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Claude Chollet : « Décrire le réel pourra être considéré comme un discours de haine »

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Photo: Crédit photo Claude Chollet

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Durée de lecture: 5 Min.

ENTRETIEN – Le 9 juillet, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a annoncé le lancement d’une coalition d’associations soutenue financièrement par l’État pour lutter contre la haine en ligne. Parmi les associations, on trouve notamment la Fédération LGBTI+, SOS homophobie, Osez le féminisme, le Planning Familial et SOS racisme. Elles travailleront directement avec l’Arcom.
Claude Chollet est président de l’Observatoire du journalisme (Ojim). Il déplore le financement public d’un collectif d’associations qui jouera, selon lui, le rôle d’une police de la pensée.
Epoch Times : Quelle est votre réaction aux annonces d’Aurore Bergé ?
Claude Chollet : Je crois que nous sommes en plein dans l’organisation du financement d’un système de délation. Grâce à l’argent public, ces associations pourront recruter des personnes chargées de lutter contre la « haine en ligne ». Il s’agit d’une vraie police de la pensée directement financée par l’État.
Par ailleurs, la plupart des associations qui forment cette coalition sont marquées à gauche voire à l’extrême gauche, à l’exception du CRIF qui est plus neutre politiquement.
Prenez par exemple la Fédération LGBTI + qui a appelé en juin 2024 à « battre le RN » et à « voter contre la haine et pour nos droits LGBTI + » ou encore Osez le féminisme qui estimait en 2022 que « l’extrême droite » était « incompatible avec les droits des femmes » pour ne citer qu’elles ! Une coalition très idéologique en somme.
Mais je pense qu’Aurore Bergé a annoncé la création de cette coalition pour faire oublier son passé politique à l’UMP et se faire bien voir auprès de ces organismes de gauche et d’extrême gauche.
Pour vous, nous plongeons donc davantage dans un climat de censure avec ce dispositif ?
C’est l’objectif de ce collectif d’associations. Je dirais même que le réseau social X est particulièrement visé. Après le rachat d’Elon Musk, X est devenu un espace de liberté et cela n’a pas plus à un certain monde qui, aujourd’hui, contre-attaque.
Je ne suis pas opposé à la régulation en ligne, qui est parfois nécessaire, mais là, nous allons trop loin.
Mais ne soyons pas dupes. Aujourd’hui, le bloc central se sait fragile et entend utiliser cyniquement ce dispositif lors des prochaines élections.
Cependant, revenons en arrière. Ce climat de censure ne date pas d’hier. Il remonte à l’arrivée en 2016 du terme « fake news ».
À cette époque, ce concept fait son apparition parce qu’une série d’événements qui a déplu à la presse « mainstream » s’est produite : le Brexit, la montée de Matteo Salvini en Italie et la première élection de Donald Trump.
Certains journalistes créent donc cette expression avec deux objectifs bien précis : d’abord, déculpabiliser la presse bien-pensante, puis censurer ces « fake news » pour que le peuple, à l’avenir « vote mieux ». Et aujourd’hui, nous sommes dans la continuité de cet état d’esprit.
Peut-on estimer que la notion de contenus haineux reste assez floue aujourd’hui ?
Oui tout à fait. Décrire le réel pourra être considéré comme un discours de haine. Aurons-nous le droit de dire que l’immigration n’est pas une chance pour la France et l’Europe ? Ou qu’il y a une surreprésentation des immigrés extra-européens dans les actes de violence aujourd’hui en France ? La question se pose.
Y a-t-il un risque que des journalistes et des citoyens soient directement pris pour cible et ne puissent plus exprimer certaines opinions ?
C’est déjà le cas au Royaume-Uni. De simples citoyens ont été condamnés à de lourdes peines (trois ans ferme) et emprisonnés après la publication de tweets. Il n’est donc pas exclu que cela se produise en France.
Aurore Bergé qualifie la lutte contre la « haine en ligne » d’« enjeu démocratique majeur »…
C’est l’inconscient qui parle. Au fond, il s’agit pour elle et le monde qu’elle représente de remporter les futures échéances électorales.
Comme je le disais, le bloc central et le monde libéral-libertaire de manière plus générale est inquiet pour sa survie politique et quand on est inquiet, on a tendance à se durcir et à se rétracter. Les annonces d’Aurore Bergé sont révélatrices de cette inquiétude.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.