Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

Chute de la natalité : « Le féminisme a voulu détourner les femmes de la maternité pour soi-disant les libérer », selon Eve Vaguerlant

ENTRETIEN – La chute de la natalité continue. Au mois de juillet, l’Insee indiquait qu’au premier semestre 2025, 317.340 bébés étaient nés contre 326.401 au premier semestre de l’année précédente. L’organisme dressait déjà un constat alarmant en janvier dans le bilan démographique de l’année 2024. L’indicateur conjoncturel de fécondité avait atteint 1,62 enfant par femme, soit son niveau le plus bas de la fin de la Première Guerre mondiale.

top-article-image

Photo: Crédit photo : Eve Vaguerlant

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

Eve Vaguerlant est enseignante, docteure en lettres modernes, auteur de plusieurs ouvrages, en dernier lieu L’effacement des mères : Du féminisme à la haine de la maternité. L’individu triomphant n’a pas envie de s’encombrer d’un enfant, qu’il considère comme une contrainte, explique-t-elle.
Epoch Times – La chute de la natalité s’est poursuivie au premier semestre 2025. Cette baisse est-elle partie pour durer ?
Eve Vaguerlant – Oui, la baisse est systématique. Chaque année, nous battons de nouveaux records.
L’Insee indiquait au mois de janvier que le nombre de naissances était passé sous le seuil des 700.000 en 2024, un niveau jamais atteint depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mais la situation est d’autant plus inquiétante aujourd’hui que nous ne sortons pas d’un conflit mondial.
Même si les facteurs sont multiples, cette chute de la natalité n’est pas sans lien avec la hausse du nombre d’avortements. 250.000 femmes ont eu recours à l’IVG l’année dernière. Un autre triste record battu …
Y a-t-il eu, selon vous, une banalisation de l’avortement ?
Au regard des chiffres, on peut effectivement affirmer que cet acte a été entièrement banalisé.
En mettant en relation la hausse du nombre d’avortements et la chute de la natalité, on constate qu’ils traduisent ensemble une évolution de la société vers un modèle déchristianisé et très individualiste.
Au fond, une société dans laquelle l’enfant et la famille ne sont plus du tout sacrés, et où l’individu triomphant n’a pas envie de s’encombrer d’un enfant, considéré comme une contrainte.
Dans le documentaire « Adieu les bébés : pourquoi les femmes françaises, ne font-elles plus d’enfants ? » réalisé par la journaliste de Frontières Louise Morice, vous expliquez que cette baisse de la natalité a notamment pour origine le « rejet, complet, définitif et radical de l’enfant », qui est lui-même l’aboutissement de « décennies de féminisme ». À votre avis, cette chute de la natalité est-elle surtout due à l’idéologie féministe ou aux contraintes économiques ?
Le premier facteur est aussi important que le deuxième. Je dirais même que l’un est la conséquence de l’autre.
Actuellement, les conditions matérielles qui font qu’il est difficile d’élever correctement un enfant sont le résultat de décennies de politiques familiales désastreuses et de mépris de la structure familiale traditionnelle par l’idéologie féministe.
Le féminisme, dont beaucoup de choix politiques se sont inspirés, a voulu détourner les femmes de la maternité pour soi-disant les « libérer » ou les « émanciper », et cela a été destructeur pour la vie familiale.
Diriez-vous que le sujet n’a jamais été pris au sérieux par les gouvernements de droite, de gauche ou macronistes ces vingt dernières années ?
C’est le moins que l’on puisse dire. Nous attendons toujours le « réarmement démographique » promis par Emmanuel Macron en 2024. Mais à mon avis, il ne verra jamais le jour.
Et malheureusement, dès qu’un gouvernement ou un parti politique propose une vraie politique familiale, des militantes et responsables politiques féministes crient au scandale et sombrent dans la caricature. Elles vont par exemple affirmer qu’il y a une volonté de « renvoyer les femmes à la cuisine » ou de les « contraindre à avoir des enfants ».  « Lâchez nos utérus », avait même lancé la députée écologiste Sandrine Rousseau à l’Assemblée nationale en 2023. Le débat autour de ce sujet majeur a été rendu difficile voire impossible.
Quelles pistes proposeriez-vous pour relancer la natalité ?
Je pense qu’il y a d’abord un combat à mener sur le plan des idées.
Ensuite, il faut mettre en œuvre des politiques natalistes dignes de ce nom. Elles ont évidemment leurs limites, mais ont prouvé leur efficacité dans certains pays. Je pense à l’allongement du congé maternité ou encore, faire en sorte que l’accès à la crèche soit un droit comme l’inscription à l’école. Chaque enfant devrait avoir une place.
La grossesse doit également être mieux prise en charge. Aujourd’hui, les soins liés à la grossesse sont moins bien remboursés que les soins liés à l’avortement. C’est quand même extraordinaire !
La France pourrait aussi s’inspirer d’un dispositif adopté cette année par le Parlement hongrois consistant à exempter à vie d’impôts les mères de deux enfants et plus.
C’est une mesure plus pertinente que le système d’allocations français actuel, qu’il faudrait d’ailleurs revoir entièrement.
Lorsqu’il était président, François Hollande avait supprimé l’universalité des allocations familiales en introduisant une modulation selon les revenus.
Or, les allocations ne devraient pas être distribuées en fonction des revenus, mais à toutes les familles, quelles qu’elles soient.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.