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Assassinat de Mehdi Kessaci

Assassinat de Mehdi Kessaci : pour son frère Amine, « comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ? »

Au lendemain des funérailles de Mehdi, son frère de 20 ans assassiné en plein jour à Marseille, Amine Kessaci a brisé le silence. Dans une tribune publiée mercredi au journal Le Monde, le jeune militant écologiste de 22 ans lance un cri de ralliement : la révolte contre le narcotrafic doit s'inscrire dans la durée.

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Un bouquet de fleurs déposé sur un mémorial improvisé à l'endroit où Mehdi Kessaci a été assassiné, le jour de ses funérailles à Marseille, le 18 novembre 2025.

Photo: CHRISTOPHE SIMON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

« Mon cœur n’est que blessure. La douleur m’éparpille. Mais elle n’effrite pas ma lucidité », écrit-il après avoir enterré son petit frère, abattu jeudi dernier par deux hommes à moto sur un parking, à quelques mètres de l’Hôtel du département des Bouches-du-Rhône.

Une famille déjà endeuillée, un combat qui continue

Ce drame n’est pas le premier pour la famille Kessaci. En 2020, Brahim, un autre frère d’Amine âgé de 22 ans, avait déjà été tué dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue. Mehdi, lui, aspirait à devenir policier et n’avait aucun lien avec ces réseaux criminels.
« Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies », dénonce Amine Kessaci dans sa tribune.

Des obsèques sous haute protection

La cérémonie funéraire de Mehdi s’est déroulée sous un important dispositif policier. Amine Kessaci, lui-même menacé depuis plusieurs mois, portait un gilet pare-balles lors de l’enterrement de son frère, selon une source policière.
Le militant avait été contraint par la police de quitter Marseille en août dernier pour sa propre sécurité. Il regrette amèrement que cette protection n’ait pas été étendue à ses proches : « Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang ? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ? »

« Levons-nous ensemble » : une marche blanche samedi

L’association Conscience, fondée par Amine Kessaci pour soutenir les familles de victimes du narcotrafic, organise une marche blanche silencieuse samedi à 15 heures. L’objectif : dire collectivement « stop » à la violence liée au trafic de drogue.
Le maire de Marseille, Benoît Payan, a exprimé son soutien : « Je serais fier que les Marseillais descendent dans la rue, disent non au narcotrafic. » La présidente de la métropole Aix-Marseille a confirmé sa présence et salué le « courage » d’Amine Kessaci.

L’État sommé de réagir

Une semaine après l’assassinat de Mehdi, la question du narcotrafic occupe le devant de la scène politique. Le président Emmanuel Macron a critiqué mercredi les « bourgeois des centres-villes » qui financeraient « parfois » ces réseaux criminels.
Le chef de l’État avait auparavant appelé à « amplifier » la lutte contre le narcotrafic en adoptant une approche similaire à celle déployée contre le terrorisme. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez et le ministre de la Justice Gérald Darmanin se rendront jeudi à Marseille sur instruction présidentielle.

« Un relâchement » dénoncé par les élus locaux

Benoît Payan a vertement critiqué la stratégie des forces de l’ordre : « Je pense que la doctrine d’emploi des forces de l’ordre depuis un an n’a pas été la bonne. Je pense qu’il y a eu un relâchement sur la question du narcotrafic. »
L’élu marseillais a notamment regretté la suppression du préfet de police dans sa ville, observant « une forme de reprise, des coups de pression, des tirs… depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas ».
Rejoignant l’analyse d’Amine Kessaci, le maire a estimé que les narcotrafiquants « cherchent à nous faire taire ». Son message à l’État est sans ambiguïté : « Quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix. »

Un militant qui refuse le silence

Après la mort de son frère Brahim, Amine Kessaci a fait de la lutte contre le narcotrafic dans les quartiers son engagement principal, avant de rejoindre les Écologistes. Il s’était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint, puis aux législatives où il a été battu de justesse par le Rassemblement national.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a assuré mardi « la solidarité de l’ensemble de la Nation » avec la famille Kessaci, tandis que le jeune militant réaffirme sa détermination à ne pas céder face à l’intimidation.
Avec AFP