Cessez-le-feu fragilisé à Gaza après la restitution de corps non identifiés par le Hamas, Israël frappe à nouveau
Le fragile cessez-le-feu à Gaza a été de nouveau ébranlé samedi, marqué par la restitution par le Hamas de trois corps ne correspondant pas à ceux des otages enlevés le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste, tandis que l’armée israélienne intensifiait ses frappes sur le territoire palestinien.

Des soldats israéliens sont postés le long de la clôture frontalière avec Gaza, tandis que l’on aperçoit les destructions dans l’enclave palestinienne, le 30 octobre 2025.
Photo: JACK GUEZ/AFP via Getty Images
Autour de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, des tirs de l’armée israélienne et des frappes aériennes ont résonné, selon une source sécuritaire à Gaza.
Une source militaire israélienne avait déjà précisé, vendredi soir lors de la remise des corps, qu’il ne s’agissait probablement pas des otages recherchés.
La colère monte côté israélien
Cet épisode, énième rebondissement depuis le cessez-le-feu instauré le 10 octobre, intervient alors que la population israélienne exprime son agitation et son exaspération face aux retards successifs dans la restitution des dépouilles des otages. Le gouvernement israélien accuse le Hamas d’enfreindre les termes de l’accord de trêve, tandis que les familles des personnes enlevées réclament des mesures plus fermes envers le mouvement palestinien pour le contraindre au respect de ses engagements.
À deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a riposté par des bombardements massifs sur Gaza après des tirs ayant coûté la vie à trois soldats. Le 19 octobre, ces frappes avaient fait au moins 45 morts, et mardi, 104, selon des sources palestiniennes.
Les modalités d’un échange difficile
Le Hamas a jusqu’à présent remis les dépouilles de 17 des 28 otages décédés, conformément à un accord de trêve négocié par les États-Unis avec Israël. Parmi ces corps restitués figurent 15 Israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.
Aux termes de l’accord négocié sous l’égide américaine, Israël remet pour chaque otage israélien restitué, quinze corps de Palestiniens décédés lors du conflit, soit un total de 225 corps jusqu’ici.
La situation humanitaire et sécuritaire reste alarmante dans la bande de Gaza. « La nuit dernière, j’ai entendu plusieurs fois des coups de feu provenant des forces d’occupation. Nous n’avons ni nourriture ni eau pour boire ou nous laver. La situation est critique. La trêve a commencé, mais la guerre n’est pas terminée », témoigne à l’AFP Hisham al-Bardai, père de famille de 37 ans. Pour Sumaya Daloul, 27 ans, la vie s’est figée : « La mort est préférable à la vie. Nous n’avons ni argent, ni travail, ni nourriture, ni eau, ni électricité, ni internet », confie-t-elle.
Le directeur général du Bureau gouvernemental des médias à Gaza, Ismail Al-Thawabteh, rapporte qu’il « reste 20.000 engins explosifs non explosés issus de la guerre et de l’occupation dans diverses zones de la bande de Gaza ».
Sur le plan diplomatique, la Jordanie et l’Allemagne ont appelé samedi à ce qu’une force internationale, destinée à soutenir une future police palestinienne dans le cadre du plan de gouvernance post-conflit du président américain Donald Trump, soit investie d’un mandat des Nations unies.
La force dite « de stabilisation internationale » (ISF) est censée former et appuyer les policiers palestiniens sélectionnés, avec le concours de l’Égypte et de la Jordanie. Ce dispositif vise également à sécuriser les frontières et à prévenir la contrebande d’armes vers le Hamas.
La Turquie accueillera lundi à Istanbul une réunion des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays musulmans pour soutenir le plan de paix américain concernant Gaza.

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