Un étudiant hongkongais arrêté après le lancement d’une pétition en réaction à un incendie meurtrier
La police a arrêté Miles Kwan pour « intentions séditieuses », suscitant de vives inquiétudes quant à l’usage de la loi sur la sécurité nationale.
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Des colonnes de fumée s’élèvent depuis des appartements après un incendie majeur ayant ravagé plusieurs immeubles du lotissement Wang Fuk Court dans le district de Tai Po, à Hong Kong, le 27 novembre 2025.
La police de Hong Kong a interpellé un homme ayant participé au lancement d’une pétition en ligne réclamant des comptes au gouvernement à la suite de l’un des incendies les plus meurtriers de la ville, ravivant le débat sur la façon dont la loi sur la sécurité nationale est utilisée pour réprimer l’activisme civique.
Selon plusieurs médias locaux, Miles Kwan, étudiant universitaire, a été interrogé par le département de la sécurité nationale de la police de Hong Kong puis arrêté après avoir lancé en ligne une pétition demandant l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’incendie ayant englouti la semaine précédente un complexe de logements sociaux. Le feu a fait 146 morts, un bilan susceptible de s’alourdir.
La pétition de M. Kwan formulait quatre exigences : garantir un relogement sécurisé pour les survivants, ouvrir une enquête indépendante, revoir la supervision de la sécurité des constructions, et établir les responsabilités des autorités pour les défaillances réglementaires.
La pétition a rapidement rencontré un large écho, recueillant plus de 10.000 signatures avant d’être bloquée par les autorités. Des clichés de M. Kwan distribuant des prospectus avec un QR code menant à la pétition ont été publiés par le média local Hong Kong Free Press.
Interrogé par l’AFP le 28 novembre, M. Kwan a qualifié ses demandes de « très basiques ».
« Si ces idées sont considérées comme séditieuses ou qu’elles franchissent une ligne rouge, alors je ne peux plus prédire les conséquences de quoi que ce soit », a‑t‑il déclaré. « Je ne peux qu’agir selon mes convictions. »
Le 29 novembre, le groupe de médias pro-Pékin Hong Kong Ta Kung Wen Wei Media Group a rapporté l’arrestation de M. Kwan. Celui-ci a été vu en train de quitter le commissariat de Cheung Sha Wan le 1er décembre, selon la presse locale, citant l’AFP.
Pékin met en garde les manifestants
Le bureau de la sécurité nationale de la Chine à Hong Kong a publié un avertissement sévère le 29 novembre, promettant une « tolérance zéro » envers quiconque tenterait d’utiliser la tragédie pour semer le trouble.
Les autorités ont mis en garde contre toute exploitation de l’incendie pour « ramener Hong Kong dans le chaos » de 2019, lorsque les manifestants pro-démocratie avaient défié le régime du Parti communiste chinois, entraînant une crise politique.
« Nous avertissons fermement les fauteurs de troubles anti-chinois qui cherchent à “déstabiliser Hong Kong par le désastre”. Peu importe la méthode employée, vous serez tenus responsables et sévèrement sanctionnés », ont martelé les autorités.
Des habitants rendent hommage devant des fleurs déposées au Wang Fuk Court à la suite de l’incendie meurtrier dans le district de Tai Po, Hong Kong, le 30 novembre 2025. (Anthony Kwan/Getty Images)
L’incendie meurtrier suscite colère et questions
L’incendie, démarré le 26 novembre, a ravagé la résidence Wang Fuk Court du district de Tai Po et brûlé pendant plus de 43 heures. Les bâtiments, âgés de quarante ans, entourés d’échafaudages de bambou et recouverts de filets de protection verts pour rénovation, ont piégé de nombreux habitants. Beaucoup de fenêtres avaient été obstruées par des panneaux de mousse pour limiter bruit et poussière – rendant la détection de la fumée extérieure particulièrement difficile.
Les autorités estiment que le foyer s’est probablement déclaré sur les échafaudages extérieurs. La police a arrêté trois hommes pour homicide involontaire. Ils ont été brièvement remis en liberté sous caution avant d’être de nouveau arrêtés par les autorités anti-corruption de Hong Kong, en même temps que huit autres suspects : des chefs de chantier, des directeurs de cabinet d’ingénierie-conseil et des sous-traitants spécialisés dans les échafaudages.
Des personnes font la queue pour déposer des fleurs au Wang Fuk Court à Hong Kong après l’incendie meurtrier du district de Tai Po, le 30 novembre 2025. (Anthony Kwan/Getty Images)
La ville en deuil sur fond de tensions politiques
Partout dans Hong Kong, des milliers de résidents se sont recueillis devant des mémoriaux improvisés. Les centres communautaires se sont couverts de fleurs, de registres de condoléances et de personnes essuyant discrètement leurs larmes.
Le deuil public est profond, mais la frustration gronde également. Nombre de personnes se disant bouleversées par l’ampleur de la tragédie demeurent réticentes à s’exprimer sur les conséquences politiques du drame.
Vue générale des dégâts après l’incendie ayant affecté plusieurs immeubles de Wang Fuk Court dans le district de Tai Po, à Hong Kong, le 28 novembre 2025. (Dale DE LA REY / AFP via Getty Images)
Alors que Hong Kong fait face à l’ampleur humaine de la catastrophe, l’arrestation du porteur de la pétition fait basculer la crise dans une nouvelle phase, où recueillement public rime désormais avec inquiétude sur les nouvelles limites de la liberté d’expression imposées par la loi sur la sécurité nationale.
Fang Xiao et Jacob Burg ont contribué à la rédaction de cet article.
Michael Zhuang est un collaborateur d'Epoch Times, spécialisé dans les sujets se rapportant à la Chine.