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Opinion

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Pierre Rehov : « Le Hamas a toujours profité des cessez-le-feu pour reconstituer ses forces »

ENTRETIEN – Mardi 29 octobre, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a ordonné des frappes sur la bande de Gaza, accusant le Hamas d’avoir tué un soldat israélien et d’avoir violé l’accord prévoyant la restitution des dépouilles d’otages.

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Photo: Crédit photo : Pierre Rehov

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Durée de lecture: 8 Min.

Pierre Rehov est grand reporter, auteur de nombreux ouvrages dont 7 octobre-La Riposte : Israël-Iran, la guerre secrète qu’il co-signe avec Stéphane Simon (Fayard, 2025). Il a également réalisé le documentaire Pogrom(s). La violation du cessez-le-feu par le Hamas est tout sauf une surprise, explique-t-il.
Epoch Times – Quelle analyse faites-vous des frappes menées par l’État hébreu sur la bande de Gaza cette semaine ?
Pierre Rehov – Sans surprise, le Hamas ou les autres organisations terroristes islamistes présentes dans la bande de Gaza violent régulièrement le cessez-le-feu prévu par le plan du président américain.
Nous avons ici affaire à une situation à la fois volatile et précise. Le Hamas aurait accepté le plan en 20 points du président Trump, mais il reste une organisation terroriste qui n’a jamais respecté quoi que ce soit.
Je rappelle que l’islamisme et le djihad prévoient ce qu’ils appellent la hudna, c’est-à-dire une trêve. Mais les islamistes n’acceptent pas pour autant de plan de paix puisque c’est contraire aux règles de leur dogme.
Lorsque Mahomet a voulu conquérir la Mecque, il a prétendu rentrer à la Mecque uniquement pour prier et vouloir faire la paix avec les tribus qui dirigeaient la ville à l’époque, dont celle des Quraysh.
Ensuite, quand il s’est senti suffisamment puissant, et après avoir prêché sournoisement à l’intérieur de la Mecque, il s’est révolté et a massacré à peu près tout le monde. C’est ce qu’on appelle un pacte Quraysh.
Et les Palestiniens, dont la mentalité, la philosophie et l’ethos sont issus de l’islamisme le plus dur, se réfèrent systématiquement à ce pacte.
Je rappelle également que Yasser Arafat, quelques jours après avoir signé les Accords d’Oslo, a prononcé un discours à Khartoum devant la Ligue arabe. Et pendant sa prise de parole,  il a déclaré que sa signature des accords n’était rien d’autre qu’un pacte Quraysh, c’est-à-dire une trêve lui permettant de se renforcer à l’intérieur d’Israël, y compris dans les territoires disputés, et donc de pouvoir détruire l’ennemi de l’intérieur.
Pour les islamistes, encore une fois, les trêves sont uniquement un moyen de se renforcer et de recruter.
Mais pour revenir au cœur de votre question, le Hamas a violé à de multiples reprises le cessez-le-feu. Il est donc normal, qu’Israël, conformément aux règlements internationaux, riposte, y compris très durement.
Ce jeudi, le Hamas a remis à la Croix-Rouge deux corps d’otages israéliens. Mais 11 autres dépouilles doivent toujours être rapatriées. L’organisation terroriste islamiste fait-elle exprès de prendre son temps pour restituer l’ensemble des corps ?
Oui. Le Hamas fait exprès de prendre son temps parce que la trêve lui permet de reconstituer ses forces.
C’est ce qu’il fait depuis sa prise de pouvoir à Gaza en 2007. Le groupe terroriste n’a jamais cessé de provoquer Israël avec des attaques qui aboutissaient ensuite à des cessez-le-feu. Et pendant les cessez-le-feu, il en profitait pour se régénérer afin de passer à nouveau à l’attaque contre Israël.
Cela a été le cas en 2009, 2012, 2020 etc. Le Hamas a toujours profité des cessez-le-feu pour reconstituer ses forces. La même histoire se répète à chaque fois.
En réaction aux frappes israéliennes, Donald Trump a déclaré qu’Israël « devait » riposter et a assuré à des journalistes que le cessez-le-feu n’était pas compromis. Mais de manière générale, le cessez-le-feu, voire le plan de paix du président américain restent fragiles ?
C’est un plan qui, par sa nature, est très fragile. Cela étant, je reconnais au président Trump et à son entourage, notamment Steve Witkoff et Jared Kushner, d’avoir une vision du Proche-Orient beaucoup plus proche de la réalité du terrain que celles des précédentes administrations américaines, de n’importe quel dirigeant de la planète, voire de l’opposition israélienne à l’instar de la gauche.
Toutes ces personnes, contrairement à l’administration Trump, n’ont pas compris qu’il n’y a pas de problème israélo-palestinien, mais bien un problème israélo-arabe. C’est cela la vérité historique.
Par conséquent, aujourd’hui, Israël a tout à fait le droit de se défendre et de répondre aux attaques sournoises du Hamas comme l’a rappelé le président américain.
Par ailleurs, l’État hébreu a bien réagi en changeant la position de la « ligne jaune » qui lui permet de se défendre à l’intérieur d’un territoire très vaste, quitte à le reconquérir entièrement un jour. Je salue d’ailleurs le fait que l’administration américaine ne se soit pas opposée à ce changement de position.
Il  faut bien comprendre qu’il existe un vrai problème de poches cancéreuses à l’intérieur de Gaza qu’il va falloir résoudre à terme. Tant que l’on considérera qu’il n’y a, à Gaza, qu’un problème humanitaire et des innocents, on passera à côté de la triste réalité.
Nous avons affaire à une entité qui a pour seule vocation la destruction de l’État d’Israël.
D’autre part, l’administration américaine a également raison de traiter le mal par l’extérieur avec l’extension des Accords d’Abraham. Elle force, d’une certaine manière, les pays arabes à accepter, à terme, une paix sécuritaire dans l’ensemble du Moyen-Orient, et les oblige à abandonner la cause palestinienne. Une cause fabriquée de toutes pièces par le KGB en 1964.
En termes de transition politique, le plan prévoit que Gaza sera gouvernée par « un comité palestinien technocratique et apolitique » lui-même supervisé par un nouvel organe international de transition, le « Conseil de la paix. » Quel est votre regard sur ce « Conseil de la paix » ?
À vrai dire, je n’y crois pas beaucoup. Nous risquons de nous retrouver avec un système qui va dériver de la même manière que la FINUL (Forces internationale des Nations Unies au Liban).
Pour que cela puisse fonctionner, il faudrait que cet organe international soit en mesure d’intervenir, y compris de manière agressive, à la moindre incartade de ce comité palestinien. Autrement, ce comité va très vite dégénérer et le Hamas va progressivement reprendre le pouvoir.
En réalité, je crois que toute organisation, à l’intérieur de Gaza, qui n’aurait pas la supervision plus ou moins lointaine d’Israël, principal gardien de la paix de la région, ne puisse fonctionner.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.