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Effondrement du pont chinois de Hongqi

Pourquoi le pont chinois de Hongqi s’est effondré avant même son ouverture

Un important pont de la province chinoise du Sichuan s’est effondré le 11 novembre, à peine dix mois après son achèvement et avant même son ouverture au public.

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L’effondrement du pont de Hongqi, dans la province chinoise du Sichuan, le 11 novembre 2025. Capture d’écran via X.

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Durée de lecture: 5 Min.

Le pont de Hongqi, long de 819 mètres, comprend une travée principale de 220 mètres et un pilier central s’élevant à 172 mètres. Les autorités l’avaient présenté comme un jalon majeur pour les infrastructures régionales.

Les médias d’État ont imputé la catastrophe à un glissement de terrain. Des vidéos circulant en ligne montrent en effet un pan de montagne s’effondrer et emporter l’ouvrage d’accès, tandis que la partie principale du pont semble rester globalement intacte.

L’emplacement a fait toute la différence

Zhu Xueye, ingénieur en génie civil originaire de Chine et installé à New York, estime que le glissement de terrain a été l’élément déclencheur.

« L’accident a commencé par l’effondrement du versant, qui a ensuite entraîné la destruction de la rampe d’accès », explique-t-il.

Selon lui, la structure centrale du pont ne présentait pas de défaut majeur. En revanche, il critique sévèrement le choix du site : les images montrent clairement un versant instable, marqué par des antécédents de glissements de terrain. Construire une rampe d’accès dans une zone aussi vulnérable relevait, selon lui, d’un pari risqué.

La construction dans un relief aussi accidenté nécessite des études géologiques poussées : forage, prélèvements, analyses des sols et des roches pour garantir la stabilité. Rien n’indique que ces investigations aient été menées de manière exhaustive pour le pont de Hongqi.

Le pont est situé sur des pentes très raides, entre 45° et 60°, selon les estimations de l’ingénieur. Même un socle rocheux solide ne peut empêcher le glissement de la couche superficielle en cas de fortes pluies ou de variations saisonnières. Les rampes d’accès ont pourtant été implantées directement sur ces zones instables. Une solution plus sûre aurait été de remodeler le relief ou de renforcer le versant avant d’ériger les piles. À la place, celles-ci ont été construites « en équilibre » sur la pente, les exposant au risque.

Quand la politique prime sur la technique

En Chine, les grands projets d’infrastructures sont souvent porteurs d’enjeux politiques ou économiques. M. Zhu estime que certains choix peuvent être guidés par la rapidité, les coûts ou la recherche de prestige local plutôt que par des considérations de sécurité.

« Ce n’est pas vraiment un problème technique ou d’ingénierie », tranche-t-il. « Il y a surtout des choix politiques derrière. »

Selon lui, des délais imposés, des budgets serrés ou des intérêts locaux ont pu pousser les responsables à valider un tracé risqué.

Si certains internautes chinois ont évoqué d’éventuels impayés ou des économies de matériaux, M. Zhu considère que, dans ce cas précis, le glissement de terrain reste la cause déterminante, davantage que la qualité de la construction.

Des risques similaires ailleurs en Chine

La Chine a construit ces dernières décennies des milliers de ponts en zone montagneuse. Les ingénieurs du pays sont expérimentés, mais l’effondrement du pont de Hongqi met en lumière des vulnérabilités systémiques, estime M. Zhu. Selon lui, des risques comparables pèsent sur d’autres ouvrages dans des régions escarpées, tant les glissements de terrain sont prévisibles dans de tels environnements. Les ignorer peut se révéler désastreux.

Pour l’ingénieur, la catastrophe constitue un avertissement. Même avec des équipes qualifiées et des conceptions modernes, la combinaison de décisions politiques, de chantiers menés au pas de charge et de contraintes environnementales peut mener au pire.

« Ces grands projets ne sont jamais uniquement des défis techniques : ce sont des choix politiques », insiste-t-il. « Dans ce cas, l’emplacement est révélateur. Si l’on se penche sur les raisons de ce tracé, on découvrira probablement des éléments significatifs expliquant pourquoi il fallait absolument franchir cette petite colline. »

Avec la contribution de Yi Ru.