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Sous pression locale, les dirigeants européens sommés d’adopter une ligne plus ferme envers la Chine

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Une employée travaille dans une entreprise fabriquant des batteries au lithium à Huaibei, dans la province chinoise de l'Anhui, le 26 novembre 2024.

Photo: STR/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La politique commerciale offensive menée par les États-Unis à l’égard de la Chine a largement dominé l’actualité économique ces derniers mois. Washington a imposé des droits de douane élevés sur les produits chinois, renforcé les restrictions à l’exportation de technologies sensibles et mis en place des incitations visant à relocaliser la production sur le sol américain.

L’Union européenne (UE), quant à elle, a jusqu’ici adopté une approche plus mesurée. Si Bruxelles partage certaines préoccupations exprimées par Washington, ses mesures demeurent plus prudentes, tant dans leur ampleur que dans leur mise en œuvre.

Mais cette retenue est de plus en plus remise en question. En coulisses, un nombre croissant d’acteurs économiques européens – notamment dans les secteurs de l’automobile et des batteries – appellent à un changement plus marqué de la stratégie européenne face aux pratiques commerciales jugées déloyales de la Chine. Pour ces industriels, les initiatives prises jusqu’à présent par l’exécutif européen sont considérées comme insuffisantes, voire inefficaces.

Une pression croissante du tissu industriel

La critique s’est récemment cristallisée autour des engagements de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en faveur d’un renforcement de la production locale, notamment dans le secteur des batteries. Malgré ses déclarations récentes appelant à « réduire les dépendances stratégiques, notamment pour les batteries », les industriels européens affirment rester confrontés à une concurrence chinoise qu’ils estiment déloyale, tant sur les matières premières que sur les produits finis.

Le Critical Raw Materials Act, adopté en 2024 pour sécuriser l’approvisionnement en matériaux critiques, est largement perçu comme trop timide. Certains acteurs du secteur déplorent l’absence de mesures coercitives ou incitatives claires – contrairement, soulignent-ils, au modèle américain.

L’Inflation Reduction Act des États-Unis est souvent cité comme référence : ce texte impose des exigences strictes en matière de contenu local et prévoit des sanctions pour les entreprises ne respectant pas ces standards. En comparaison, l’absence de mécanismes similaires en Europe pénaliserait les producteurs locaux. Selon les chefs d’entreprise européens, choisir une source chinoise plutôt qu’européenne n’a aujourd’hui aucune conséquence. Si une entreprise achète des matières premières en Chine plutôt qu’en Europe, il ne se passe rien. Ils réclament des incitations fiscales pour les producteurs européens ainsi que des droits de douane temporaires sur les importations en provenance de Chine.

Une Europe vulnérable ?

L’un des porte-voix les plus virulents de cette ligne est Stefan Scherer, PDG d’AMG Lithium, dont l’usine située à Bitterfeld-Wolfen, en Allemagne, constitue la première raffinerie d’hydroxyde de lithium du continent. En concurrence directe avec des acteurs chinois bien plus expérimentés dans ce domaine, M. Scherer plaide pour une stratégie européenne plus affirmée, afin de garantir la pérennité des investissements sur le territoire européen.

Sans une telle stratégie, affirme-t-il, l’Europe risque de devenir « une province de la Chine ». Il estime que le continent se trouve à un « point de bascule » et qu’un « changement complet dans les relations mondiales » est nécessaire.

Pékin dans le viseur

Il ne fait aucun doute que Pékin observe cette situation de près — et n’en est guère satisfait. Ces appels à un durcissement interviennent alors que la Chine est déjà confrontée à de sérieuses difficultés économiques : crise immobilière persistante, faible investissement privé, consommation intérieure atone. Dans ce contexte, l’émergence d’une ligne plus ferme en Europe – inspirée de l’exemple américain – ne manquerait pas d’inquiéter les autorités chinoises.

D’autant que Pékin fait déjà face à une administration américaine résolument offensive, qui non seulement restreint l’accès aux technologies de pointe, mais encourage aussi l’approvisionnement national, impose des tarifs douaniers importants et menace d’en instaurer d’autres.

Si l’Europe venait à adopter une posture similaire — comme le souhaitent de plus en plus d’industriels — cela renforcerait encore la pression économique sur la Chine, qui serait alors confrontée à des difficultés encore plus grandes qu’aujourd’hui.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.

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