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10 septembre : le gouvernement veut faire « peur », dénonce Sophie Binet pour la CGT

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La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet à une manifestation avec des travailleurs de Renault-Stellantis et des membres de la CGT, aux Invalides à Paris, le 4 février 2025.

Photo: XAVIER GALIANA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Dans un contexte social et politique particulièrement tendu, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a vivement critiqué dimanche la stratégie adoptée par le gouvernement face au mouvement d’action prévu le 10 septembre.
Selon elle, l’exécutif tente délibérément de discréditer cette mobilisation en agitant le spectre de la violence pour effrayer l’opinion publique.
Une accusation de manipulation de l’opinion
S’exprimant sur France 3, Sophie Binet n’a pas mâché ses mots concernant l’attitude gouvernementale. « La dernière cartouche qui reste au gouvernement c’est de rendre impopulaires les mobilisations, c’est de faire peur », a-t-elle déclaré, pointant du doigt une stratégie qu’elle juge déloyale et manipulatrice. La dirigeante syndicale vise particulièrement le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qu’elle accuse de vouloir « faire passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes ».
Cette accusation fait écho aux déclarations du ministre vendredi dernier, qui avait évoqué l’action de « la mouvance d’extrême gauche, d’ultra-gauche, aidée par la CGT » et mis en garde contre de possibles « actions spectaculaires » en raison de leur supposée « radicalité ». Ces propos ont manifestement provoqué l’ire de la centrale syndicale, qui y voit une tentative de criminalisation du mouvement social.
Un soutien tardif mais assumé de la CGT
L’engagement de la CGT dans cette mobilisation n’était pourtant pas acquis d’emblée. Initialement prudente face à un mouvement qu’elle qualifiait de « nébuleux », la confédération a finalement annoncé fin août son soutien officiel aux actions du 10 septembre. Cette adhésion s’inscrit dans une stratégie plus large : utiliser cette journée comme « première étape » pour construire une opposition cohérente au projet de budget gouvernemental.
Cette évolution de position témoigne de la complexité du paysage syndical français, où les organisations doivent constamment évaluer l’opportunité de soutenir des mouvements aux contours parfois flous. La décision de la CGT révèle également l’importance qu’elle accorde à la contestation des orientations budgétaires de l’exécutif.
Une mobilisation aux multiples facettes
Le mouvement du 10 septembre se caractérise par sa diversité d’actions. Plusieurs syndicats ont lancé des appels à la grève, notamment dans les secteurs stratégiques des transports et de la santé, promettant des perturbations significatives. Mais au-delà des grèves traditionnelles, d’autres formes de protestation émergent, rappelant les méthodes employées par le mouvement des Gilets jaunes.
Sur les réseaux sociaux et les messageries privées circulent ainsi des appels originaux : boycott des cartes bancaires, refus de faire ses courses, autant d’actions individuelles qui, coordonnées, visent à perturber l’activité économique. Cette diversification des modes d’action illustre l’évolution des mouvements sociaux à l’ère numérique, où les réseaux sociaux permettent de coordonner des actions décentralisées.
Perspectives politiques et sociales
Sophie Binet ne limite pas son horizon à la seule journée du 10 septembre. Elle appelle déjà les Français à participer massivement à la mobilisation unitaire prévue le 18 septembre, soutenue par l’ensemble des organisations syndicales. Cette perspective s’inscrit dans une stratégie d’amplification progressive du mouvement social.
La dirigeante syndicale anticipe également les évolutions politiques à court terme, notamment la probable chute du gouvernement suite au vote de confiance des députés prévu lundi. Loin de considérer cette perspective comme un apaisement, elle y voit au contraire une raison supplémentaire de maintenir la pression sociale. « Ça veut dire qu’on sera en pleines tractations politiciennes pour la formation d’un futur gouvernement », analyse-t-elle, insistant sur la nécessité de peser sur ces négociations.
Pour Sophie Binet, l’enjeu dépasse largement les querelles partisanes. Il s’agit d’imposer que « nos exigences sociales et environnementales soient prises en compte pour la constitution de ce gouvernement ». Cette vision témoigne d’une volonté syndicale d’influer directement sur les orientations politiques futures, au-delà des seules revendications sectorielles traditionnelles.
La seule volonté présidentielle : « maintenir sa politique »
La secrétaire générale de la CGT conclut par une charge contre Emmanuel Macron, dénonçant « les manœuvres politiciennes et les tentatives de passer en force », qu’elle attribue à la seule volonté présidentielle de « maintenir sa politique » malgré l’opposition populaire croissante.
Avec Afp