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Pacte vert européen et Budget 2026 : les Français vont payer de plus en plus cher leur taxe d’enlèvement des ordures ménagères

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Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Les Français risquent de voir une nouvelle ligne salée s’ajouter à leur feuille d’impôts locaux dès l’an prochain. Dans le projet de loi de finances pour 2026, présenté cette semaine par le gouvernement de Sébastien Lecornu, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) va considérablement augmenter dans les années à venir.
En cause : la hausse programmée de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), l’explosion des coûts de traitement des déchets et l’effort budgétaire imposé aux collectivités locales dans le cadre du redressement des finances publiques.
Les associations de maires et les syndicats de traitement des déchets tirent la sonnette d’alarme : selon eux, la facture pourrait grimper de 10 % à 15 % d’ici 2026 dans certaines zones urbaines, avant de s’envoler jusqu’en 2030.
Derrière ces hausses se cache une triple équation : obligations européennes en matière de recyclage, désengagement progressif de l’État, et hausse continue des coûts supportés par les communes. Comme le résume un élu local : « On demande aux collectivités de payer la transition écologique sans moyens supplémentaires. »

Une hausse inédite jusqu’en 2030

Présenté le 14 octobre, le budget 2026 prévoit une majoration progressive de la TGAP, qui pèse sur les installations d’enfouissement et d’incinération.
Actuellement fixée à 65 euros par tonne, elle passera à 105 euros en 2030, soit une hausse de 62 %. Certes, cette taxe vise à inciter au tri et à la réduction des déchets, mais elle est répercutée en chaîne sur les collectivités, puis sur les habitants via la TEOM.
Concrètement, les ménages verront cette taxe apparaître ou augmenter fortement sur leur avis de taxe foncière. Les propriétaires, redevables légaux, la répercutent souvent sur leurs locataires.
Selon FranceInfo, la dépense moyenne atteint déjà 144 euros par habitant, en hausse de 20 % en cinq ans. Les projections du ministère de la Transition écologique évoquent un surcoût national compris entre 240 et 450 millions d’euros d’ici 2030.

Un effet domino pour les collectivités

Cette explosion de la TGAP arrive dans un contexte de forte tension sur les budgets locaux. Le gouvernement demande aux collectivités de contribuer à hauteur de 4,7 milliards d’euros au redressement des finances publiques.
Pour absorber cette ponction et compenser la hausse de leurs dépenses incompressibles – traitement des déchets, services publics, voirie – nombre d’entre elles prévoient d’augmenter leurs taxes locales.
« Nous sommes pris en étau : d’un côté, des obligations européennes de recyclage toujours plus strictes ; de l’autre, une baisse des dotations nationales », dénonce François Sauvadet, porte-parole de l’Assemblée des départements de France.
À Marseille, Lyon ou Nantes, les élus alertent déjà sur une explosion de la contribution des ménages à la gestion des déchets dès 2026.

Les particuliers priés de payer la transition

Le discours gouvernemental assume cette logique : « Nous devons responsabiliser chacun », a déclaré Sébastien Lecornu lors de la présentation du budget.
Concrètement, plus les citoyens produisent de déchets non recyclés, plus leur facture augmente. Cette fiscalité dite « incitative » s’inscrit dans une perspective écologique mais se traduit, pour les foyers, par une hausse directe de leur contribution.
Selon les préfectures, la TEOM représentera en moyenne 8 % à 10 % de la taxe foncière dès l’an prochain.
La mesure s’appliquera de manière différenciée : les territoires ruraux, où les coûts de collecte sont plus élevés, seront les plus touchés. À Lille, l’intercommunalité prévoit déjà une hausse de 12 % pour 2026. À Paris, le syndicat Syctom chiffre à 60 millions d’euros la charge supplémentaire engendrée par la hausse de la TGAP.

Une taxe jugée « injuste »

Cette évolution suscite un vif mécontentement. L’Association des maires de France dénonce une taxe « injuste et inefficace », qui frappe indistinctement tous les foyers. Les partisans de la réforme rétorquent que ces hausses permettront à la France de réduire l’enfouissement des déchets et de se conformer aux objectifs européens.
Mais sur le terrain, beaucoup d’élus locaux redoutent une fronde des contribuables, déjà éprouvés par le retour de l’inflation et la progression de la taxe foncière.
Selon le Pacte Vert européen, à l’horizon 2030, la France devra réduire de 50 % la part des déchets enfouis et incinérés, mais aucun mécanisme clair de compensation n’est prévu pour les collectivités. Les fonds récoltés par la TGAP alimenteront en partie le budget européen, pour compenser l’insuffisance française en matière de recyclage – et non les budgets locaux.
Face à ce déséquilibre, plusieurs sénateurs évoquent la nécessité d’un « fonds vert déchets » pour soutenir les territoires fragilisés. D’autres demandent un moratoire sur la hausse de la TGAP, jugée insoutenable pour les ménages les plus modestes.
L’exécutif, lui, reste inflexible : la trajectoire écologique doit être respectée, quel qu’en soit le prix. Et pour les Français, ce prix s’affichera bientôt noir sur blanc sur leur prochain avis d’imposition.