour devenir un processus auquel ils se préparent activement, ce qui améliore considérablement tous les résultats », a expliqué à Epoch Times le Dr Sunil Kumar, médecin spécialisé en médecine du mode de vie, anesthésiste et auteur de The Power of Preparation for Surgery (« Le pouvoir de la préparation en chirurgie »).
Des chercheurs internationaux ont mené un essai clinique randomisé, publié dans JAMA Surgery, afin d’évaluer les effets d’un programme structuré de « préhabilitation » de quatre semaines chez 251 patients avant une chirurgie programmée du cancer du côlon. Ces participants suivaient trois séances hebdomadaires d’une heure d’exercices intenses, alternant entre des intervalles de vélo et des exercices de renforcement musculaire avec des poids, des bandes élastiques ou leur propre poids corporel.
Leur alimentation était tout aussi importante. Un diététicien agréé a aidé chaque participant à atteindre un apport suffisant en protéines – environ 1,5 g par kilo de poids corporel par jour – grâce à des boissons protéinées à base de lactosérum prises après les séances d’entraînement et avant le coucher, complétés par de la vitamine D et un complexe multivitaminé. Le programme incluait également des exercices de respiration et de relaxation, ainsi qu’un accompagnement pour l’arrêt du tabac si nécessaire.
Les résultats ? Les complications ont été presque divisées par deux.
« Si la compétence chirurgicale est essentielle, la préparation l’est tout autant », a souligné le Dr Kumar.
La préparation n’a pas toujours besoin d’être longue ou complexe. Même si une durée de quatre à huit semaines est idéale, des programmes plus courts ou réalisés à domicile peuvent déjà apporter de réels bénéfices, a-t-il précisé.
Préparation mentale
L’incertitude et l’attente d’une opération peuvent provoquer des sentiments d’anxiété, de peur et d’impuissance, a expliqué le Dr Kumar.
Il existe des moyens concrets de réduire le stress avant une opération. Écouter de la musique apaisante – qu’il s’agisse de morceaux classiques ou de sons de la nature – peut favoriser la détente, tandis que des activités créatives comme la peinture, la musique, le jardinage ou la cuisine permettent de se distraire agréablement des inquiétudes liées à l’intervention, a-t-il ajouté.
On peut également recourir à un accompagnement psychologique, rejoindre des groupes de soutien ou suivre d’autres formes d’aide permettant de retrouver un sentiment de contrôle.
« Exprimer ses émotions en tenant un journal ou en parlant avec un thérapeute peut aussi aider à gérer des sentiments difficiles, en donnant à l’esprit l’occasion de traiter l’anxiété de manière saine », a indiqué Sunil Kumar.
Nutrition avant une opération
Ce que l’on mange dans les jours et semaines précédant une opération peut être déterminant. L’alimentation peut compter autant que l’intervention elle-même. Une nutrition adéquate permet de constituer des réserves métaboliques, de préserver la masse musculaire et de renforcer le système immunitaire – autant de facteurs qui réduisent le risque de complications et favorisent une récupération plus rapide.
Jusqu’à la moitié des patients subissant une chirurgie majeure souffrent de malnutrition. Un mauvais état nutritionnel accroît le risque d’infections, retarde la cicatrisation et prolonge la durée d’hospitalisation.
La chirurgie sollicite fortement l’organisme. Elle provoque une inflammation, une dégradation musculaire, un stress oxydatif et même une résistance à l’insuline, ce qui rend plus difficile le contrôle de la glycémie. Cependant, une alimentation adéquate, notamment riche en protéines, aide à atténuer ces effets.
« Les protéines sont non négociables », a déclaré à Epoch Times Theresa Gentile, diététicienne-nutritionniste agréée.
Les protéines compensent la perte musculaire, l’un des effets les plus néfastes du stress chirurgical. Les hormones du stress et l’inflammation accélèrent la dégradation des protéines, affaiblissant le corps au moment où il a le plus besoin de force.
Certains acides aminés, en particulier la leucine, peuvent activer des voies qui protègent et reconstruisent les muscles. Les protéines de lactosérum sont souvent utilisées dans les programmes préopératoires, car elles sont riches en acides aminés, rapidement absorbées et faciles à digérer. Un apport élevé en protéines favorise également la cicatrisation des plaies et renforce le système immunitaire.
