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Quand la majorité est ignorée : perte de confiance dans la politique et les médias

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Photo: David Dee Delgado/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Qu’il s’agisse de la radiodiffusion publique, de la justice ou du gouvernement lui-même, la confiance dans les institutions officielles en Allemagne est en chute libre.
Dans le cadre d’une étude représentative menée par l’institut suisse de sondage Media Tenor, 11 % des personnes interrogées ont même déclaré ne faire confiance à aucune institution publique. Le niveau global de confiance dans les institutions a été évalué à 25,3 % dans l’étude dont dispose Epoch Times.
La police bénéficie encore de la plus grande confiance des citoyens, mais avec 46 %, moins de la moitié d’entre eux font confiance à cette institution. À titre de comparaison, selon Media Tenor, ce chiffre était encore de 74 % en 1999. En 2025, la justice occupe la deuxième place avec 40 % de confiance, suivie des écoles supérieures et des universités avec 39 %.

Seuls 17 % font encore confiance au gouvernement fédéral allemand

Une personne sur quatre (25 %) fait confiance à l’UE. Le gouvernement fédéral est loin derrière avec 17 %, soit seulement une sur six, et la tendance est à la baisse. Les jeunes, en particulier, ne s’intéressent guère au gouvernement. Chez les 16-29 ans, la confiance dans le gouvernement n’est que de 15 %, chez les plus de 60 ans, de 19 %.
Avec 10 %, l’Église s’en sort encore moins bien que le gouvernement. La perte de confiance est flagrante : en 1999, 39 % des Allemands faisaient encore confiance à l’Église.

Une baisse spectaculaire également pour les journaux télévisés et autres médias

Les citoyens allemands financent la radiodiffusion publique (ÖRR) à hauteur d’environ 9 milliards d’euros par an grâce à des redevances obligatoires ; ils ne lui accordent pas tout à fait aussi peu de confiance qu’au gouvernement ou à l’Église, toutefois moins d’un tiers (31 %) font confiance aux médias publics. D’ailleurs, presque personne ne souhaite continuer à payer cette redevance audiovisuelle. Selon le magazine Inside Digital, qui se réfère à un sondage récent, 73 % des personnes interrogées sont favorables à la suppression de la redevance audiovisuelle.
Si l’on examine la confiance accordée à cette offre publique en fonction des préférences politiques, des différences notables apparaissent. Alors que près d’un électeur SPD sur deux (49 %) fait confiance à l’ÖRR, seuls 40 % des électeurs CDU/CSU lui font confiance et 38 % des électeurs des Verts. Avec seulement 15 %, soit environ un électeur sur sept, la confiance dans les médias est la plus faible parmi les partisans de l’AfD. Une augmentation future de la méfiance à l’égard des médias et des institutions pourrait être déduite du fait que l’AfD continue de progresser dans les derniers sondages.

Ce qui préoccupe les citoyens est absent des actualités

Il existe un autre facteur qui peut expliquer la faible confiance dans les médias, qui ne cesse de diminuer. L’analyse de Media Tenor révèle en effet un écart significatif entre les thèmes qui préoccupent la population et ceux qui sont abordés dans les médias.
En d’autres termes, de nombreux sujets qui préoccupent les gens sont peu ou pas abordés dans les principaux journaux télévisés de l’ARD et autres chaînes. Il s’agit notamment du contrôle de l’immigration, de la criminalité et de la violence, ainsi que de la pauvreté et des inégalités sociales.
Ignorer ou négliger les sujets qui préoccupent la population n’est pas une caractéristique unique des médias publics, mais est une pratique courante au sein du gouvernement et des institutions. Media Tenor recense ces thèmes consensuels, sur lesquels la population s’accorde largement, à l’aide de l’indice Common Sense Index. Selon les sondeurs, ce qui est perçu grâce à l’indice du bon sens suggère que la confiance peut s’instaurer lorsque les responsables politiques et les institutions prennent au sérieux les préoccupations de la majorité silencieuse.
Une grande majorité des Allemands (85 %) souhaite par exemple que l’enseignement préscolaire soit obligatoire lorsque les connaissances en allemand des enfants ne sont pas suffisantes pour leur permettre d’entrer à l’école. Et près de 80 % souhaitent que la mission éducative soit remplie et que la scolarité obligatoire soit réglementée de manière plus stricte. Les médias n’en parlent que très peu. La part consacrée à l’éducation et à l’intégration dans les journaux télévisés des chaînes publiques est négligeable, avec 0,36 %.
Le sujet de l’interdiction des téléphones portables à l’école jusqu’au collège, souhaitée par les trois quarts des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage représentatif (60 % des moins de 30 ans et 85 % des plus de 60 ans), bénéficie d’un temps d’antenne encore plus réduit.

Le genre contre la volonté

À l’inverse, des exemples illustrent que ce qu’une nette majorité d’Allemands ne souhaite pas devient réalité. Le genre est cité comme exemple. Bien que près des trois quarts des personnes interrogées s’y soient opposées en 2013, il a néanmoins été imposé dans les institutions, les médias et les administrations.
« La démocratie prévoit que les majorités décident. Elles ne devraient pas être surprises par les réalités », résument les auteurs de l’étude, dont les résultats mettent en évidence le déséquilibre de la nation.
Une question reste toutefois en suspens :
« Comment garantir à nouveau une plus grande visibilité à la majorité silencieuse en Allemagne, dans les médias et en politique ? »
Lydia Roeber a déjà financé ses études à l'université libre de Berlin grâce à ses écrits et a longtemps travaillé comme journaliste de télévision. Ancienne journaliste de voyage, elle s'intéresse aujourd'hui de préférence aux questions sociales urgentes dans le journal Epoch Times, du transhumanisme au contrôle numérique en passant par la crise de l'éducation.

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