Taxi-boats
Lutte contre les taxi-boats : la France change de stratégie dans la Manche
La France a franchi un cap décisif vendredi en annonçant le lancement imminent d'opérations maritimes ciblant les embarcations clandestines avant l'embarquement des migrants. Cette évolution stratégique, réclamée de longue date par Londres, marque un tournant dans la lutte contre les passeurs opérant dans la Manche.
Des migrants pataugent dans l’eau pour rejoindre un « taxi-boat » qui les emmènera de l’autre côté de la Manche vers le Royaume-Uni à l’aube du 19 septembre 2025 à Gravelines, en France.
Photo: Dan Kitwood/Getty Images
Les autorités françaises se trouvent confrontées à une tactique redoutable des réseaux de passeurs : les « taxi-boats ». Le principe ? Une embarcation part d’un lieu discret, loin des zones de surveillance habituelles, puis vient récupérer les migrants directement dans l’eau avant de mettre le cap sur l’Angleterre.
Contrôle et interception des bateaux suspectés d’être des taxi-boats
La Gendarmerie maritime dispose désormais de nouveaux pouvoirs d’intervention. Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, les équipes pourront prochainement contrôler et intercepter les bateaux suspectés d’être des taxi-boats, comme le révèle un document signé conjointement par plusieurs préfets du littoral nord.
Sécurité avant tout : un cadre strict pour les interventions
Les nouvelles opérations s’inscrivent dans un cadre rigoureux privilégiant la protection des vies humaines. Les interceptions interviendront exclusivement avant l’embarquement des passagers, écartant ainsi les risques liés à une intervention sur une embarcation surchargée.
Cécile Gressier, procureure de Boulogne-sur-Mer, confirme que l’ensemble du dispositif a été élaboré en étroite collaboration avec les parquets compétents. Par ailleurs, l’utilisation de filets pour stopper les embarcations – une hypothèse qui avait suscité l’indignation des associations humanitaires et d’Amnesty International – n’est pas envisagée à ce stade.
Un trafic et une tragédie humaine qui s’intensifient
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ces taxi-boats transportent régulièrement plus de 70 personnes dans des conditions extrêmement dangereuses. Le bilan humain est lourd, avec au moins 27 décès recensés cette année lors de tentatives de traversée.
Depuis janvier, plus de 39 000 personnes ont atteint les côtes britanniques par la mer, un chiffre supérieur à l’ensemble de l’année 2024, bien que restant inférieur au record de 2022 (45 000 arrivées). La majorité des migrants proviennent de cinq pays : l’Érythrée, l’Afghanistan, l’Iran, le Soudan et la Somalie.
Pression politique croissante des deux côtés de la Manche
Le gouvernement travailliste britannique, confronté aux critiques de la droite nationaliste, a dévoilé ce mois-ci une réforme visant à durcir sa politique migratoire. Londres espère ainsi dissuader les arrivées irrégulières, un objectif qui demeure difficile à atteindre malgré les efforts déployés.
Un porte-parole britannique a rappelé que le Royaume-Uni avait déjà œuvré pour que les autorités françaises adaptent leurs tactiques maritimes, notamment dans les zones de faible profondeur où opèrent les passeurs.
Avec AFP
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