Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

« Nous lançons l’initiative Make Europe Healthy Again (MEHA) pour contrôler l’industrie pharmaceutique » : Rob Roos

ENTRETIEN - Trois ans après la crise Covid, une nouvelle initiative européenne voit le jour pour défendre la liberté sanitaire et l’indépendance scientifique face à l’emprise des géants pharmaceutiques : Make Europe Healthy Again (MEHA).

top-article-image

Rob Roos, ancien eurodéputé et vice-président de l’organisation MEHA.

Photo: DR

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 17 Min.

Fondée par le Dr. Maria Hubmer-Mogg et directement inspirée par le mouvement Make America Heathy Again (MAHA), l’organisation a officiellement lancé ses activités ce mercredi au Parlement européen, en présence du Dr Robert Malone et avec le soutien de Children’s Health Defense. Ancien eurodéputé conservateur et vice-président de l’organisation, Rob Roos revient sur la genèse de ce projet, alerte sur « la menace de l’agenda climatique » pour la santé humaine, et plaide pour une science fondée sur la quête de vérité et libérée du seul intérêt financier. Il répond également à la question du discrédit que peuvent faire peser sur le mouvement certains charlatans se réclamant de sa cause.

Epoch Times : Comment est née cette initiative MEHA ?

Rob Roos : Les racines du mouvement Make Europe Healthy Again (MEHA) remontent aux années de la crise du Covid. À cette époque, des restrictions de liberté inédites ont été imposées aux populations, non seulement en Europe, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Face à cela, des hommes et des femmes courageux ont choisi de ne pas se taire.

Ces voix dissidentes ont osé remettre en question le récit officiel que les gouvernements et les institutions internationales tentaient d’imposer. Beaucoup l’ont payé cher : censurés, diffamés, exclus professionnellement. Et pourtant, ils ont tenu bon.

Lors du lancement de MEHA mercredi, j’ai évoqué la Déclaration de Great Barrington, un jalon essentiel de cette résistance. Signée par près de 900.000 personnes, dont des scientifiques de renom issus d’Oxford, Stanford et Harvard, elle appelait à une approche plus équilibrée et fondée sur des données probantes pour gérer la pandémie.

Au lieu d’être entendus, ces éminents médecins ont été ostracisés, simplement parce qu’ils avaient osé remettre en cause l’orthodoxie dominante. Gouvernements et médias les ont transformés en parias.

Ce fut une période sombre pour beaucoup d’entre nous. La plupart des gens avaient peur de parler, et ceux qui l’ont fait ont été sanctionnés : privés de financement, réduits au silence, discrédités. Mais ces épreuves ont aussi créé des liens. Peu à peu, à travers des contacts informels, s’est formée une communauté d’esprits libres partageant les mêmes valeurs : la science, la liberté et la transparence.

Hier a marqué le moment où nous avons décidé de donner forme à cette communauté, de lui offrir une structure et une voix. Inspirés par l’initiative américaine Make America Healthy Again, nous avons créé Make Europe Healthy Again. Notre objectif est simple : contrôler Big Pharma et Big Food.

Nous avons vu, pendant la pandémie, comment les géants pharmaceutiques ont pu influencer nos politiques publiques. Ils ont promu les « vaccins » tout en écartant activement les traitements alternatifs. Les autorisations d’urgence ont été accordées précisément parce que les autorités prétendaient qu’il n’existait aucune alternative. Mais il y en avait.

De nombreuses études montraient le potentiel de traitements comme l’ivermectine ; pourtant, ils ont été dénigrés ou interdits, car les reconnaître aurait remis en cause ces autorisations d’urgence, et donc menacé les profits pharmaceutiques.

C’est pourquoi nous avons créé MEHA. Ce n’est pas seulement un mouvement : c’est un appel à reprendre le contrôle de notre santé, de notre liberté et de notre bon sens.

Vous accusez « Big Food » et mettez également en garde contre « l’agenda climatique », que vous décrivez comme une menace pour la santé. En quoi l’est-il selon vous ?

À cause des politiques climatiques actuelles et du lobbying agressif de Big Food, qui agit selon le modèle d’influence de Big Pharma, notre système de production alimentaire est attaqué. Depuis des millénaires, la viande, le lait et le poisson constituent les fondements de l’alimentation humaine. Et pourtant, aujourd’hui, ces aliments essentiels sont présentés comme nuisibles à la planète, et menacés de disparition au nom d’une prétendue « sauvegarde du climat ».

À leur place, décideurs et grandes entreprises promeuvent des substituts artificiels : viandes cultivées en laboratoire, protéines d’insectes, ou encore ersatz végétaux.

