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5 points à retenir de la deuxième rencontre entre Mark Carney et Donald Trump à la Maison-Blanche

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Le président américain Donald Trump s’est adressé à la presse aux côtés du Premier ministre canadien Mark Carney ainsi que de membres des cabinets américain et canadien dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, à Washington, le 7 octobre 2025

Photo: Anna Moneymaker/Getty Images.

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Durée de lecture: 13 Min.

Le Premier ministre Mark Carney s’est rendu à la Maison-Blanche pour rencontrer le président américain Donald Trump, pour la seconde fois en cinq mois. Cette fois, l’atmosphère était marquée par davantage d’optimisme.
Qu’ils l’aient fait sciemment ou non, les responsables qui s’exprimaient anonymement auprès des médias à l’approche de la rencontre avaient installé un climat d’attentes modestes, certains évoquant la possibilité d’accords limités sur des tarifs sectoriels.
Aucun accord n’a finalement été annoncé à l’issue de la réunion. Mais Trump s’est montré nettement plus positif à l’égard d’une éventuelle avancée lorsqu’ils ont pris la parole devant les médias avant de s’entretenir à huis clos le 7 octobre.

Un accord en vue ?

Lors de la première rencontre physique entre les deux dirigeants en mai, Trump avait déclaré aux journalistes que rien de ce que Carney lui dirait ne le pousserait à lever les droits de douane imposés au Canada. L’administration Trump a mis en place diverses taxes tarifaires depuis l’hiver dernier, notamment sur les métaux, l’automobile et le bois, qui affectent fortement l’économie canadienne.
Au début du deuxième entretien à la Maison-Blanche, Trump a laissé entendre, dans ses remarques introductives, qu’un accord indéterminé était envisageable. « Nous allons conclure des accords et faire des choses positives pour nos deux pays et nos marchés », a-t-il déclaré.
Ce n’était qu’un des nombreux signaux optimistes envoyés par Trump sur la possibilité d’une percée avec le Canada.
« Je pense qu’ils seront très satisfaits », a-t-il déclaré lorsqu’un journaliste lui a demandé si Carney repartirait de Washington avec un accord sur les tarifs. « Nous travaillons sur de nombreux dossiers dont peu de gens parlent. »
Trump n’a pas souhaité indiquer ce que le Canada serait prêt à offrir en contrepartie, se bornant à ajouter : « Je pense que les Canadiens vont nous apprécier de nouveau. La majorité nous apprécie toujours. »
Carney a laissé entendre, de son côté, ce que le Canada pourrait poser sur la table dans un éventuel accord. Certains accords négociés par Trump avec de grandes économies ces derniers mois comprenaient des engagements à investir des centaines de milliards de dollars aux États-Unis.
Carney a fait remarquer durant la réunion que le Canada avait déjà injecté un demi-milliard de dollars aux États-Unis ces cinq dernières années, et que ce volume pourrait atteindre « un trillion » sur les cinq prochaines années « si nous obtenons l’accord que nous attendons ».
Le ministre canadien du Commerce, Dominic LeBlanc, s’est exprimé devant la presse après son entretien avec Trump et ses responsables, affirmant constater « des progrès importants » dans les discussions. « Il y a un élan que nous n’avions pas ce matin », a-t-il remarqué, ajoutant qu’il est « satisfait » des échanges.
M. LeBlanc a indiqué que Trump et Carney ont ordonné à leurs équipes de « conclure rapidement » des accords dans les secteurs de l’acier, de l’aluminium et de l’énergie.

Des obstacles persistants

Bien que le Canada et les États-Unis partagent la plus longue frontière non gardée du monde, entretiennent des liens commerciaux extrêmement étroits et soient alliés de longue date, le Canada reste une grande puissance économique sans accord commercial récent avec Washington.
Trump a livré certaines explications à ce sujet lors des questions-réponses avec la presse. Selon lui, la raison tient au fait que les deux pays sont voisins. « C’est bien plus simple de négocier avec des pays lointains », a-t-il observé.
Le président a développé, estimant que le Canada et les États-Unis se trouvent dans une forme de « conflit naturel » puisqu’ils rivalisent dans les mêmes industries, lesquelles possèdent souvent des implantations de part et d’autre de la frontière.
« Nous voulons que le Canada réussisse, mais il y a un point où nous souhaitons aussi la même chose pour nous », a résumé Trump. « Nous sommes en concurrence pour les mêmes marchés. Voilà le problème. C’est pour cela que j’évoque parfois, de manière provocante, l’idée de faire du Canada le 51e État américain. Il veut produire des voitures, nous aussi, et nous sommes en concurrence. »
Trump cherche à consolider la production automobile et d’autres secteurs stratégiques comme l’acier, en imposant des droits de douane sectoriels. Ce sont précisément ces mesures qui frappent la structure économique canadienne, tant les chaînes d’approvisionnement sont intégrées.

L’accord majeur à venir ?

