Opinion
Ce que l’Occident peut apprendre de Javier Milei

Le président argentin Javier Milei arrive pour prendre la parole lors de la conférence annuelle CPAC à Oxon Hill, dans le Maryland, le 22 février 2025.
Photo: Madalina Vasiliu/Epoch Times
Javier Milei, économiste libertaire qui préside l’Argentine depuis un an et demi, mérite davantage de publicité en Occident. Je soupçonne que sa couverture médiatique inadéquate s’explique par le fait que ses politiques sont un anathème pour la ligne de pensée progressiste. Ce manque de couverture est bien regrettable, car les actions du président argentin pourraient nous servir de leçons précieuses. (Voici une vidéo d’une demi-heure qui présente M. Milei et ses politiques.)
Le président argentin pourrait facilement servir de figure emblématique pour de nombreuses administrations gouvernementales qui parlent de réformes. Il est célèbre pour brandir une tronçonneuse lors de ses apparitions publiques en prônant une réduction drastique des dépenses de l’État. Et, en réalité, il a utilisé une tronçonneuse symbolique pour attaquer le budget national argentin. Javier Milei a réduit le nombre de ministères en Argentine de 18 à 8 et a licencié près de 10 % des fonctionnaires. Il a réduit les dépenses de l’État de 31 % – soit environ de 10 % du PIB du pays. Si on compare cela avec la situation au sein de la première puissance occidentale – les États-Unis – une réduction de 31 % des dépenses publiques américaines représenterait plus de 2100 milliards de dollars, tandis qu’une réduction de 10 % du PIB équivaudrait à plus de 2700 milliards de dollars.
Alors, que s’est-il passé en Argentine à la suite des coupes budgétaires massives du président Milei ? L’économie s’est-elle effondrée ? Pas du tout. Le PIB a augmenté de 7,6 % au deuxième trimestre et le gouvernement affiche un excédent budgétaire pour la première fois depuis 14 ans. Si seulement le président américain Donald Trump pouvait obtenir la moitié du succès de son homologue argentin en matière de réduction des dépenses publiques !
L’importance des réalisations de M. Milei réside dans le fait qu’il a mis fin à un vieux dogme keynésien qui a entravé l’économie de nombreux pays occidentaux depuis bien longtemps. Prenons de nouveau l’Amérique comme exemple : tout au long des années 1930, d’abord sous le président Herbert Hoover, puis sous Franklin Roosevelt, le gouvernement américain a multiplié les déficits publics afin de sortir le pays de la Grande Dépression déclenchée fin 1929. De toute évidence, l’augmentation de la dette fédérale et les interventions dans divers secteurs de l’économie n’ont pas fonctionné.
Au milieu de la décennie, en décembre 1935, le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes a publié son ouvrage « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » dans lequel il disait, en fait, à l’administration de Franklin D. Roosevelt : « Vous faites ce qu’il faut. Continuez à dépenser ! » M. Roosevelt a suivi le conseil de l’économiste, et la dépression a persisté encore cinq ans.
Ceci a eu deux effets pernicieux à long terme. (1) Les économistes ont compris que le gouvernement n’était pas intéressé par les solutions de libre marché. Il recherchait plutôt un soutien intellectuel pour l’intervention gouvernementale, et pour se faire connaître en tant qu’économiste, il était utile de donner une couverture intellectuelle aux politiciens qui voulaient être perçus comme « actifs ». (2) L’intervention gouvernementale, y compris le déficit budgétaire, est devenue un phénomène politique incontournable. Comme Barack Obama l’a formulé en janvier 2009, « seul l’État peut » sortir un pays de la récession. Le problème avec cette affirmation est le fait qu’elle est complètement fausse.
Les récents événements en Argentine ont prouvé au monde qu’une économie peut connaître une croissance vigoureuse malgré une réduction drastique des dépenses publiques. Et l’histoire américaine en offre aussi un exemple similaire. Presque dix ans avant le début de la Grande Dépression, les États-Unis ont connu une autre dépression dévastatrice. Largement oubliée aujourd’hui, la dépression de 1920-1921 a été aussi brutale, rapide et grave que n’importe quelle crise économique de l’histoire américaine. Le PIB a chuté de 23,9 % et le chômage a bondi de plus de 10 % en une seule année, atteignant 14 % en 1921.
Quelle a été la réponse politique du gouvernement à cette grave dépression ? Le président nouvellement élu, Warren Harding, a réduit les dépenses fédérales de près de moitié pour les ramener de 6,3 milliards de dollars dans le budget de 1920 à 3,3 milliards de dollars en 1922. Il a réduit également les taux d’imposition sur le revenu, laissant une plus grande part de la richesse du pays au secteur privé. Il a abaissé le taux d’imposition le plus élevé de 73 % à 58 %. Et le taux de chômage est tombé de 14 % en 1921 à 6,7 % en 1922, puis à 2,4 % en 1923. La production industrielle a bondi de 27,3 % en 1922 et, en quelques années seulement, le PIB a progressé de 60 %. Warren Harding a présidé lors de l’une des plus grandes réussites économiques de l’histoire américaine.
Gardez cela à l’esprit lorsque vous lirez une de ces estimations d’historiens qui classent systématiquement Warren Harding – dont la politique économique a été la plus réussie du XXe siècle – parmi les pires présidents américains, tandis que Franklin D. Roosevelt, dont la politique de dépenses déficitaires a provoqué des années de stagnation et de misère, figure parmi les meilleurs. C’est de l’aveuglement idéologique.
Les historiens « progressistes » croient fermement en Big Government (Grand gouvernement) ; ainsi, M. Roosevelt, un fervent défenseur du Big Government, est adulé (bien que ses politiques aient paralysé l’économie), tandis que M. Harding, qui a évité l’intervention de l’État et choisi de faire confiance au libre marché, est vilipendé (bien que ses politiques aient conduit à une prospérité fulgurante).
La gestion de la dépression de 1920-1921 par le président Harding ainsi que les succès politiques actuels du président Milei, en Argentine, devraient porter un coup de poignard en plein cœur du dogme keynésien selon lequel le déficit public est le remède aux dépressions économiques.
Réduire le gouvernement et ficher la paix au peuple – voilà ce qui fonctionne. Mais ne vous attendez pas à ce que la plupart de nos classes « intellectuelles » et politiques acceptent cette leçon. Leur foi obstinée (et égoïste) dans un Big Government ne cédera pas aux simples faits.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Mark Hendrickson, économiste, a récemment pris sa retraite de la faculté du Grove City College, où il est diplômé de politique économique et sociale à l'Institut pour la foi et la liberté. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur des sujets aussi variés que l'histoire économique américaine, les personnages anonymes de la Bible, les inégalités et le changement climatique, entre autres.
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