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Repas étoilés, coiffeur, pressing : le maire du 18e arrondissement rattrapé par ses notes de frais

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Le maire du 18e arrondissement de Paris, Eric Lejoindre, s'adresse à la presse après l'inauguration de la peinture aux couleurs des prochains Jeux olympiques de Paris 2024 sur les marches devant la basilique du Sacré-Cœur, au sommet de la butte Montmartre à Paris, le 17 avril 2024.

Photo: de Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP.

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Durée de lecture: 6 Min.

Les dépenses d’Éric Lejoindre, élu socialiste depuis 2014, font l’objet de vives critiques. Pressing, achats vestimentaires, repas gastronomiques… certaines habitudes soulèvent des questions, un nouveau coup dur pour une majorité parisienne déjà fragilisée par la controverse autour des frais d’Anne Hidalgo.
Éric Lejoindre, maire socialiste du 18ᵉ arrondissement de Paris, se retrouve sous le feu des critiques. Réélu en 2020, l’édile voit ses notes de frais scrutées de près, à l’initiative d’Enzo Morel, fondateur du mouvement citoyen Saccage Paris. Pour obtenir ces documents, celui-ci a dû saisir la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), chargée de garantir la transparence des institutions.

Plus de 70 repas et des menus pour enfants

Sur les réseaux sociaux, Enzo Morel a commenté avec humour des faits datant du 29 avril 2022 : « Après une distribution alimentaire à la Goutte d’Or, quoi de mieux pour reprendre des forces, pour le maire PS du 18ᵉ, qu’un dîner dégustation à deux dans un étoilé Michelin avec accord mets-vins, payé par les contribuables grâce aux frais de représentation. »
Entre 2020 et 2024, les remboursements s’élèvent à 35.557,10 euros, dont 8491,84 euros pour 2024. Parmi les dépenses de cette année-là, on retrouve plus de 70 repas – certains le week-end –, des menus pour enfants, des cadeaux protocolaires comme des peluches de la mascotte des Jeux olympiques 2024, ainsi que 1389 euros de pressing, plus de 1100 euros de vêtements et 135 euros de coiffeur.

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« Je commence à être vraiment, mais vraiment en colère »

Charlotte Rocher, membre de l’Union parisienne, une fédération qui dénonce le « saccage de Paris », s’est exprimée sur X, pointant l’élu qui s’est « fait offrir par les Parisiens des écouteurs à la Fnac (sur son lieu de vacances), son coiffeur pour le Nouvel An, 6451 euros de pressing [et] des repas au restaurant pour ses enfants ». « Les abus de la gauche parisienne devraient faire la une de tous les médias. Au lieu de ça, c’est l’impunité totale. En fait, il faut s’appeler Sarkozy ou Le Pen pour être rattrapé par la patrouille », a-t-elle ajouté.
« Je suis perdu, je n’arrive pas à comprendre ce qui est considéré comme ‘note de frais’ et ce qui ne l’est pas », s’est interrogé sur X Paul Hatte, conseiller de Paris (Union capitale) et élu du 17ᵉ arrondissement. Il s’est demandé : « Dans quel genre de monarchie fait-on encore cela ? »
« Je crois que je commence à être vraiment, mais vraiment en colère. Ça suffit », s’est quant à elle emportée Nathalie Loiseau sur X également. Pour la députée européenne, « en faisant payer sa lessive par les contribuables, c’est la politique que ce monsieur, maire et directeur de campagne, salit ».
« Les frais de représentation servent à rembourser soit des éléments obligatoires qui ne relèvent pas du loisir (frais de déplacement, repas professionnels), soit des éléments achetés dans le cadre normal des fonctions protocolaires (bouquets, cadeaux protocolaires, achats lors de visites locales) », a rappelé Paul Hatte.

Une « opération de diversion sur les affaires de Rachida Dati »

« Comme tous les maires d’arrondissement », l’édile « justifie » ses dépenses chaque année auprès de l’administration et ne consomme pas l’intégralité de son enveloppe, assure son entourage auprès du Figaro. Celui-ci estime par ailleurs que la droite orchestre une « opération de diversion sur les affaires de Rachida Dati », désormais renvoyée en correctionnelle pour corruption.
Il n’empêche que le contexte rend la polémique particulièrement sensible. L’article L2123-19 du Code général des collectivités territoriales fixe à 20.000 euros par an le plafond des indemnités à Paris. Ni Anne Hidalgo ni Éric Lejoindre ne l’ont dépassé, mais le principe même de tels remboursements choque d’autant plus dans une période où les contribuables sont appelés à la rigueur. Un élu résume la frustration ambiante auprès de nos confrères, soulignant que ces dépenses « devraient être extrêmement limitées et ne pas permettre les soins de beauté ». Il conclut par cette question : « Faut-il être beau pour être un bon politique ? »
En 2023, Éric Lejoindre avait déjà été critiqué pour avoir utilisé son budget de maire pour des vêtements, dont deux costumes Hugo Boss à plus de 800 euros et des articles sur Vente Privée, rapporte le JDD. Se défendant face aux critiques, il assurait être « hyper à l’aise » : « La Ville me fournit un bureau et un ordinateur, pourquoi pas ma tenue de travail ? Il n’y a rien d’immoral, rien de malsain. Je pense que les citoyens ont le recul pour regarder cela sans voyeurisme. Notre démocratie est mature. »