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L’insuline chez la femme : alliée naturelle ou menace cachée pour la santé ?
La première menstruation d’une femme marque le début de son passage vers l’âge adulte. Des décennies plus tard, lorsque sa fille entame à son tour ce même cycle, la mère approche souvent des dernières étapes du sien. Ainsi va le cycle de la vie reproductive féminine.

Photo: Epoch Times
Tout au long de ces phases, l’insuline — une hormone souvent négligée — agit discrètement en coulisses pour répondre aux besoins changeants du corps. La résistance à l’insuline peut être une bénédiction naturelle, en apportant l’énergie nécessaire à la croissance, mais elle peut aussi devenir une véritable tempête, perturbant le stockage des graisses et la régulation du sucre dans le sang, jusqu’à provoquer du diabète ou des maladies cardiaques.
« Il existe en quelque sorte trois périodes clés où les femmes peuvent développer une résistance à l’insuline : la puberté, la grossesse et la périménopause », explique la Dre Roshani Sanghani, endocrinologue et spécialiste de la santé métabolique, au Epoch Times.
Cependant, avec une alimentation adaptée et d’autres facteurs favorables, il est possible de mieux contrôler la résistance à l’insuline et de la maintenir en équilibre tout au long de la vie.
Puberté : une hausse surprenante de la résistance à l’insuline
« La santé métabolique devient un sujet de plus en plus pertinent, même pour les jeunes filles », souligne la Dre Sanghani.
Beaucoup connaissent les effets des hormones sexuelles, mais une autre hormone joue un rôle clé : l’insuline.
Une élévation naturelle et temporaire de la résistance à l’insuline survient à la puberté, favorisant la croissance en taille, en poids et la maturation reproductive. Contrairement à la résistance à l’insuline pathologique de l’adulte, cette hausse est normale et tend à revenir à un niveau proche de celui d’avant la puberté une fois cette période achevée.
Cette augmentation est stimulée par l’hormone de croissance, qui rend le corps moins sensible à l’insuline, entraînant une hausse de la glycémie afin d’assurer l’énergie nécessaire aux poussées de croissance. Pour compenser, le pancréas augmente sa production d’insuline afin de maintenir l’équilibre du sucre dans le sang.
Mais un stress métabolique — comme une consommation excessive de sucre, d’aliments ultra-transformés ou riches en graisses — peut perturber cette réponse et même altérer le développement pubertaire normal.
Une étude menée sur des souris, publiée dans JCI Insight en 2022, a montré qu’une alimentation riche en graisses pendant la puberté altérait la capacité du pancréas à croître et à produire de l’insuline, augmentant le risque de diabète de type 2 à l’âge adulte.
Les années de fertilité et la montée du SOPK
Si la résistance à l’insuline est normale à la puberté, elle peut, chez certaines jeunes femmes, croiser le chemin du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), un trouble hormonal fréquent chez les femmes en âge de procréer.
Les jeunes femmes atteintes de SOPK prennent souvent du poids et ont des règles irrégulières.
« Le lien entre le SOPK et la prise de poids, c’est la résistance à l’insuline, qui est à l’origine des deux. Avec la prise de poids, on peut développer un SOPK », précise la Dre Sanghani.
Le SOPK est également associé à un risque accru de diabète de type 2 plus tard dans la vie. Les traitements hormonaux souvent utilisés pour le gérer, comme la pilule contraceptive, peuvent parfois aggraver la santé métabolique.
« Beaucoup de contraceptifs oraux font baisser d’autres hormones et aggravent les problèmes. Cela accroît la résistance à l’insuline, et c’est pourquoi de nombreuses femmes prennent du poids sous pilule », explique à Epoch Times la Dre Debra Muth, naturopathe spécialisée dans la santé hormonale féminine.
La grossesse : une nouvelle flambée d’insuline pour le bébé
La grossesse entraîne des changements profonds dans les niveaux d’insuline. Pour soutenir la croissance du fœtus, le corps devient naturellement plus résistant à l’insuline, tandis que les cellules pancréatiques se multiplient pour en produire davantage. Chez la plupart des femmes, cette adaptation permet de maintenir une glycémie équilibrée, mais un stress métabolique peut dépasser les capacités du corps, conduisant au diabète.
Les médecins dépistent le diabète gestationnel au troisième trimestre, période où il se manifeste le plus souvent.
« La croissance du bébé s’accélère, et les niveaux de progestérone augmentent rapidement, ce qui favorise la résistance à l’insuline », explique la Dre Sanghani. Une prise de poids excessive, un déséquilibre glycémique préalable ou une alimentation riche en produits transformés et en sucres peuvent aggraver cette résistance naturelle, même chez les femmes qui ne développent pas de diabète gestationnel.
Environ 9 % des femmes développent un diabète gestationnel, ce qui augmente leur risque de résistance persistante à l’insuline après l’accouchement, ainsi que leur risque à vie de diabète de type 2.
« Être enceinte ne signifie pas qu’il faut manger pour deux. Il faut rester attentive à son alimentation. Plus la qualité de votre régime est élevée, mieux vous et votre bébé gérerez les risques liés à la naissance et aux complications », souligne à Epoch Times le Dr Grant Antoine, médecin en médecine intégrative et fonctionnelle.
Périménopause, ménopause et au-delà
À l’approche de la cinquantaine, la résistance à l’insuline peut de nouveau poser problème — avec un impact notable sur la santé métabolique et cardiovasculaire.
