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plus-iconAprès la catastrophe de Fukushima

Retour progressif au nucléaire : le Japon donne son feu vert à la plus grande centrale nucléaire du monde

Le Japon remet progressivement en service ses réacteurs nucléaires. La plus grande centrale nucléaire du monde est désormais sur le point d'être partiellement remise en service.

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Les réacteurs 6 et 7 de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, située dans la ville de Kashiwazaki, dans la préfecture de Niigata. Le 21 novembre 2025, les autorités japonaises ont autorisé la remise en service de la plus grande centrale nucléaire au monde, une étape importante dans le processus de reprise des activités après la catastrophe de Fukushima en 2011. Photo : STR/JIJI Press/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Plus d’une décennie après la fusion du cœur de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima en 2011, ce pays d’Extrême-Orient revient de plus en plus à ce mode de production d’électricité. Aujourd’hui, les autorités locales souhaitent également remettre en service la plus grande centrale nucléaire du monde, située dans la préfecture japonaise de Niigata.
Le gouverneur de Niigata, Hideyo Hanazumi, a annoncé lors d’une conférence de presse vendredi 21 novembre qu’il souhaitait autoriser le redémarrage de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. La mise en service nécessite désormais l’accord de l’autorité japonaise de sûreté nucléaire.
Dans un premier temps, l’exploitant TEPCO (Tokyo Electric Power Co.) souhaite réactiver deux réacteurs de la centrale. Ceux-ci auraient une puissance nominale totale de 2710 mégawatts, soit environ un tiers de la puissance totale de la centrale (8212 MW).

Le gouverneur de Niigata, Hideyo Hanazumi, annonce lors d’une conférence de presse à Niigata City le 21 novembre 2025 son accord pour la remise en service de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. (STR/JIJI Press/AFP via Getty Images)

Sortie temporaire du nucléaire au Japon

La centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa est située au centre de la côte ouest de l’île japonaise. Comme toutes les centrales nucléaires du Japon, celle-ci a été mise hors service après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011.
Comme le montre l’évolution du mix électrique japonais, le pays a progressivement arrêté toutes ses centrales nucléaires jusqu’en 2014. En 2010 encore, les centrales nucléaires japonaises assuraient près de 25 % de l’approvisionnement en électricité.
En raison de l’abandon du nucléaire, les opérateurs de réseau locaux ont dû augmenter considérablement leur recours aux énergies fossiles telles que le gaz, le charbon et le pétrole. À l’époque, le développement des énergies « renouvelables » n’avait pas encore autant d’impact sur l’approvisionnement en électricité qu’aujourd’hui.

Réactivation progressive

Cependant, le Japon, pauvre en ressources, s’efforce depuis plusieurs années de revenir à l’énergie nucléaire. L’objectif est de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles. Les principaux pays dont proviennent ces importions sont le Moyen-Orient, l’Australie et les États-Unis. La Malaisie et la Russie aident également le Japon, principalement en lui fournissant du gaz liquéfié.
Avant que le Japon ne recommence à mettre en service ses réacteurs nucléaires désaffectés, les autorités ont contrôlé la sécurité des installations. Si nécessaire, les exploitants ont dû procéder à des mises à niveau.
Depuis 2014, le Japon a remis en service un total de 14 réacteurs, principalement dans l’ouest et le sud du pays. Des normes de sécurité strictes s’appliquent. Aujourd’hui, l’énergie nucléaire couvre à nouveau 9,4 % de l’approvisionnement électrique japonais. Cependant, les centrales à combustibles fossiles dominent toujours la production d’électricité.

Nouvelle protection contre les tsunamis

La centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa serait la première centrale de l’exploitant TEPCO à Fukushima à être remise en service depuis la catastrophe. L’installation nucléaire, d’une superficie de 400 hectares, a été équipée d’un mur de 15 mètres de haut destiné à la protéger contre les tsunamis.

Masaki Daito, directeur adjoint de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, prononce un discours devant une maquette de réacteur nucléaire au centre d’accueil des visiteurs de la Tokyo Electric Power Co. (TEPCO) pour la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa le 6 août 2024. (Yuichi Yamazaki/AFP via Getty Images)

La centrale nucléaire de Fukushima, située en bord de mer, avait été frappée par un tsunami de près de 15 mètres de haut peu après un violent séisme sous-marin de magnitude 9 le 11 mars 2011. Le système de refroidissement de la centrale s’était alors arrêté, entraînant la fusion du cœur de trois de ses six réacteurs. Il s’agit de la pire catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en 1986.
En 2018, les autorités japonaises ont officiellement confirmé le seul décès à ce jour lié à la catastrophe nucléaire de Fukushima.

L’Allemagne toujours sans centrale nucléaire

En réaction à la fusion du cœur des trois réacteurs à Fukushima, le gouvernement fédéral allemand de l’époque, dirigé par Angela Merkel, a accéléré la sortie du nucléaire décidée en 2002. La même année, huit centrales nucléaires anciennes ont été déconnectées du réseau en Allemagne.
Dans les années qui ont suivi, jusqu’en 2023, l’Allemagne a complètement abandonné l’énergie nucléaire, contrairement au Japon.
Actuellement, certains indices laissent toutefois penser que le gouvernement allemand envisage de revenir à cette forme de production d’électricité.
Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, s’attendait récemment à un retour de l’Allemagne vers l’énergie nucléaire. Il a fait état d’un entretien avec la ministre de l’Économie Katherina Reiche. Selon lui, celle-ci souhaiterait examiner la question « très sérieusement ».
Toutefois, ces réflexions ne porteraient pas tant sur les grandes centrales nucléaires que sur les petits réacteurs modulaires, ou SMR (Small Modular Reactors).
La fusion nucléaire, sur laquelle plusieurs institutions mènent actuellement des recherches, serait également envisageable.
Maurice Forgeng est spécialisé dans les questions liées à la transition énergétique. Il a acquis une expertise dans le domaine des énergies renouvelables et du climat et possède une formation en génie énergétique et en technique du bâtiment.

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