Un chrétien irakien en fauteuil roulant tué à l’arme blanche en direct à Lyon
Ashur Sarnaya
Photo: DR
Un chrétien irakien de 45 ans, utilisateur de fauteuil roulant, a été assassiné mercredi soir devant son domicile dans le 9e arrondissement de Lyon.
L’homme diffusait en direct sur les réseaux sociaux au moment de l’agression, filmant involontairement son propre meurtre.
Les faits
L’agression s’est déroulée peu avant 22h30 à l’entrée d’un immeuble résidentiel. Les services de secours ont trouvé la victime en arrêt cardiorespiratoire, sans pouvoir la réanimer selon les pompiers. L’homme a été frappé au cou avec une arme blanche par un individu qui l’attendait sur place.
Le drame a été capturé en partie par la caméra de la victime elle-même, qui était en train de réaliser un live sur les réseaux sociaux. Sur les images consultées par l’AFP, encore visibles jeudi matin, on aperçoit la victime le visage ensanglanté.
L’agresseur, selon les témoignages, a pris la fuite à pied après avoir porté le coup fatal. Un témoin a filmé une silhouette de dos s’éloignant des lieux, vêtue de sombre avec une capuche.
Le profil de la victime sur les réseaux sociaux
La victime était particulièrement active sur les plateformes numériques, notamment TikTok, où elle s’exprimait régulièrement en arabe sur des sujets religieux chrétiens. Dans ses publications, l’homme dénonçait la censure dont il estimait faire l’objet, affirmant que ses contenus étaient fréquemment bloqués et ses comptes suspendus. Il attribuait ces restrictions à des signalements répétés de la part d’utilisateurs musulmans.
« C’était quelqu’un de très actif sur les réseaux sociaux, nous travaillons là-dessus », a confirmé une source policière, soulignant cette piste d’investigation.
Une enquête sans piste privilégiée
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour homicide volontaire. « À ce stade, on ne privilégie aucune thèse, rien ne nous oriente vers une piste solide, qu’elle soit crapuleuse, politique, religieuse ou liée aux stupéfiants », indique une source policière.
La victime, en situation administrative régulière, ne possédait pas de casier judiciaire. Les enquêteurs examinent notamment son activité sur les réseaux sociaux pour tenter de comprendre les motifs du crime.
Témoignages des voisins
Les résidents de l’immeuble décrivent un homme « très discret » et « correct », vivant avec sa sœur depuis une décennie. « C’était une personne vulnérable, en fauteuil roulant, qui ne marche pas » et « un voisin sans problème qui ne parlait à personne », témoigne une habitante.
Après avoir entendu « comme une altercation », des voisins sont intervenus pour porter secours à la victime. Ils évoquent un coup porté « au niveau de la carotide » avec ce qu’ils décrivent comme une « machette » ou un « sabre ».
Des traces de sang étaient encore visibles jeudi matin dans l’entrée de l’immeuble, que le gardien s’employait à nettoyer.
Réactions officielles et associatives
Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité de Lyon, a qualifié l’acte de « crime abject » sur le réseau BlueSky, exprimant sa confiance dans le travail de la police judiciaire pour élucider rapidement cette affaire.
L’Œuvre d’Orient, association catholique de soutien aux chrétiens d’Orient, a publié un communiqué condamnant « avec la plus grande fermeté l’assassinat d’un chrétien irakien en situation de vulnérabilité ». L’organisation attend « le plus rapidement possible les conclusions de l’enquête » et rappelle qu’il est « indispensable que les chrétiens du Moyen-Orient puissent témoigner de leur foi en toute sécurité et vivre dignement ».
L’association assure par ailleurs « la famille et la communauté irakienne de France de toute sa compassion » face à ce drame qui interroge sur la sécurité des minorités religieuses en France.
Avec AFP
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