Emmanuel Macron évoque une “dérive autocratique” de Vladimir Poutine, tout en réfutant toute insulte

Photo: BENOIT TESSIER/POOL/AFP via Getty Images
Face au refus de Poutine de rencontrer Zelensky malgré ses promesses à Trump, la France et l’Allemagne durcissent le ton et appellent à intensifier la pression économique sur la Russie.
La diplomatie européenne monte au créneau. Réunis vendredi 29 août à Toulon lors d’un conseil des ministres franco-allemand, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont appelé d’une même voix à l’adoption de « sanctions supplémentaires » contre la Russie. En cause : le refus persistant de Vladimir Poutine de rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, malgré l’engagement pris auprès de Donald Trump le 18 août dernier.
Emmanuel Macron assume ses mots durs contre Vladimir Poutine
Interpellé sur ses récentes déclarations qualifiant Vladimir Poutine d’« ogre » et de « prédateur », Emmanuel Macron a refusé de faire marche arrière. Face aux accusations d’« insultes vulgaires » formulées par la diplomatie russe, le président français a assumé ses propos tout en les contextualisant.
« Quand on dit qu’il y a un ogre aux portes de l’Europe, je crois que ça qualifie ce que les Géorgiens, les Ukrainiens et beaucoup d’autres nations ressentent très profondément », s’est-il justifié. Il a ainsi dépeint un « homme qui a décidé d’aller vers une dérive autoritaire, autocratique, et de mener un impérialisme révisionniste des frontières internationales ».
Cette rhétorique musclée illustre le durcissement du discours français face à Moscou, après plus de deux ans et demi de guerre en Ukraine.
L’axe franco-allemand ressoudé autour de l’Ukraine
Friedrich Merz, de son côté, s’est montré tout aussi ferme. « Vladimir Poutine n’a manifestement aucune volonté de rencontrer le président Zelensky, il pose des conditions préalables qui sont tout simplement inacceptables », a déclaré le chancelier allemand. Cette stratégie dilatoire de Moscou ne le surprend pas : « Cela fait partie de la stratégie de ce président russe d’agir de cette manière ».
L’unité franco-allemande sur ce dossier contraste avec les divisions européennes observées ces derniers mois sur d’autres sujets. Les deux dirigeants ont d’ailleurs annoncé qu’ils s’entretiendront chacun « ce week-end » avec Donald Trump pour coordonner leurs positions.
De nouvelles sanctions en préparation
Concrètement, Paris et Berlin comptent intensifier la pression économique sur Moscou. « Nous continuerons d’exercer la pression pour que des sanctions supplémentaires soient prises par nous-mêmes, et nous y sommes prêts, mais aussi par les États-Unis d’Amérique pour forcer la Russie à revenir autour de la table des discussions », a précisé Emmanuel Macron.
Friedrich Merz s’est montré plus spécifique, évoquant notamment le secteur énergétique russe : « En ce moment, les États-Unis discutent intensément d’autres taxes douanières, je serais très favorable à ce que le gouvernement américain prenne cette décision et l’applique également à d’autres pays dont le gaz et le pétrole financent une grande partie de l’économie de guerre russe ».
Washington relativise les critiques
« Le président Poutine s’était engagé auprès du président Trump à rencontrer son homologue ukrainien », a rappelé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse commune. Mais à trois jours de l’échéance fixée à lundi, force est de constater que cette rencontre bilatérale ne se matérialisera pas. « Je crois qu’une fois encore, ça voudra dire que le président Poutine se sera joué du président Trump », a lancé le chef de l’État français, « et ça ne peut pas rester sans réponse ».
Cette analyse sévère fait écho aux frustrations européennes face aux tentatives de médiation américaines. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump avait fait de la résolution du conflit ukrainien une priorité, promettant même de mettre fin à la guerre en 24 heures. La réalité diplomatique semble plus complexe que prévu.
Du côté américain, on minimise les tensions. Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, a qualifié d' »absurde » l’idée que Trump soit manipulé par Poutine. Il a rappelé que la priorité présidentielle restait de « mettre fin aux tueries en Ukraine », soulignant que les États-Unis « ne sont pas un belligérant dans cette guerre ».
Une haute responsable de la Maison Blanche a par ailleurs indiqué à l’AFP que Donald Trump « continue à travailler avec des responsables ukrainiens et russes en vue d’une rencontre bilatérale » pour « arrêter la guerre ».
L’urgence humanitaire en toile de fond
Cette escalade diplomatique intervient dans un contexte particulièrement tendu. Les bombardements massifs sur Kiev dans la nuit de mercredi à jeudi ont fait au moins 25 morts, dont quatre enfants, rappelant l’urgence humanitaire de la situation. Volodymyr Zelensky avait d’ailleurs appelé la veille les dirigeants européens à « maintenir la pression » lors d’une visioconférence.
Face à cette réalité, Friedrich Merz se montre réaliste quant à la durée du conflit : « Cette guerre pourrait encore durer de nombreux mois. Nous devrions en tout cas nous y préparer. Nous sommes prêts ».
En attendant, l’axe franco-allemand maintient sa « Coalition des volontaires » – une trentaine de pays prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine post-conflit. Une réunion est prévue la semaine prochaine pour préciser ces engagements.
Dans l’immédiat, Paris et Berlin ont annoncé leur intention de fournir davantage de systèmes de défense antiaérienne à l’Ukraine, réponse directe aux « frappes russes massives » de ces dernières semaines. Un signal clair que l’Europe ne compte pas baisser les bras face à l’intransigeance russe.
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