Dans le même esprit, les graisses saines provenant de l’huile d’olive, des avocats, des graines ou des noix aident à réduire l’inflammation. Les micronutriments contenus dans les fruits et légumes colorés soutiennent l’immunité et favorisent la réparation cellulaire, a précisé à Epoch Times Mpho Tshukudu, nutritionniste fonctionnelle.
À l’inverse, la surconsommation d’aliments ultratransformés – riches en sucres, en glucides raffinés et en mauvaises graisses – peut affaiblir le système immunitaire et ralentir la guérison.
Pour la veille de l’opération, Mme Tshukudu recommande un repas léger à modéré, facile à digérer, contenant une quantité moyenne de protéines, peu de graisses et des glucides à libération lente. Par exemple : une patate douce rôtie accompagnée de poulet et d’épinards, une soupe de lentilles, tomates et olives, ou encore un smoothie banane-noix avec épinards ou chou kale, yaourt et cardamome. Rester bien hydraté est tout aussi essentiel, a-t-elle ajouté.
Dans les jours suivant l’opération, elle conseille de privilégier des repas légers et nutritifs, en augmentant progressivement la texture et la variété selon la tolérance.
« Les soupes et les smoothies sont un moyen simple d’apporter les nutriments nécessaires », a-t-elle expliqué.
Elle suggère de préparer les soupes en grande quantité avant et après l’opération, afin qu’elles soient prêtes lorsque vous n’avez pas envie de cuisiner – certaines peuvent même se consommer froides. Si l’appétit est faible, de petits repas ou collations toutes les trois à quatre heures peuvent aider à couvrir les besoins nutritionnels sans surcharger la digestion.
« Même si l’appétit est faible, il ne faut surtout pas trop restreindre son alimentation », a averti Theresa Gentile.
Une alimentation insuffisante entraînerait une dégradation des muscles par l’organisme pour produire de l’énergie, car une intervention chirurgicale augmente les besoins énergétiques de l’organisme. Sans apport énergétique suffisant, l’organisme ne peut pas fabriquer efficacement de nouveaux tissus, ce qui entraîne souvent un retard dans la cicatrisation des plaies, a-t-elle déclaré.
Il a été démontré que les personnes bénéficiant d’un soutien nutritionnel avant une opération passent en moyenne deux jours de moins à l’hôpital.
L’exercice avant une opération
La combinaison d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique permet au corps d’utiliser plus efficacement l’énergie et les nutriments.
Selon Scarlett McNally, l’exercice physique permet également d’acquérir la condition physique nécessaire pour se remettre de l’anesthésie, donne la force de sortir du lit avec moins d’aide, améliore la capacité pulmonaire afin de réduire le risque d’infections pulmonaires et diminue le besoin de prendre des analgésiques.
Différents types d’exercices contribuent de différentes manières. L’activité aérobique améliore l’utilisation et l’apport en oxygène – deux éléments essentiels à la réparation et à la récupération des tissus – tandis que la musculation aide à lutter contre la dégradation musculaire et favorise l’autonomie pendant la rééducation.
Avant une opération, il est important de préserver au maximum la masse musculaire, car le muscle sert aussi de réserve de protéines et d’anticorps, tout en contribuant à stabiliser le métabolisme, précise-t-elle.
La préparation préopératoire de Mme McNally a porté ses fruits.
« J’ai incroyablement bien récupéré – je suis sortie très vite de l’hôpital et je danse à nouveau. Ça marche vraiment ! » confie-t-elle.
La « préhabilitation » peut aussi marquer un véritable tournant pour la santé à long terme.
« De nombreuses personnes qui adoptent de meilleures habitudes avant une opération les conservent ensuite, ce qui améliore leur santé globale bien au-delà de la période de récupération », souligne-t-elle.
Zena le Roux est journaliste santé (MA) et coach certifiée santé & bien-être, spécialisée en nutrition fonctionnelle. Elle est également formée en nutrition sportive, en alimentation consciente, en systèmes familiaux internes et en théorie polyvagale appliquée. Elle travaille dans un cabinet privé et est éducatrice en nutrition pour une école de santé basée au Royaume-Uni.
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