Au-delà d’un possible accord sur les taxes douanières, le Canada, les États-Unis et le Mexique se préparent à la révision, l’an prochain, de leur accord de libre-échange CUSMA.
Grâce à ce texte, Carney répétait ces dernières semaines que le Canada est envié par bien d’autres nations, lorsqu’on l’interrogeait sur l’absence d’accord récent avec Trump.
Trump avait négocié l’accord CUSMA lors de son premier mandat, le présentant comme une réussite majeure. Il s’en montre plus critique depuis sa réélection, en particulier sur la question des quotas tarifaires canadiens dans le secteur laitier.
Pendant sa rencontre avec Carney, le président a laissé entendre qu’un futur pour le CUSMA n’était pas assuré. « Cela pourrait être bien, sinon nous pourrions simplement conclure des accords différents », a-t-il lâché lorsque la presse lui a demandé s’il s’engageait à renégocier le CUSMA. « Nous avons la possibilité de signer différents accords, éventuellement meilleurs au cas par cas. Ce qui m’importe, c’est le meilleur accord possible pour mon pays, tout en gardant le Canada à l’esprit. »
Dans ce scénario de renégociation, Trump a prévenu qu’il subsisterait des droits de douane entre le Canada et les États-Unis. « Il y aura toujours des taxes entre le Canada… Ils en appliquent aussi à nos agriculteurs », a-t-il insisté.

Sécurité : un autre dossier clé

Dans la recherche d’une nouvelle relation économique, Carney prévoyait également d’aborder la sécurité avec Trump.
La dimension sécuritaire demeure au cœur des priorités du président américain depuis son entrée en fonctions. Après sa victoire de novembre dernier, il a menacé d’imposer des taxes au Canada en raison de l’immigration clandestine et du trafic de fentanyl à la frontière.
Ottawa avait alors réagi en annonçant un plan frontalier d’1,3 milliard de dollars en décembre, puis, dans le courant de 2025, le gouvernement canadien a emboîté le pas des États-Unis en inscrivant les cartels mexicains ainsi que deux groupes criminels transnationaux sur la liste des entités terroristes.
Les mesures déjà prises par le Canada ne semblent toutefois pas avoir convaincu Trump de lever la taxe de 35 % liée à ses inquiétudes sécuritaires.
Au cours de la réunion, Trump a déclaré que la crise des opioïdes, notamment le fentanyl, responsable de milliers de décès de part et d’autre de la frontière, « ne serait jamais finie ». Il a néanmoins reconnu les efforts du gouvernement canadien qui, selon lui, « fait beaucoup mieux qu’avant ». Ottawa a rappelé à plusieurs reprises que la quantité de fentanyl entrant aux États-Unis depuis le Canada reste très faible et que des mesures existent pour endiguer ce trafic.
En matière de défense continentale, Trump et Carney ont tous deux exprimé l’intérêt du Canada à rejoindre le nouveau programme de défense aérienne américain baptisé « Golden Dome ».
Trump avait initialement fixé la contribution canadienne à 61 milliards de dollars US, puis à 71 milliards ultérieurement. Aucun engagement formel de coopération n’a été annoncé à ce jour, même si Trump a présenté le dossier comme acquis lors de la séance.
« Nous allons travailler ensemble à la construction d’un Golden Dome pour nos deux pays », a-t-il déclaré.
Epoch Times a sollicité un commentaire du bureau du Premier ministre, sans obtenir de réponse.
Dominic LeBlanc a précisé à la presse que le sujet avait été « abordé de manière positive » à huis clos par les dirigeants, sans pour autant affirmer que le Canada avait formellement signé.
« Personne ne nous a mis un contrat devant le nez à signer en présence de témoins », a-t-il glissé. « Nous avons indiqué aux Américains notre volonté d’être leur partenaire dans la sécurité et la défense, et le Golden Dome fait clairement partie de cette conversation. »

Des éloges de part et d’autre

Comme lors de leur première entrevue à la Maison-Blanche, Trump et Carney se sont mutuellement félicités.
« C’est un Premier ministre extrêmement populaire, et je suis honoré de contribuer à sa notoriété », a lancé Trump, se créditant ainsi de la popularité de son interlocuteur.
Carney avait mené sa campagne électorale sous le signe de la fermeté face à Trump. À la première rencontre, Trump avait salué le « retour historique » du chef libéral, après que son prédécesseur eut frôlé l’abîme électoral.
« Je l’ai apprécié dès le début et notre relation a toujours été bonne », a estimé Trump. Le président a également qualifié Carney de « personne bien » et de « leader de classe mondiale ». Il l’a aussi décrit comme un « redoutable négociateur » qui peut se montrer « dur, peut-être autant que les plus coriaces ».
Un journaliste a demandé à Trump ce qui empêchait la conclusion d’un accord avec le Canada, malgré les qualités qu’il reconnaît à Carney.
« Parce que je veux, moi aussi, être un grand homme », a-t-il répondu.
De son côté, Carney s’est montré moins expansif. Comme lors de la première rencontre, il s’est peu exprimé, Trump monopolisant la majeure partie des questions. Il a tout de même renouvelé le compliment émis au président en mai.
« J’avais alors dit que vous étiez un président transformateur », a souligné Carney, ajoutant que depuis lors, Trump a conduit une transformation de l’économie, convaincu les membres de l’OTAN d’accroître leurs dépenses de défense, favorisé la paix dans plusieurs conflits et affaibli l’Iran en tant que « puissance terroriste ».
Carney a aussi salué les efforts de Trump pour ramener la paix dans le conflit Israël-Hamas, estimant ce dossier « le plus important » du point de vue canadien.
« Cette perspective de paix que vous avez rendue possible, le Canada la soutient pleinement et fera tout ce qu’il peut pour accompagner ces efforts », a-t-il conclu.
Trump a proposé la semaine dernière un plan en vingt points pour mettre fin au conflit, actuellement examiné par les parties prenantes.