Pékin espère, semble-t-il, que les vendeurs de voitures d’occasion pourront sauver l’économie chinoise

Un représentant commercial attendant des clients dans un showroom de voitures de luxe à Pékin, le 22 janvier 2019.
Photo: Greg Baker/AFP via Getty Images
Le ministère chinois du Commerce s’est tourné vers le secteur des véhicules d’occasion pour relancer la consommation et, en théorie, remettre l’économie du pays sur la voie de la croissance.
Le vice-ministre du Commerce Sheng Qiuping a déclaré vouloir collaborer avec les gouvernements locaux afin de « supprimer les mesures restrictives sur le marché secondaire automobile » et de libérer ainsi le « potentiel de consommation » du pays.
Face à la situation préoccupante de l’économie chinoise — aggravée par la crise immobilière persistante, les surcapacités de production dans des secteurs stratégiques, et la faiblesse des perspectives d’exportation vers les États-Unis et ailleurs —, cette orientation vers la consommation est logique. Mais un recentrage sur les voitures d’occasion apparaît bien limité au regard de l’ampleur des besoins économiques de la Chine.
La levée des obstacles au marché automobile
Pour parvenir à leurs objectifs, les planificateurs pékinois entendent supprimer les obstacles administratifs qui freinent actuellement les achats de véhicules. En raison des disparités régionales en matière de normes d’émissions, la circulation des voitures d’occasion reste entravée à l’échelle nationale. Le Parti communiste chinois (PCC) veut donc établir une norme unique pour tout le pays. En facilitant la revente et la remise en circulation de ces véhicules, les autorités espèrent dynamiser les dépenses liées à la rénovation et à l’entretien, en plus de celles consacrées à l’achat.
Le PCC souhaite également lever les plafonds sur le nombre de véhicules autorisés dans certaines zones urbaines, autrefois imposés pour contenir la pollution et la congestion. Selon le ministère du Commerce, cette réforme commencera par des programmes pilotes à Pékin, Shanghai et Canton, avant d’être généralisée à l’ensemble du pays. Pékin est convaincu que cette mesure relancera les ventes de voitures, neuves comme d’occasion.
Un potentiel réel mais limité
Le marché chinois de la voiture d’occasion reste sous-développé comparé à celui des économies avancées. D’après l’Association des concessionnaires automobiles de Chine, sur les huit premiers mois de l’année, environ 13 millions de voitures d’occasion ont été vendues, contre 14,7 millions de véhicules neufs (y compris électriques) – soit 1,13 voiture neuve pour chaque voiture d’occasion.
À titre de comparaison, aux États-Unis et en Europe, les ventes de voitures d’occasion représentent trois fois celles des véhicules neufs. Si ces proportions se reproduisaient en Chine, les planificateurs pékinois pourraient en effet avoir raison de miser sur ce marché.
Des limites structurelles profondes
Même si ce programme s’avérait extrêmement efficace dans le secteur automobile, il ne pourrait résoudre les problèmes économiques beaucoup plus vastes du pays. Le marché immobilier reste paralysé par la crise des promoteurs. Par ailleurs, les investissements publics antérieurs dans les capacités de production technologiques et les secteurs politiquement favorisés ont entraîné une surproduction, une déflation, et une chute de l’investissement en capital tant dans les entreprises publiques que privées. Les gouvernements locaux, confrontés à une dette écrasante et à un manque de liquidités, ne peuvent plus miser sur les dépenses d’infrastructure — l’une des solutions traditionnelles de Pékin pour relancer la croissance.
Dans le même temps, les exportations vers les États-Unis et l’Europe se sont fortement ralenties, tandis que de nouveaux droits de douane imposés par Washington, Bruxelles et d’autres capitales assombrissent les perspectives d’un redressement notable.
Un pansement sur une plaie ouverte
Renforcer le marché des voitures d’occasion pourrait certes stimuler quelques dynamiques de consommation, mais la Chine affronte des difficultés bien plus profondes qu’une simple relance dans l’automobile ne saurait résoudre. Pékin a besoin d’un plan beaucoup plus global et ambitieux. Les autorités ont bien lancé d’autres initiatives, mais, à l’instar de ce programme automobile, elles apparaissent fragmentaires et insuffisantes pour répondre à la crise systémique que traverse aujourd’hui l’économie chinoise.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.
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