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Dette : l’agence Fitch sanctionne la France

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Toulouse le 18 mars 2025, un écran affiche le logo de l'agence de notation Fitch Ratings et les signes des notes utilisées par les agences de notation.

Photo: LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

L’agence de notation Fitch a annoncé vendredi soir la dégradation de la note souveraine de la France à A+, invoquant une instabilité politique persistante et des incertitudes budgétaires qui freinent le redressement de comptes publics déjà très dégradés.

Cette décision intervient quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la nomination d’un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, le troisième en un an. Elle ouvre le cycle des révisions d’automne des agences de notation.

« Instabilité » politique

Dans son communiqué, Fitch souligne la « fragmentation et la polarisation croissante » de la vie politique française. Selon l’agence, « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ».

Elle juge désormais improbable de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB en 2029, contrairement à l’objectif affiché par le gouvernement sortant.

Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a déclaré prendre « acte » de la décision.
Pour François Bayrou, qui n’a cessé de dénoncer la colossale dette française, « un pays que ses ‘élites’ conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix ».
À l’opposé, Éric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances de l’Assemblée, estime que cette dégradation résulte de « deux mois (d’)un discours catastrophiste sur la situation financière du pays ».

Le défi du budget 2026

Nommé mardi à Matignon, Sébastien Lecornu doit présenter rapidement un budget 2026 susceptible d’éviter une censure parlementaire. Le Parti socialiste, en position de force, réclame notamment le retour sur la réforme des retraites et l’instauration d’une taxe Zucman sur les très hauts patrimoines.

Le Premier ministre a également engagé des consultations avec les partenaires sociaux, dans un climat tendu marqué par l’annonce d’une journée intersyndicale de mobilisation le 18 septembre.

Des objectifs budgétaires remis en cause

Fitch estime que les discussions sur le budget réduiront l’effort d’économies envisagé par François Bayrou, fixé à 44 milliards d’euros. L’agence projette un déficit au-delà de 5 % du PIB en 2026 et 2027, contre une prévision gouvernementale de 4,6 % l’an prochain.

La France perd ainsi un cran, passant de AA- à A+, mais avec une perspective stable.

Une dette en hausse, sans perspective de stabilisation

Les finances publiques françaises figurent parmi les plus dégradées de la zone euro. Fin mars, la dette représentait 113,9 % du PIB, soit 3 345,4 milliards d’euros, et le déficit était attendu à 5,4 % en 2025.
Fitch prévoit un endettement atteignant 121 % du PIB en 2027, « sans horizon clair de stabilisation » après l’élection présidentielle, avec toujours le risque d’un blocage politique.

L’agence a salué le désendettement du Portugal et, de son côté, S&P Global a relevé la note de l’Espagne, mettant en avant son dynamisme économique.

Hausse attendue de la charge de la dette

Le déclassement fait passer la France d’une qualité de dette jugée « bonne ou haute » à une catégorie « moyenne supérieure ». Cela pourrait pousser certains investisseurs à vendre leurs titres et faire grimper les taux d’emprunt.

La charge de la dette, déjà estimée à 55 milliards d’euros en 2025, risque donc d’augmenter. Depuis la dissolution de juin 2024, les taux français se négocient déjà à des niveaux bien plus élevés que ceux de l’Allemagne, et ont même dépassé un temps ceux de l’Italie.

Mais, relativise Lucile Bembaron, économiste chez Asterès : « Ce qui compte réellement, c’est la trajectoire des finances publiques et la capacité de l’État à tenir ses engagements. Les marchés ont déjà tiré leurs conclusions, là où les notations semblent avoir un train de retard. »

Cet abaissement, le deuxième en deux ans après celui d’avril 2023, pourrait annoncer une réaction similaire des deux autres grandes agences : Moody’s le 24 octobre et S&P le 28 novembre.

Avec AFP