Après le rejet de la taxe Zucman, Mathilde Panot appelle à « censurer » le gouvernement
Vendredi, les députés ont rejeté par 228 voix contre 172 la proposition d'impôt minimum sur les grandes fortunes défendue par la gauche. LFI appelle à « censurer » le gouvernement.

La présidente du groupe parlementaire de LFI, Mathilde Panot.
Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images
La journée de vendredi à l’Assemblée nationale aura été marquée par l’échec de la gauche sur son cheval de bataille fiscal. Dans un hémicycle divisé, les parlementaires se sont affrontés sur la question de la contribution des plus fortunés à l’effort budgétaire national.
La taxe Zucman, du nom de l’économiste dont elle s’inspire, incarnait pour ses défenseurs une mesure de justice sociale indispensable, tandis que ses opposants y voyaient une menace pour l’économie française.
Un rejet sans appel malgré les tentatives de compromis
L’Assemblée nationale a clairement tourné le dos à la proposition de la gauche visant à instaurer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines dépassant 100 millions d’euros. Cette mesure cristallisait les débats budgétaires depuis plusieurs jours. Le bloc central, la droite et le Rassemblement national se sont unis pour voter contre ce projet, selon Tf1Info.
Les socialistes avaient tenté de trouver un terrain d’entente en proposant une version allégée de la taxe, avec un impôt minimum de 3 % à partir de 10 millions d’euros, tout en excluant les entreprises innovantes et familiales. Cette tentative de compromis a également échoué, rejetée par 228 députés contre 171.
« Vous faites, par votre intransigeance, je le crains, le mauvais chemin. Il n’y a pas le moindre compromis », a dénoncé le socialiste Boris Vallaud, appelant ensuite au rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune supprimé en 2017.
Le spectre de l’exil fiscal agité par le gouvernement
Le gouvernement a justifié son opposition en brandissant le risque d’un départ massif des grandes fortunes. La ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a pointé « les risques d’exil fiscal » liés à cette mesure, rapporte Le Dauphiné libéré. « Quand le premier contribuable de cet impôt paierait plus d’un milliard, qui pense que cette personne ne prendrait pas le TGV, le Thalys ou l’Eurostar pour juste s’installer de l’autre côté de la frontière ? », a-t-elle lancé.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a souligné son « profond désaccord » avec la gauche sur cette proposition. « Il n’existe aucun impôt (…) qui ne soit pas censuré par le Conseil constitutionnel, qui soit à fort rendement de 10 ou 15 milliards d’euros », a-t-il déclaré, balayant l’idée d’un « impôt miracle », selon l’AFP.
Satisfaction à droite, colère à gauche
Laurent Wauquiez, chef des députés Les Républicains, s’est réjoui du résultat, d’après Tf1Info : « On est contre les augmentations d’impôts qui vont tuer de l’emploi et tuer de l’activité économique. » Devant la presse, il a enfoncé le clou : « Dans cet hémicycle certains sont devenus fous, il y a des députés qui passent leur temps à se demander si par miracle il n’y a pas une taxe supplémentaire qu’on pourrait augmenter. »
À gauche, la déception s’est transformée en colère. Clémentine Autain a déploré que la gauche « aura tout essayé pour avoir une façon de prendre une contribution aux ultra riches ». « Là on avait 20 milliards sous la main. Tout a été refusé. On a amendé, sous amendé, pour proposer 0,5 % et pas 2. Tout a été rejeté », a regretté la députée écologiste.
Mathilde Panot est allée plus loin en appelant à « censurer » Sébastien Lecornu. « Pour obtenir que les riches payent leur dû il faut faire partir le gouvernement macroniste qui n’a plus personne pour le soutenir », a martelé la cheffe de file des députés insoumis.
Gabriel Zucman optimiste malgré l’échec
Cette journée parlementaire a toutefois vu l’adoption d’autres mesures fiscales, notamment la transformation de l’impôt sur la fortune immobilière en impôt sur la fortune improductive, résultat d’une alliance inattendue entre le PS, le MoDem et le RN.
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