Logo Epoch Times
La Pascaline

La Pascaline sauvée in extremis : la justice bloque la vente de ce trésor scientifique du XVIIe siècle

La mobilisation des scientifiques français a porté ses fruits. Une rare machine à calculer inventée par Blaise Pascal en 1642 ne sera finalement pas mise aux enchères comme prévu.

top-article-image

La Pascaline, première machine à calculer mécanique inventée par le polymathe français Blaise Pascal, exposée à la maison de vente aux enchères Christie's à Paris, le 11 septembre 2025.

Photo: STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Son propriétaire a demandé à la maison Christie’s de suspendre la vente programmée pour mercredi, après qu’un tribunal administratif parisien a bloqué son exportation hors de France.

Une mobilisation sans précédent du monde scientifique

Dès l’annonce de la mise en vente par Christie’s début septembre, la communauté scientifique s’est organisée. Des chercheurs prestigieux ont multiplié les initiatives : publication d’une tribune dans Le Monde, lancement d’une pétition en ligne, et finalement un recours en justice devant le tribunal administratif de Paris.
Parmi les requérants figure Jean-Michel Bismut, mathématicien membre de l’Académie des Sciences et lauréat du Shaw Prize in Mathematics 2021. Il exprime son soulagement auprès de l’AFP : la décision judiciaire de mardi offre un sursis de six mois à un an avant un jugement définitif.

Un objet d’exception menacé de quitter le territoire

Cette Pascaline mise en vente présente un caractère unique. Sur les neuf machines de cette période encore existantes dans le monde, huit datent de l’époque de Pascal et une a été fabriquée peu après. La France en conserve six dans ses musées, l’Allemagne deux autres.
Mais celle proposée aux enchères se distingue particulièrement : c’est l’unique Pascaline d’arpentage permettant de calculer en pieds, toises et pouces. Les autres modèles connus servent soit au calcul décimal, soit aux opérations comptables et monétaires.

Un certificat d’exportation controversé

Le cœur du litige repose sur le certificat d’exportation délivré par le ministère de la Culture en mai dernier. Pour les scientifiques mobilisés, cette autorisation révèle une mauvaise évaluation de la valeur patrimoniale de l’objet.
Le ministère s’était défendu en précisant avoir respecté la procédure habituelle : deux experts, l’un du Centre national des arts et métiers et l’autre du musée du Louvre, avaient validé la délivrance du certificat.
Mais le tribunal administratif a tranché en faveur des défenseurs du patrimoine, estimant que cette machine est susceptible d’être qualifiée de trésor national au regard de sa valeur historique et scientifique.

L’espoir d’un classement en trésor national

Les scientifiques n’ont plus la main sur la suite des événements. Ils espèrent maintenant que le ministère de la Culture profitera de ce délai pour réviser sa position et engager une procédure de classement en trésor national.
Cette démarche permettrait aux collections publiques et aux mécènes de rassembler les fonds nécessaires à son acquisition. La machine est estimée entre deux et trois millions d’euros et appartient à un particulier.

Une commande royale exceptionnelle

Devant le tribunal, les chercheurs avaient manifesté leur incompréhension de n’avoir pas été informés plus tôt de cette vente. Laurence Plazenet, présidente de la Société des amis de Port-Royal, avait évoqué l’hypothèse d’une commande spéciale passée à Pascal, peut-être par des proches de Louis XIV comme Vauban, Artus de Roannez ou les frères Perrault.
Pour Jean-Michel Bismut, le ministère pourrait même lancer la procédure de classement immédiatement : « Ce serait une façon de sortir par le haut de la présente situation que nous déplorons. »
Avec AFP