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Boualem Sansal

Après sa libération, l’écrivain Boualem Sansal revient en France et est reçu par Emmanuel Macron

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, tout juste libéré après une année de détention en Algérie, a posé le pied sur le sol français mardi, accueilli avec chaleur par le président Emmanuel Macron à l’Élysée.

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L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pose après avoir reçu, conjointement avec l'écrivain français Hedi Kaddour, le Grand Prix du Roman, un prix littéraire décerné par l'Académie française pour un roman individuel, à l'Académie française à Paris, le 29 octobre 2015.

Photo: FRANCOIS GUILLOT/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Dès son arrivée, le chef de l’État s’est dit « profondément réjoui » de la libération de ce « grand écrivain dont la dignité, la force morale et le courage ont été exemplaires », s’appuyant sur un communiqué officiel où Sansal et son épouse Naziha figuraient au nombre des invités du palais présidentiel.

La présidence a salué une libération marquée d’« émotion et de joie », obtenue selon ses termes par « une méthode faite de respect, de calme et d’exigence ». Emmanuel Macron, qui s’est rendu ensuite à Berlin, a tenu à remercier le président allemand Frank-Walter Steinmeier pour son concours déterminant. Interpellé par des journalistes, le président a assuré que l’écrivain se porte « heureusement bien », exprimant à nouveau sa satisfaction, lors de ce déplacement outre-Rhin.

Un retour orchestré après la grâce présidentielle

La nouvelle du retour en France de Boualem Sansal a été rendue publique à la mi-journée par le Comité de soutien international à l’écrivain. Agé de 81 ans, incarcéré en Algérie pendant un an pour ses prises de position critiques envers son pays natal, l’auteur avait quitté la prison mercredi dernier, bénéficiant de la grâce du président algérien Abdelmadjid Tebboune, suite à l’intervention des autorités allemandes.

Transféré à Berlin pour y recevoir des soins, Sansal a été hébergé à la résidence de l’ambassadeur français. Durant son exil, il demeurait au centre des tensions diplomatiques entre Paris et Alger. Sa libération a suscité un vif soulagement parmi ses soutiens, en France, où l’attente de son retour se faisait ressentir depuis de longs mois.

Tension persistante entre Paris et Alger

En Algérie, Boualem Sansal purgeait une peine de cinq ans, notamment pour « atteinte à l’unité nationale ». La controverse entourant le romancier, admirateur de Camus et d’Orwell, s’enracine autant dans sa prose que dans ses convictions : cet intellectuel, salué à droite pour son indépendance d’esprit, avait été condamné en raison de déclarations faites en octobre 2024 à un média français, affirmant que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires auparavant marocains. L’arrestation de l’ancien haut fonctionnaire, survenue à son arrivée à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024, avait exacerbé le refroidissement des relations franco-algériennes.

Au fil des mois, son comité de soutien n’a cessé d’interpeller les autorités, martelant ce mardi : « Nous envoyons un salut fraternel à Boualem Sansal, ainsi qu’à sa famille qui a traversé avec dignité et courage cette épreuve longue, injuste et douloureuse ». Désormais, la parole de ce franc-tireur, athée revendiqué et critique du pouvoir algérien, sera scrutée avec la plus grande attention dans l’Hexagone.

Mobilisation en faveur de Christophe Gleizes

À peine libéré, Boualem Sansal a confié à son compatriote Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, son espoir de voir les relations entre la France et l’Algérie « évoluer ». Si le comité de soutien salue la libération de l’écrivain, il appelle « de nouveau à la libération immédiate » du journaliste sportif français Christophe Gleizes, détenu en Algérie et dont le procès en appel débute début décembre, notamment pour « apologie du terrorisme ».

« Nous pensons aussi à notre compatriote Christophe Gleizes, dont nous souhaitons ardemment la libération. Nous y travaillons », a garanti l’Élysée. La famille du journaliste a, pour sa part, exprimé l’espoir que la grâce accordée à Sansal marque un apaisement durable entre Paris et Alger, prélude à une résolution heureuse de sa situation.