Opinion
Antisémitisme : « Charles Kushner ose nommer les choses. Ce que notre propre gouvernement ne fait pas », déplore Emmanuel Abramowicz

L'ambassadeur américain en France, Charles Kushner.
Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images
ENTRETIEN – Il y a quelques semaines, dans une lettre destinée à Emmanuel Macron parue dans le Wall Street Journal, l’ambassadeur des États-Unis en France, Charles Kushner, a déploré le manque d’action du chef de l’État dans la lutte contre l’antisémitisme, provoquant une réaction rapide du Quai d’Orsay qui a décidé de convoquer l’ambassadeur.
Emmanuel Abramowicz est secrétaire général du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).
Il n’est pas normal que ce soit le représentant d’un gouvernement étranger qui vienne alerter notre gouvernement sur ce fléau, explique-t-il.
Epoch Times – Comment avez-vous réagi à la missive de Charles Kushner pointant du doigt « l’absence d’action suffisante » du gouvernement français contre l’antisémitisme ?
Emmanuel Abramowicz – J’ai trouvé ce courrier utile et à propos. L’antisémitisme a explosé en France et est visible à l’étranger, notamment aux États-Unis.
En même temps, j’ai été glacé parce qu’il n’est pas normal que ce soit le représentant d’un gouvernement étranger qui vienne alerter notre gouvernement sur ce fléau. Le représentant de la première puissance mondiale s’inquiète de ce qui arrive à la population française de confession juive dont je fais partie. Il ose nommer les choses. Ce que notre propre gouvernement ne fait pas.
Je suis donc assez partagé.
L’ambassadeur des États-Unis en France a également critiqué la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien. « Les déclarations publiques harcelant Israël et les gestes en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien enhardissent les extrémistes, attisent la violence et mettent en danger la vie juive en France », a-t-il écrit. Estimez-vous également que cette décision renforce l’antisémitisme ?
Charles Kushner a entièrement raison. Je rappelle qu’au lendemain des attaques du 7 octobre, Emmanuel Macron propose de bâtir une coalition internationale contre le Hamas et à peine deux ans plus tard, annonce la reconnaissance d’un État palestinien.
Autrement dit, il fait un cadeau à l’organisation terroriste islamiste et encourage en plus les islamo-gauchistes français ainsi que les Français intégristes musulmans. Des intégristes que je n’hésite pas à appeler des nazislamistes.
À l’instar des nazis, ces derniers stigmatisent une population en particulier, pratiquent le boycott et n’ont plus de réactions quand celle-ci est agressée. Et ils sont servis par des collaborateurs, à savoir la gauche française.
Par ailleurs, le drame est que toute la sémantique de la gauche autour du « génocide » etc. est maintenant reprise par le président de la République.
Quand on lui pose la question à la télévision nationale : « Est-ce qu’il y a un génocide à Gaza en ce moment ? », il n’est pas capable de répondre non. Il dit que « ce n’est pas à un responsable politique d’employer ces termes, mais aux historiens en temps voulu ».
Je rappelle également qu’il ne s’est pas rendu à la marche contre l’antisémitisme en novembre 2023.
Il y a une explication à cela. En réalité, il est dans la surenchère clientéliste vis-à-vis de l’électorat musulman qui est aujourd’hui la « propriété » de Jean-Luc Mélenchon.
Cette surenchère clientéliste mortifère se fait sur le dos des Français de confession juive qui sont amalgamés à Israël, Tsahal, etc.
Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a réagi aux allégations du diplomate, estimant qu’elles « vont à l’encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures des États prévu par la Convention de Vienne de 1961 qui régit les relations diplomatiques ». Qu’en pensez-vous ?
Comme l’a dit Nicolas Sarkozy, la politique, c’est réservé aux professionnels. Je crois que quand on ne connaît ni l’histoire, ni le droit international, le mieux est de ne pas en parler.
J’en veux pour preuve la volonté de la France de reconnaître un État palestinien. C’est tout à fait insensé en termes de droit international. On ne crée pas un État en claquant des doigts ou en le décrétant avec quelques dirigeants étrangers. Il y a différents traités qui expliquent comment créer un État.
Il faut consulter une population, les voisins géographiques du potentiel État à naître. Or, il n’y a eu aucune consultation jusqu’à présent.
Par conséquent, Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères se trompent d’un point de vue juridique.
D’autre part, ce même ministre des Affaires étrangères reproche à l’Amérique ce qu’il fait à Israël. Quand il critique l’action d’un Premier ministre élu ainsi que l’armée israélienne, ce n’est rien d’autre que de l’ingérence.
Et quand le gouvernement français décide d’empêcher un certain nombre d’entreprises israéliennes de venir présenter leurs produits à différents salons en France, ce n’est, là encore, que de l’ingérence.
Le Quai d’Orsay pratique le « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
En janvier 2025, Donald Trump a signé un décret présidentiel visant à renforcer les mesures de lutte contre l’antisémitisme, venant ainsi compléter un décret signé lors de son premier mandat en 2019. Pensez-vous qu’Emmanuel Macron devrait s’inspirer de ce que fait l’administration Trump contre l’antisémitisme ?
Donald Trump fait ce que tout chef d’État devrait faire. Il s’est rendu compte que les Américains de confession juive sont en danger et a, à raison, proposé des textes légaux modifiant les actions de la police et de la justice pour lutter contre l’antisémitisme. Je suis donc très à l’écoute et admiratif de la réactivité du président américain en matière de lutte contre l’antisémitisme.
Et pendant ce temps, on a un président français, qui ne modifie pas la loi et ne donne aucune consigne particulière aux préfets pour interdire les manifestations qui incitent à la haine et qui est par conséquent, complice du climat d’antisémitisme qui règne en France.
Les chiffres sont glaçants. En France, les Juifs, qui sont seulement 400 000, c’est-à-dire minoritaires, sont victimes d’un acte raciste sur deux.
Il y a aujourd’hui tout un discours présidentiel qui rend la situation intenable pour les Français juifs qui choisissent finalement de partir.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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