Mais soyons honnêtes : si l’on doit choisir entre une viande issue d’un animal élevé naturellement, comme l’humanité en consomme depuis des millénaires, et une viande fabriquée dans un laboratoire, le choix est évident. Pour ma part, je choisirai toujours le naturel plutôt que le synthétique.

Les aliments transformés et artificiels ne sont pas seulement moins nutritifs : ils comportent aussi des risques sanitaires encore largement méconnus. La nature nous a toujours offert tout ce dont nous avons besoin. En la remplaçant par des produits industriels, nous mettons en péril à la fois notre santé et notre environnement.

Plus inquiétant encore : ces mêmes politiques climatiques servent désormais de prétexte pour s’en prendre à nos agriculteurs, accusés de « polluer » à cause des émissions liées à l’élevage. Pendant ce temps, des hectares entiers de terres et d’écosystèmes sont détruits pour y installer des champs d’éoliennes ou de panneaux solaires, sans bénéfice écologique réel.

C’est un paradoxe dangereux. La véritable durabilité ne consiste pas à combattre la nature, mais à travailler avec elle. Soutenir l’agriculture traditionnelle et consommer des aliments naturels, peu transformés, ce n’est pas un retour en arrière : c’est le choix le plus rationnel, le plus sain.

Nous n’avons pas besoin de remplacements artificiels. Nous avons besoin de rester proches de la nature, car c’est là que réside la véritable santé.

Au-delà du remplacement de produits naturels par des substituts artificiels et des risques sanitaires que cela pourrait entraîner selon vous, vous évoquez également une dimension plus politique : celle d’une volonté de contrôle des populations.

Absolument. Car qui contrôle la nourriture contrôle les peuples. L’Histoire du communisme nous l’a appris à plusieurs reprises.

Dans les années 1930, Joseph Staline s’en est pris aux paysans indépendants de l’Union soviétique, confisquant leurs terres et leurs récoltes au nom de la collectivisation. Le résultat fut d’ailleurs l’une des pires famines de l’époque moderne : des millions de personnes sont mortes de faim.

Quelques décennies plus tard, dans les années 1960, Mao Zedong a reproduit le même schéma en Chine. L’État a d’abord détruit les modes de production alimentaire traditionnels, avant d’utiliser la faim et la pénurie comme instruments de contrôle idéologique.

C’est pourquoi nous devons rester vigilants aujourd’hui. Dès que les populations sont privées de nourriture, elles deviennent vulnérables à la manipulation.

Nous devons donc protéger nos agriculteurs, notre souveraineté alimentaire, et notre accès à une alimentation naturelle et saine. Une nation qui perd le contrôle de sa nourriture perd aussi le contrôle de son destin.

Concrètement, de quelle manière MEHA entend-elle structurer son action afin de combattre les dérives que vous évoquez ?

La première ambition de Make Europe Healthy Again (MEHA) est de revenir aux fondamentaux d’une bonne santé : rappeler à chacun que le bien-être commence par une alimentation saine, une activité physique régulière et un mode de vie équilibré. Ces vérités élémentaires, que l’on croyait acquises, tendent aujourd’hui à être oubliées.

L’alimentation saine, en particulier, est un bien qu’il nous faut protéger. Comme je l’ai mentionné plus tôt, les agriculteurs européens, ceux-là mêmes qui nous nourrissent depuis des générations, sont aujourd’hui attaqués de toutes parts. Nous devons être à leurs côtés.

Notre priorité est de résister à la domination croissante des aliments artificiels et ultra-transformés, dont nous savons qu’ils nuisent à la santé humaine.

Notre deuxième objectif majeur est la création d’un organisme véritablement indépendant chargé de surveiller et d’évaluer l’industrie pharmaceutique. Certes, l’Europe dispose déjà de l’Agence européenne des médicaments (EMA), basée à Amsterdam. Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, l’EMA n’est pas indépendante : près de 91 % de son financement provient directement des laboratoires pharmaceutiques, tandis que la contribution de l’Union européenne est inférieure à 10 %.

Comme l’a justement résumé hier ma collègue, la Dre Maria Hubmer-Mogg : « C’est un peu comme si l’on confiait la garde du saucisson au chien. » Quand l’industrie censée être régulée finance elle-même son régulateur, il ne peut y avoir de véritable contrôle.

Durant mon passage au sein de la Commission Santé du Parlement européen, j’ai pu constater de mes propres yeux la puissance du lobby pharmaceutique à Bruxelles.

C’est pourquoi nous estimons que l’Europe a aujourd’hui un besoin urgent d’un organe de contrôle réellement indépendant, ne recevant aucun financement de Big Pharma ni d’aucune entité qui lui soit liée.

