Les aliments ultra-transformés augmentent le risque de décès prématuré : étude

Les aliments ultra-transformés, comme les boissons gazeuses, reposent sur des additifs tels que des colorants alimentaires et des arômes.
Photo: Benjamin Chasteen/Epoch Times
Une étude de longue durée révèle un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et une mortalité plus élevée toutes causes confondues.
« À mesure que la recherche sur les aliments ultra-transformés progresse, le débat s’intensifie également », a écrit Kathryn Bradbury — chercheuse senior à l’École de santé des populations de l’Université d’Auckland — dans un éditorial consacré à l’étude.
Mme Bradbury a rédigé cet éditorial dans The BMJ, la revue médicale à comité de lecture qui a publié l’étude menée par une équipe internationale de chercheurs.
Elle souligne que le système alimentaire mondial « est largement dominé par des produits emballés au profil nutritionnel souvent médiocre ». Selon elle, ces aliments profitent avant tout aux entreprises qui « transforment des matières premières bon marché en produits alimentaires attractifs, faciles à conserver et commercialisables, dans une logique de rentabilité ».
Dans sa définition, The BMJ classe parmi les AUT les boissons gazeuses sucrées, les confiseries, les snacks industriels extrudés, les alcools forts (spiritueux) ou encore le pain complet produit à grande échelle et vendu emballé.
Ces produits sont généralement « très énergétiques et riches en sucres ajoutés, en graisses saturées et en sel ».
Une étude sur plusieurs décennies
L’étude a suivi 74.563 infirmières dans 11 États américains entre 1984 et 2018, ainsi que 39.501 professionnels de santé masculins répartis dans 50 États entre 1986 et 2018. Les chercheurs ont utilisé, tous les quatre ans, un « questionnaire semiquantitatif de fréquence alimentaire » afin d’évaluer la consommation des participants et de l’associer à la mortalité toutes causes confondues, ainsi qu’à la mortalité spécifique liée au cancer, aux maladies cardiovasculaires et à d’autres causes (notamment respiratoires et neurodégénératives).
Au cours du suivi médian de 34 ans pour les femmes et de 31 ans pour les hommes, l’étude a recensé 30.188 décès féminins et 18.005 décès masculins.
Les viandes transformées (ou produits « prêts à consommer » à base de viande, volaille et fruits de mer), les boissons sucrées ou édulcorées artificiellement, les desserts à base de produits laitiers, ainsi que certains aliments ultra-transformés consommés au petit-déjeuner ont tous été « associés à une mortalité plus élevée, toutes causes confondues ».
L’étude indique également qu’« une consommation plus importante d’aliments ultra-transformés était liée à une mortalité légèrement plus élevée, principalement due à des causes autres que le cancer et les maladies cardiovasculaires ». Les associations variaient selon les sous-catégories d’aliments ultra-transformés, les produits prêts à consommer à base de viande, volaille et fruits de mer présentant des liens particulièrement forts avec la mortalité.
Additifs et faible qualité nutritionnelle
« De nombreux additifs alimentaires ont été développés au fil du temps pour répondre aux besoins de la transformation alimentaire à grande échelle », a indiqué l’OMS. « Ils sont ajoutés afin de garantir que les aliments transformés restent sûrs et en bon état tout au long de leur parcours, des usines ou cuisines industrielles jusqu’aux entrepôts, aux magasins, puis aux consommateurs. Les additifs servent également à modifier les propriétés sensorielles des aliments, comme le goût, l’odeur, la texture et l’apparence. »
L’étude s’appuie sur la classification NOVA, développée au Brésil, qui distingue les aliments selon leur degré de transformation, du groupe 1 (minimale) au groupe 4 (ultra-transformée).
Selon les chercheurs, les AUT représentent 57 % de l’apport alimentaire quotidien des adultes, et 67 % chez les jeunes.
« Les aliments ultra-transformés contribuent de manière disproportionnée aux apports en sucres ajoutés, en sodium, en graisses saturées et trans, ainsi qu’en glucides raffinés, tout en étant pauvres en fibres », précise l’étude.
« En plus de leur faible qualité nutritionnelle, ils peuvent contenir des substances nocives, comme des additifs ou des contaminants formés au cours du processus de transformation. »
Les preuves scientifiques sont de plus en plus nombreuses à établir un lien entre la consommation d’AUT et divers problèmes de santé : obésité, maladies cardiovasculaires, cancer colorectal, diabète de type 2, mais aussi dépression et cancer du sein post-ménopause.
Une prudence dans les recommandations alimentaires
Mme Bradbury rappelle que l’Agence internationale de recherche sur le cancer (CIRC) et le Fonds mondial de recherche sur le cancer (WCRF) ont indiqué que l’alcool et les viandes transformées peuvent provoquer le cancer.
Cependant, elle souligne que l’étude conclut logiquement « que tous les aliments ultra-transformés ne doivent pas nécessairement être restreints de manière universelle et qu’une réflexion prudente est nécessaire avant d’inclure des recommandations sur ces aliments dans les directives alimentaires ».
« La plupart des directives alimentaires insistent déjà, de manière implicite, sur la consommation d’aliments moins transformés », précise-t-elle. « Dans les pays où des produits emballés à grande échelle et peu coûteux, comme les pains complets, constituent un aliment de base recommandé et une source importante de fibres, ajouter une recommandation générale sur l’évitement des aliments ultra-transformés n’est pas utile. »
De telles recommandations générales peuvent aussi donner l’impression erronée que tous les aliments non ultra-transformés sont automatiquement « sains et peuvent être consommés librement ». Mme Bradbury juge cela « problématique », car le CIRC et le WCRF ont indiqué que la consommation de viande rouge, bien qu’elle ne soit pas considérée comme ultra-transformée, peut augmenter le risque de cancer colorectal.
Des politiques publiques en cours
Plusieurs pays ont commencé à sensibiliser leur population aux dangers des AUT.
Ces initiatives « incluent la restriction de la publicité pour les aliments malsains destinée aux enfants, l’ajout d’étiquettes avertissant de la faible valeur nutritionnelle de certains produits, des taxes sur les boissons sucrées et l’interdiction des huiles partiellement hydrogénées, source de graisses trans industrielles », a précisé Mme Bradbury.
Elle encourage une adoption plus large de ces stratégies à l’échelle mondiale, ainsi que « des interventions plus ambitieuses et le renforcement des protections pour empêcher que les politiques soient influencées par des multinationales de l’alimentation dont les intérêts ne sont pas alignés avec la santé publique ou les objectifs environnementaux ».

Matt McGregor couvre l'actualité de la Caroline du Nord et du Sud pour Epoch Times New York.
Articles actuels de l’auteur









