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Sécurité sociale

Budget de la Sécurité sociale 2026 : la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme

La Cour des comptes n'a pas mâché ses mots lundi en présentant son analyse du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Pierre Moscovici, président de l'institution, a qualifié ce budget d'"ambitieux, très fragile, très vulnérable, et presque d'une certaine façon hypothétique". Des termes qui en disent long sur les doutes pesant sur la trajectoire financière présentée par le gouvernement.

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Un rapport lors de l'examen du projet de loi sur le financement de la sécurité sociale à la commission des affaires sociales, dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État pour 2026 à l'Assemblée nationale , à Paris, le 27 octobre 2025.

Photo: STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

L’objectif affiché est de ramener le déficit de la Sécurité sociale à 17,5 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards attendus pour 2025 et 15,3 milliards constatés en 2024. Une réduction significative qui nécessite des efforts considérables dans un contexte où aucune crise économique majeure ne justifie l’ampleur du déséquilibre actuel.

Des économies jamais réalisées depuis dix ans

Le projet repose sur une contrainte budgétaire inédite : limiter la hausse des dépenses d’assurance maladie à seulement 1,6%. Selon Pierre Moscovici, une telle frugalité n’a pas été observée depuis 2015-2016. Cette ambition soulève des interrogations légitimes sur sa faisabilité concrète, particulièrement dans un système de santé sous tension.
La Cour des comptes multiplie les avertissements depuis plusieurs mois sur la dégradation préoccupante des finances sociales. L’institution insiste sur le caractère anormal de cette situation, survenant en dehors de tout contexte de crise qui pourrait justifier de tels déficits.

Le Parlement rebat les cartes

Les débats parlementaires, qui s’ouvrent mardi à l’Assemblée nationale, risquent de bouleverser l’édifice budgétaire. Pierre Moscovici n’a pas caché ses inquiétudes : « Si le débat parlementaire tourne d’une certaine façon, on pourrait même assister à un maintien, voire une augmentation du déficit ». Un scénario catastrophe qui compromettrait l’ensemble des objectifs fixés pour les finances publiques françaises.
Le gouvernement avait initialement prévu des mesures très contestées, notamment le gel de l’indexation des retraites et prestations sociales sur l’inflation, ainsi que le doublement des franchises médicales. Ces dispositions devaient générer plusieurs milliards d’économies, dont 2,5 milliards pour la seule non-revalorisation des pensions.

Des revirements qui creusent le trou

Face à la fronde parlementaire, le Premier ministre Sébastien Lecornu a déjà cédé sur plusieurs points cruciaux. Vendredi soir, il a annoncé l’abandon de la mesure sur les retraites, privant ainsi le budget de 2,5 milliards d’euros d’économies. Le chef du gouvernement s’est également déclaré ouvert à « desserrer un tout petit peu la pression » sur les hôpitaux, déjà confrontés à des difficultés financières chroniques.
Ces reculs successifs fragilisent encore davantage un équilibre budgétaire déjà précaire. Sans compensation, ils risquent de maintenir le déficit à des niveaux insoutenables, menaçant la crédibilité de la France dans sa gestion des comptes publics. La Cour des comptes aura l’occasion de rappeler ces enjeux tout au long des débats parlementaires qui s’annoncent houleux.
Avec AFP