Pékin promet davantage de soutien à Moscou après l’avertissement tarifaire de Donald Trump

Sergueï Lavrov (à g.), ministre russe des Affaires étrangères, assiste à une réunion avec le dirigeant chinois Xi Jinping au Grand palais du Peuple à Pékin, le 23 avril 2018.
Photo: Naohiko Hatta-Pool/Getty Images
Lors d’une réunion tenue le 15 juillet avec Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, le dirigeant chinois Xi Jinping a déclaré que Pékin renforcerait ses liens avec Moscou.
Le chef du Parti communiste chinois a réaffirmé le « partenariat stratégique global » entre Pékin et Moscou, et s’est engagé à renforcer le soutien mutuel, selon les déclarations des ministères chinois et russe des Affaires étrangères.
Cette déclaration fait suite à l’avertissement lancé le 14 juillet par Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays importateurs de pétrole russe si le Kremlin n’acceptait pas, dans les 50 jours, un accord de paix mettant fin à sa guerre contre l’Ukraine.
M. Lavrov était à Tianjin, en Chine, pour la 25e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de coopération de Shanghai, où il s’est également entretenu avec ses homologues indien, pakistanais et iranien.
Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que M. Lavrov et le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, « ont réaffirmé leur engagement indéfectible à renforcer davantage le partenariat multiforme, stratégique, spécial et privilégié entre la Russie et l’Inde à tous les niveaux ».
En revanche, le ministère indien des Affaires étrangères n’a pas publié de commentaires sur cette rencontre sur son site Internet.
Le 17 juillet, le ministre indien du Pétrole et du Gaz naturel, Hardeep Singh Puri, a laissé entendre que l’Inde pourrait répondre à ses besoins en pétrole en se tournant vers d’autres fournisseurs si les importations russes sont affectées par des sanctions secondaires.
Depuis que l’Union européenne (UE) a imposé un embargo sur les produits pétroliers russes après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les principaux acheteurs de ces produits sont la Chine, l’Inde et la Turquie, selon l’analyse publiée le 11 juillet par le Centre for Research on Energy and Clean Air basé en Finlande.
La Chine et l’Inde ont acheté respectivement 47 % et 38 % des exportations de pétrole brut russe entre le début de l’embargo en décembre 2022 et la fin juin 2025. Au cours de la même période, la Turquie et la Chine ont acheté respectivement 26 % et 13 % des exportations de produits pétroliers raffinés russes, selon l’analyse.
Sanctions secondaires
Le 14 juillet, lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, Donald Trump a donné un délai de 50 jours au Kremlin pour accepter un accord de paix avec l’Ukraine et a mis en garde contre des droits de douane secondaires.
Un responsable de la Maison-Blanche a expliqué que le président américain faisait référence à des droits de douane de 100 % sur les produits russes ainsi qu’à des sanctions secondaires contre les autres pays qui achètent ses produits exportés. En outre, 85 des 100 sénateurs américains ont soutenu un projet de loi qui donnerait à M. Trump le pouvoir d’imposer des droits de douane de 500 % à tout pays qui aide la Russie, mais les dirigeants républicains de la Chambre des représentants attendaient que le président leur donne le feu vert pour le vote.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a écrit sur Telegram qu’il s’était entretenu avec Donald Trump et qu’il « le remerciait pour sa volonté de soutenir l’Ukraine et de continuer à travailler ensemble pour mettre fin aux massacres et pour instaurer une paix durable et juste ».
Les prix du pétrole ont baissé de moins de 1 % le 15 juillet – l’annonce d’un délai de grâce de 50 jours a apaisé les craintes d’une interruption immédiate de l’approvisionnement en pétrole.
Réagissant à l’avertissement de Donald Trump, M. Lavrov a commenté : « Avant, c’était 24 heures, puis 100 jours. Nous avons tous vécu cela. Et nous voulons vraiment savoir ce qui motive le président des États-Unis. »
Il a ajouté que la Russie faisait face à « un nombre sans précédent de sanctions » et qu’elle « en affrontera » de nouvelles.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a laissé entendre que Pékin estimait que « le dialogue et les négociations sont le seul moyen viable de résoudre la crise ukrainienne ».
Au début du mois de juillet, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, aurait confié à Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’UE, que Pékin ne souhaite pas que la Russie perde sa guerre contre l’Ukraine, craignant que l’Amérique ne concentre davantage son attention sur la Chine. Il a également rejeté les accusations de l’UE selon lesquelles le régime chinois assurait un soutien matériel au complexe militaro-industriel russe.
Les services de renseignement européens et américains accusent depuis longtemps l’État-parti chinois d’autoriser ses entreprises privées à faire passer clandestinement des composants d’armes en Russie.
En février, Mme Kallas a qualifié le régime chinois de « facilitateur clé de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine » et a souligné que ce soutien « avait un impact négatif sur les relations entre l’UE et la Chine ».
Elle a rappelé que l’UE avait prononcé des sanctions à l’encontre de 33 entités en Chine et à Hong Kong parce qu’elles avaient « été reconnues coupables d’exporter vers la Russie des composants à double usage et des composants technologiques de pointe, y compris ceux provenant de l’UE, qui sont utilisés par l’armée russe pour mener la guerre contre l’Ukraine ».
En octobre 2024, les États-Unis ont imposé des sanctions à deux sociétés chinoises, affirmant qu’elles étaient responsables du développement et de la fabrication de systèmes d’armes complets en partenariat avec des entreprises russes.
En mai, l’Ukraine a confirmé les renseignements selon lesquels la Chine fournissait des machines-outils, des produits chimiques spécialisés, de la poudre à canon et des composants électroniques pour drones à au moins 20 usines d’armement russes.

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