Sondage Ifop sur l'islam
Sondage Ifop sur l’islam : LFI saisit la justice contre la revue Écran de veille
Les députés de La France insoumise ont saisi vendredi la justice après la publication d'un sondage Ifop sur l'islam en France qui a, selon eux, "servi de support à des discours incitants à la discrimination, à la haine ou à la violence", ont-ils annoncé sur X.

Le député Paul Vannier (LFI), rapporteur de la commission d’enquête, à l’Assemblée nationale, le 14 mai 2025.
Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Les députés signalent en outre que plusieurs médias ont documenté « l’existence de liens étroits entre le commanditaire de ce sondage, la revue confidentielle Écran de veille, et les services de renseignement des Émirats arabes unis », ce qui serait susceptible de participer « d’une opération d’influence d’une puissance étrangère sur notre sol », affirment-ils dans leur courrier adressé à la procureure de Paris.
Doutes sur la méthodologie du sondage
Le fondateur et rédacteur en chef d’Écran de veille, Atmane Tazaghart, a récusé une telle influence. « Il n’y a pas de financement étranger. Le procureur fera son travail. Nous n’avons rien à nous reprocher », a déclaré à l’AFP M. Tazaghart, précisant avoir « financé l’étude » avec les revenus de la revue.
Les députés insoumis, dont deux d’entre eux font l’objet d’une plainte de l’Ifop pour avoir dénigré cette enquête publiée le 18 novembre, ont saisi la procureure au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Ils expliquent que ce sondage est « fondé sur une méthodologie très contestable, faisant l’objet de nombreuses remises en cause scientifiques », et a contribué à « une série d’amalgames et de confusion entre islam et islamisme d’une part, musulmans, islamistes et terroristes d’autre part ».
Réactions politiques et plaintes en série
Ce sondage avait provoqué de vives réactions dès sa publication. L’extrême radicale y a vu un signe d’« islamisation », tandis que des représentants de la communauté musulmane ont déploré « une stigmatisation ». Quatre conseils départementaux du culte musulman (CDCM) ont même déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris.
L’Ifop avait alors dénoncé une manœuvre pour « remettre en cause la fiabilité de (son) enquête sur la base de considérations erronées ».
Les députés LFI soulignent que « depuis sa parution, plusieurs actes islamophobes ont été rapportés », citant une mosquée vandalisée en Haute-Loire, une autre profanée à Lyon et une balle retrouvée dans la boîte aux lettres d’une troisième dans l’Ain.
Écran de veille sous pression
S’agissant du média Écran de veille, dont Mediapart et Le Monde ont mis en évidence les liens avec les Émirats arabes unis, « la logique voudrait que ce soit les accusateurs de notre revue qui apportent les preuves de l’existence d’un financement ou une ingérence étrangers », a répondu son rédacteur en chef.
« Or, tous les médias et les députés qui nous accusent exigent que ce soit à nous et l’Ifop d’apporter les preuves qu’il n’y a pas un financement ou une ingérence d’un pays étranger. Ce qui est contraire à toutes les règles et usages de l’investigation journalistique, parlementaire ou judiciaire », insiste-t-il.
M. Tazaghart a par ailleurs déploré que le député Paul Vannier, visé par la plainte de l’Ifop, ait rendu publique sur X l’adresse de leur média, les obligeant à déménager dans d’autres locaux. Une plainte a été déposée pour « incitation au meurtre et mise en danger de la vie d’autrui ». Une cinquantaine de députés du bloc présidentiel avaient dénoncé cette divulgation et saisi eux aussi la justice.
Journalistes visés et soupçons d’ingérence
Les parlementaires insoumis visent également deux journalistes travaillant pour Écran de veille, qui ont récemment témoigné devant la commission d’enquête lancée par LR à l’Assemblée sur des liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes, commission qui vise implicitement LFI.
S’il est avéré qu’ils « agissaient pour le compte d’un mandant étranger », ils pourraient « être en infraction », préviennent les insoumis. Les deux journalistes, Nora Bussigny et Emmanuel Razavi, ont tous deux écrit des livres évoquant des liens entre LFI et islamisme.

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