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Opinion

Le nouveau plan quinquennal de la Chine est loin de répondre aux besoins de son économie

Le nouveau plan quinquennal du Parti communiste chinois (PCC) exprime davantage d’ambitions que de mesures concrètes pour redresser une économie en difficulté.

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Des techniciens travaillent sur des équipements de traitement de puces dans une usine de fabrication de semi-conducteurs à Suqian, dans la province orientale du Jiangsu, en Chine, le 20 octobre 2025.

Photo: STR/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Les réunions du « Quatrième plénum » du Parti communiste chinois (PCC) ont donné naissance à un nouveau plan quinquennal pour l’économie du pays. Celui-ci promet beaucoup : que la Chine devienne enfin autosuffisante dans les technologies de pointe, que les consommateurs chinois retrouvent un nouvel élan de dépenses, que Pékin accorde désormais plus d’attention à l’équilibre entre l’offre et la demande, que le pays accroisse encore son influence internationale et qu’il investisse davantage dans les industries émergentes.
La plupart de ces objectifs ne sont qu’une prolongation des politiques déjà engagées depuis un certain temps, avec des résultats tout au plus mitigés. Pour le reste, le plan évoque davantage ce que Pékin souhaiterait voir se produire qu’il ne détaille de véritables mesures ou politiques concrètes. Il est donc très loin de répondre aux besoins réels de l’économie chinoise.
Selon la traduction du résumé officiel du plan en mandarin, celui-ci promet de « s’en tenir au principe stratégique d’expansion de la demande intérieure » et de « stimuler vigoureusement la consommation ». Les planificateurs précisent que la Chine atteindra ces objectifs à travers des projets d’investissement dans les services publics, l’urbanisme et les soins aux personnes âgées, mais sans une « initiative audacieuse et directe visant à accroître la consommation elle-même ».
Outre ce soutien ponctuel aux consommateurs, le plan réaffirme l’objectif poursuivi depuis plusieurs années : parvenir à l’autonomie dans les technologies avancées, notamment l’informatique quantique, les véhicules électriques, les batteries, la fabrication de semi-conducteurs, les biotechnologies et l’énergie hydrogène.
La partie du plan consacrée aux investissements technologiques n’est qu’un prolongement de ce que la Chine fait depuis environ deux ans. Même si ces efforts portaient leurs fruits, ils seraient loin de suffire à relancer l’économie. D’après les dernières estimations, les secteurs mis en avant ne représentent qu’environ 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) chinois.
Une partie de ces dépenses est bien orientée : la Chine reste extrêmement vulnérable, car elle ne produit qu’à peine un cinquième des semi-conducteurs dont elle a besoin et doit importer le reste. Pour les autres investissements, le pays a commencé à les développer dès 2023 et a déjà étendu ses capacités de production bien au-delà des besoins domestiques. Cet excédent de production rend aujourd’hui l’économie chinoise encore plus dépendante des exportations — et cela intervient alors même que les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays en développement, comme le Mexique, se montrent de plus en plus méfiants à l’égard du commerce avec la Chine et relèvent leurs tarifs pour bloquer cette voie d’écoulement de la production excédentaire. Les capacités de production sont déjà si importantes que les excédents ont provoqué une déflation destructrice. Le plan ne fera qu’aggraver ces problèmes.
Sur le plan de la consommation, ce plan semble davantage promettre une envolée des dépenses qu’offrir un moyen concret de la susciter. La crise immobilière a fait chuter les prix de l’immobilier à un point tel que, selon les calculs de l’Institute for Foreign Policy et d’autres organismes, les ménages chinois ont perdu l’équivalent d’environ 18,1 billions de dollars de patrimoine net. Et puisque, dans la plupart des cas, la résidence principale constitue la plus grande partie du patrimoine des familles chinoises, les pertes immobilières ont pratiquement décimé la classe moyenne du pays. Il n’est donc guère surprenant que les Chinois hésitent désormais à dépenser. Jusqu’ici, les subventions publiques à l’achat d’appareils électroménagers et d’automobiles n’ont pas suffi à surmonter cette prudence.
Pourtant, comme indiqué précédemment, le plan ne prévoit aucun soutien direct au revenu des ménages. Certes, les hausses promises des investissements dans l’urbanisme, les infrastructures et les soins aux personnes âgées peuvent apporter un certain soulagement aux foyers chinois, mais l’ampleur des pertes subies semble nécessiter des mesures beaucoup plus fortes — une réalité que confirme l’échec des programmes du PCC visant à stimuler la consommation.
Fait remarquable, la présentation du plan omet toute mesure destinée à traiter l’énorme surendettement dont souffrent les gouvernements locaux. Comme l’a expliqué une chronique précédente, ces administrations ont accumulé des dettes si importantes qu’elles peinent à les rembourser et, dans certains cas, à assurer les services de base à leur population. Pékin a certes pris par le passé certaines mesures pour s’attaquer au problème, mais il est loin d’être réglé. Pourtant, le nouveau plan quinquennal semble l’avoir totalement ignoré.
Peut-être un certain répit pour l’économie chinoise viendra-t-il des négociations commerciales entre le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessant, et le vice-Premier ministre chinois, He Lifeng, récemment tenues en Malaisie, ainsi que de la rencontre en face-à-face entre le président américain Donald Trump et le dirigeant du PCC, M. Xi Jinping, lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique, en Corée du Sud. Mais ce nouveau plan quinquennal tant attendu n’offre guère de quoi susciter l’enthousiasme.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.

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