Au sein de MEHA, notre équipe regroupe médecins, scientifiques et juristes déterminés à mener des évaluations transparentes et indépendantes des études médicales et des traitements. Notre ambition est de rétablir la confiance du public dans les politiques de santé, en garantissant que les preuves scientifiques soient analysées sans influence commerciale.

J’ai moi-même assisté à une audition avec l’EMA, et ce que j’y ai appris m’a profondément alarmé. J’ai demandé à leurs représentants comment ils vérifiaient les informations transmises par les laboratoires pharmaceutiques. Leur réponse m’a stupéfié : ils ne mènent aucune étude indépendante. Ils se contentent d’examiner les données fournies par les entreprises elles-mêmes, et, sur cette base, délivrent leurs autorisations.

Autrement dit, ils prennent pour argent comptant la parole des mêmes sociétés dont les intérêts financiers dépendent de ces autorisations. C’est tout sauf une démarche scientifique indépendante.

Et l’on ne peut pas dire que ces entreprises aient un passé irréprochable : un simple coup d’œil à la liste des amendes infligées aux géants pharmaceutiques, disponible sur Wikipédia, révèle des dizaines de milliards de dollars de sanctions pour fraudes, manipulations de données ou dommages causés aux patients. Un tel historique devrait suffire à rendre tout régulateur responsable extrêmement prudent. Il y a donc toutes les raisons d’être vigilants et exigeants.

C’est là tout l’esprit de MEHA : non pas l’opposition systématique, mais la vigilance, la transparence et la défense de la liberté sanitaire pour tous les Européens.

Nous insistons sur notre indépendance totale. Notre mouvement est financé, mais jamais par des donateurs ayant des intérêts à tirer profit de nos recommandations. Il nous faut une science basée sur la recherche de la vérité, non celle du profit.

Une population en bonne santé, cela sert aussi l’intérêt économique national. 

Aujourd’hui, les dépenses de santé représentent l’un des poids les plus lourds pour les budgets publics à travers l’Europe. L’une des principales causes de cette explosion des coûts réside dans la montée fulgurante des maladies chroniques : obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires… Autant de pathologies directement liées à une alimentation déséquilibrée et à un manque d’activité physique.

Si nous parvenons à déplacer le centre de gravité du soin vers la prévention, nous sauverons non seulement des vies, mais aussi des milliards d’euros d’argent public. La prévention est, en réalité, le meilleur investissement qu’une société puisse faire dans son propre avenir : elle maintient les individus en bonne santé, ce qui, par ricochet, stimule la croissance économique.

Prenons l’exemple des Pays-Bas : dans un pays de 18 millions d’habitants, plusieurs centaines de milliers de personnes au sein de la population en capacité de travailler sont aujourd’hui éloignées du travail pour des raisons de santé de longue durée. C’est un coût économique et social colossal.

Parmi les « profiteurs » de la crise sanitaire, indépendamment des fabricants de vaccins, on trouve également, chez ceux qui ont critiqué les mesures sanitaires, des charlatans, mus par des motivations financières, idéologiques ou parfois purement narcissiques. Parmi d’autres dérives, la défiance envers les institutions née de la période Covid a, dans certains cas, favorisé la prolifération de théories parfois délirantes ou de thérapies douteuses, avec, parfois, des conséquences tragiques. Exploitées sur le plan médiatique, ces affaires ont souvent servi de prétexte pour discréditer en bloc toute voix critique à l’égard de certaines politiques sanitaires. Comment analysez-vous ce phénomène, qui pèse sur la crédibilité du mouvement depuis ses origines ? Et comment y remédier ?

Permettez-moi de commencer par ceci : il est bon de prendre une pilule rouge… mais pas cinq par jour. Autrement dit, il est sain de remettre en question, sans pour autant sombrer dans le complotisme, dont je ne suis pas adepte.

Le problème vient du fait que la confiance des citoyens dans nos institutions a été brisée par nos propres gouvernements. Durant la crise du Covid, ils ont menti, dissimulé et imposé des mesures qui ont détruit des vies et des moyens de subsistance. Et, à ce jour, personne n’a jamais prononcé ce mot simple : « pardon ». Aucune remise en question, aucune responsabilité assumée.

Pour que l’industrie pharmaceutique et nos gouvernants regagnent la confiance du public, il faudrait donc qu’ils commencent par un acte d’honnêteté et d’humilité : reconnaître les erreurs commises pendant la crise du Covid et avoir le courage de dire « désolé : nous nous sommes trompés ».

En attendant, nous devons cultiver un scepticisme lucide et sain à l’égard d’une industrie dont la priorité n’est pas prioritairement la santé des patients.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.