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Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy à la Santé : quand la République emprisonne son ancien président

"Nicolas, reviens vite": une centaine de personnes se sont rassemblées tôt mardi matin devant le domicile de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour le "soutenir" avant son départ pour la prison de la Santé.

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Alors que son cortège officiel part avec les services de sécurité pour la prison parisienne de La Santé, Nicolas Sarkozy salue la foule depuis sa voiture à Paris, le mardi 21 octobre 2025.

Photo: LAURENT CARON/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Paris se réveille sous tension ce matin. Dès 5h30 GMT, les forces de l’ordre déploient un impressionnant cordon de sécurité autour de la villa Montmorency, cette enclave exclusive du XVIe arrondissement où réside Nicolas Sarkozy. Les rues adjacentes sont bouclées, transformant ce quartier paisible en zone ultra-surveillée. L’ancien locataire de l’Élysée s’apprête à franchir le seuil de sa résidence pour une destination impensable : la prison de la Santé.

Un moment historique

À cette heure matinale, seule une poignée de fidèles ont déjà pris position. Ils répondent à l’appel lancé quelques jours auparavant sur les réseaux sociaux par Louis, l’un des fils de l’ancien chef d’État. Les équipes de journalistes, venues du monde entier, sont même plus nombreuses que les partisans. Tous attendent le moment historique où un ancien président de la République française rejoindra une cellule de détention.

Une mobilisation émue des soutiens

Marie-Joséphine Paysa, octogénaire parisienne qui se définit comme « de droite depuis toujours », a quitté son domicile avant le lever du soleil. Son objectif : manifester son indéfectible soutien. Prya Martin, 62 ans, a parcouru la banlieue depuis 6h30 du matin, déterminée à ne pas manquer ce rendez-vous crucial.
Au fil des minutes, le rassemblement grossit devant les grilles ornées de deux drapeaux tricolores. Sur l’un d’eux, un message poignant : « Courage Nicolas, reviens vite ». Les partisans brandissent des étendards français tandis que résonnent les cris : « Nicolas président ! », « Nicolas à l’Élysée! ». Certains nostalgiques ont même apporté son portrait officiel soigneusement encadré, comme une relique d’un temps révolu.

« La Marseillaise » en guise de protestation

À 8h30, ils sont désormais une centaine, majoritairement des seniors aux cheveux grisonnants. L’hymne national retentit à intervalles réguliers, porté par des voix chargées d’émotion. Des militants distribuent des tee-shirts à l’effigie de « Sarko », frappés d’un slogan énigmatique : « La fin de l’histoire n’est pas écrite… ».
Parmi cette foule bigarrée se distinguent plusieurs figures de la droite française : l’ancien député européen Gérard Longuet, les ex-parlementaires Christian Jacob et Henri Guaino, ou encore Frédéric Péchenard, ancien patron de la police nationale. Leur présence témoigne de la persistance des fidélités politiques, même dans l’adversité.

Un sentiment d’injustice partagé

Les larmes coulent sur de nombreux visages. Un habitant du XVIe arrondissement, la voix brisée, dénonce ce qu’il qualifie de « procès politique » ayant abouti à une condamnation de cinq ans de prison ferme dans l’affaire libyenne. Cette vision est largement partagée parmi les manifestants qui vilipendent une décision judiciaire « injuste » et « inadmissible », accusant la France d’être « gouvernée par des petits juges ».
« On est en Union soviétique ! », s’insurge même un protestataire, poussant la comparaison à son paroxysme. Valérie Ghibeaux, 66 ans, exprime son amertume : « Cette incarcération n’apporte rien, si ce n’est humilier Nicolas Sarkozy et déshonorer notre pays ». Flora Amanou, 41 ans, résume le sentiment ambiant : « C’est une journée sombre pour la France ».

L’ultime au revoir

Vers 9h10, le moment redouté arrive. Les enfants de l’ancien président — Jean, Louis et Giulia — sortent les premiers. Puis Nicolas Sarkozy apparaît, le visage grave, vêtu d’une chemise et d’un blazer sombre. Main dans la main avec Carla Bruni, entièrement habillée de noir, il s’avance d’un pas mesuré vers ses partisans. Il embrasse ses enfants, étreint longuement son épouse sous les objectifs des photographes.
Un dernier salut à la foule, puis il disparaît dans le véhicule sous une salve d’applaudissements et d’acclamations. Direction : la prison de la Santé, située à une dizaine de kilomètres.

Derrière les murs de la Santé

Le convoi pénètre dans l’enceinte pénitentiaire peu avant 9h40. Ironie du sort, des surveillants ont manifesté à l’aube même devant cet établissement pour dénoncer la surpopulation carcérale chronique. Les lourdes portes se referment sur l’ancien président.
Depuis les hauteurs de la prison, quelques sifflets accueillent le nouveau détenu. « Y’a Sarkozy », crie un prisonnier. Un autre lance avec une pointe d’ironie : « Oh ! Bienvenue Sarkozy ! ». Derrière ces murs épais commence un nouveau chapitre, improbable et inédit, de l’histoire politique française.
Avec AFP