La baisse des œstrogènes et de la progestérone modifie le stockage des graisses et la sensibilité à l’insuline, entraînant souvent une accumulation de graisse abdominale, une perte de masse musculaire et un risque accru de troubles métaboliques et cardiaques.
Les recherches montrent que le risque de diabète est plus élevé pendant la pré- et la périménopause qu’après la ménopause, en raison du déclin de la sensibilité à l’insuline et de la fonction pancréatique.
« Nous courons toutes ce risque à mesure que nous avançons dans la ménopause : la résistance à l’insuline, les problèmes métaboliques et la prise de poids », rappelle la Dre Muth.
Même les femmes qui ont une hygiène de vie exemplaire peuvent constater des changements.
« J’ai vu des femmes dont l’alimentation était irréprochable, sans aucun excès, et qui présentaient malgré tout ce ventre, cette sensation de ballonnement », ajoute-t-elle.
La baisse des œstrogènes perturbe le métabolisme du glucose et le stockage des graisses, tandis que les changements dans la régulation de l’hormone de croissance et du cortisol modifient la répartition des graisses.
Sans l’effet protecteur des œstrogènes, il devient plus difficile de maintenir un poids stable au niveau de l’abdomen, précise le Dr Antoine.
De nombreuses femmes se tournent alors vers le traitement hormonal substitutif (THS). La Dre Sanghani conseille d’envisager le THS dès la périménopause ou au début de la ménopause, après avoir confirmé avec son médecin que c’est indiqué.
Le THS peut améliorer le métabolisme du glucose et des lipides, ainsi que la résistance à l’insuline, surtout lorsqu’un œstrogène transdermique (absorbé par la peau) est associé à une progestérone micronisée par voie orale, une forme bio-identique mieux assimilée par l’organisme, explique-t-elle.
« Indirectement, le THS améliore la qualité du sommeil et l’humeur, ce qui peut aussi réduire la résistance à l’insuline. »
Protéger son métabolisme tout au long de la vie
Adopter des stratégies globales combinant hygiène de vie, nutrition et gestion du stress permet de préserver la sensibilité à l’insuline à chaque étape.
Alimentation
Les hormones sont fabriquées à partir du cholestérol, essentiel à la production des principales hormones stéroïdes comme la DHEA et les œstrogènes. La DHEA est une hormone précurseur qui se transforme en androgènes et en œstrogènes, soutenant la production de testostérone et d’œstrogènes.
« Il est important de ne pas trop faire baisser le cholestérol », avertit la Dre Muth, citant les statines comme exemple de médicaments qui peuvent freiner sa production.
Elle insiste aussi sur l’importance de la qualité des aliments :
« Les personnes qui ne consomment pas du tout de viande manquent souvent de bonnes graisses et de protéines de qualité. On observe plus de problèmes métaboliques chez les femmes véganes ou celles qui mangent une alimentation typiquement américaine, riche en produits industriels. »
Les oméga-3 sont essentiels, notamment avec l’âge, ajoute-t-elle. 85 g de poisson gras par jour peuvent suffire, mais la plupart des gens n’en consomment pas assez. L’objectif devrait être de 2 à 3 grammes par jour pour protéger la santé cardiaque à mesure que la résistance métabolique augmente.
L’apport en protéines est également crucial. La plupart des femmes en consomment trop peu — entre 20 et 40 g par jour — alors qu’il faudrait viser entre 80 et 100 g, selon la Dre Muth.
La Dre Sanghani souligne aussi le rôle des glucides : « pauvre en glucides, sans aucun doute. C’est la base de tout. »
La Dre Muth approuve et ajoute qu’un nutriment comme l’inositol peut aussi améliorer la sensibilité à l’insuline. L’inositol se trouve naturellement dans des aliments comme les oranges, le melon et les haricots.
« 250 g de haricots par jour suffisent à couvrir vos besoins en inositol, tout en vous apportant 30 g de protéines », note-t-elle.
L’inositol aide les cellules à mieux répondre à l’insuline et à stabiliser la glycémie. Des études montrent qu’il est particulièrement bénéfique pour les personnes souffrant de résistance à l’insuline ou de SOPK, en améliorant l’absorption du glucose.
Mode de vie
Pour la Dre Muth, le sommeil est un pilier essentiel — et trop souvent négligé — du métabolisme. Un sommeil perturbé, de l’adolescence à la ménopause, élève le cortisol, ce qui affecte l’insuline et déstabilise la glycémie.
L’entraînement en résistance est aussi indispensable tout au long de la vie : plus de muscle signifie un métabolisme plus actif et une meilleure régulation du sucre sanguin. À mesure que les hormones diminuent, préserver et renforcer sa masse musculaire permet de contrer la prise de graisse naturelle.
La santé métabolique est un processus global. La Dre Sanghani la compare à un véhicule à quatre roues : nutrition, sommeil, gestion du stress et exercice.
« La vie apporte son lot de défis et de revers, donc tout est dynamique : il faut agir sur ces quatre domaines à chaque étape de la vie pour optimiser la résistance à l’insuline. »
« Quel que soit le sujet de santé métabolique dont on parle, le mot résistance à l’insuline reviendra toujours », ajoute-t-elle.
Ces quatre piliers soutiennent les femmes tout au long de leur vie. Selon elle, l’essentiel est d’adopter une approche flexible : aligner ces “roues” selon les circonstances de la vie permet de garder la résistance à l’insuline sous contrôle.
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