Le test simple qui pourrait en finir avec le syndrome de l’intestin irritable

Photo: nobeastsofierce/Shutterstock
Les ballonnements de Darla O’Dwyer étaient si sévères en 2010 qu’elle pouvait littéralement mesurer l’augmentation de son tour de taille entre le matin et la fin de la journée.
Parfois, ces ballonnements s’accompagnaient de constipation et, le soir venu, elle souffrait souvent de douleurs intenses qui l’empêchaient de se reposer.
Au fil des années, elle a tenté d’atténuer ses symptômes en adoptant un régime riche en fibres, en utilisant des laxatifs, en prenant des antibiotiques et en éliminant certains aliments selon des protocoles conçus pour le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou la prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO, de l’anglais Small Intestinal Bacterial Overgrowth ). Dans bien des cas, ces remèdes soulageaient un symptôme tout en aggravant un autre.
Comprendre pourquoi cela se produisait et comment y remédier lui a pris des années d’investigation, même si Darla O’Dwyer est diététicienne et professeure en nutrition.
« C’était très difficile à expliquer aux médecins », confie-t-elle à Epoch Times. « Je ne savais même pas comment cela s’appelait. »
Le soulagement est finalement venu après qu’elle a passé un test respiratoire spécialisé, qui a enfin validé ses multiples consultations et plaintes. Elle a ainsi découvert qu’il existait une cause précise — la prolifération méthanogène intestinale ( IMO pour Intestinal Methanogen Overgrowth), autrefois considérée comme un sous-type de SIBO — et surtout un traitement très efficace.
Pour l’IMO, le test respiratoire est la seule façon d’identifier la cause des troubles digestifs. Ces tests permettent aussi de distinguer deux types de SIBO, chacun nécessitant un traitement spécifique. Rapides, simples, relativement peu coûteux, ils pourraient, selon la recherche, aider à identifier la cause profonde des symptômes de millions d’Américains souffrant de SII.
« Ces gens souffrent sans savoir pourquoi », explique la naturopathe et spécialiste du SIBO Allison Siebecker. « Dès qu’on sait qu’il s’agit d’un SIBO, on dispose de protocoles fiables, ce qui change énormément les choses. »
SIBO et SII : un lien étroit
Le chevauchement entre le SII et le SIBO — qui partagent des symptômes comme les ballonnements, les troubles du transit et les douleurs abdominales — pourrait être très important. Une méta-analyse publiée dans l’American Journal of Gastroenterology suggère que jusqu’à 78 % des patients atteints de SII souffrent aussi de SIBO.
« Même s’il reste des incertitudes sur la relation de cause à effet entre le SII et le SIBO, il ne fait guère de doute qu’une partie des patients atteints de SII présente un SIBO », indiquent les lignes directrices cliniques de la revue.
Alors que le SIBO est causé par une prolifération excessive de bactéries dans l’intestin grêle, l’IMO résulte d’une prolifération d’archées. Ces deux affections se ressemblent : la fermentation digestive et la production de gaz, normalement limitées au côlon, se produisent dans l’intestin grêle. À noter que les archées, bien que semblables aux bactéries par leur taille et leur simplicité, diffèrent sur le plan moléculaire.
Toute personne qui doit recourir régulièrement à des produits en vente libre pour réguler son transit ou soulager des troubles digestifs souffre peut-être, sans le savoir, de SII ou de SIBO, souligne Allison Siebecker.
Entre 10 % et 15 % des adultes américains présentent des symptômes de SII, mais seule la moitié d’entre eux ont reçu un diagnostic.
En 2025, le nombre de personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable (SII) en France varie selon les sources et les critères de diagnostic, mais on estime généralement qu’il touche entre 3 et 9 millions de personnes, soit entre 4% et 15% de la population adulte française.
Le SII figure parmi les affections les plus fréquemment observées par les gastro-entérologues.
Les causes du SII restent mal définies, même si les micro-organismes jouent un rôle dans certains cas.
Un test respiratoire permet de déterminer rapidement si le SIBO ou l’IMO est à l’origine des ballonnements, douleurs abdominales, crampes, diarrhées ou constipations — les plaintes principales du SII. Pourtant, beaucoup de patients, et même certains médecins, ignorent l’existence de cette option diagnostique.
Ces tests mesurent l’hydrogène et le méthane, deux gaz que les cellules humaines ne produisent pas, mais qui résultent de la fermentation des glucides par les bactéries et les archées. Ces gaz passent dans le sang, atteignent les poumons, puis sont expirés et mesurés.
Comme le sulfure d’hydrogène peut être produit à la fois par l’organisme et par les bactéries, la présence de diarrhées sévères, de douleurs abdominales et d’une urgence à aller à la selle peut orienter vers une prolifération de sulfure d’hydrogène, un sous-type de SIBO.
Les trois types de gaz — hydrogène, méthane et sulfure d’hydrogène — permettent aussi de prédire le type de SII (constipation, diarrhée ou mixte) selon le profil du microbiote intestinal, d’après une étude de l’American Journal of Gastroenterology.
Malgré le lien fort entre SII et SIBO, Allison Siebecker insiste sur la prudence :
« Beaucoup de gens commettent l’erreur de présumer qu’une personne atteinte de SII a forcément un SIBO », explique-t-elle. « Ce n’est pas une bonne approche, car plus de 40 autres pathologies peuvent présenter les mêmes symptômes. Il faut absolument tester. »
Des tests qui guident le traitement
Les profils observés lors des tests respiratoires permettent de déterminer quels patients répondront mieux à la rifaximine, un antibiotique ciblant les microbes intestinaux, et lesquels nécessiteront une combinaison de médicaments, généralement avec rifaximine.
Chez les patients atteints de IMO, la rifaximine seule est souvent insuffisante. Une étude publiée dans Gastroenterology and Hepatology montre que 87 % des patients traités par rifaximine et néomycine avaient éliminé le méthane à un test respiratoire de suivi, contre seulement 29 % avec la rifaximine seule.
Les archées étant résistantes à la plupart des antibiotiques, un diagnostic précis permet d’éviter des traitements inutiles et les complications liées à la surconsommation d’antibiotiques.
« Avant d’envisager une antibiothérapie, il faut diagnostiquer objectivement le SIBO », recommandent les lignes directrices. « Compte tenu des risques croissants liés aux antibiotiques — résistances, effets indésirables, infections opportunistes comme Clostridioides difficile —, la prudence s’impose. »
Clostridioides difficile est une infection résistante en plein essor, raison de la réticence croissante à prescrire des antibiotiques. Pourtant, bien utilisés, ils restent la pierre angulaire du traitement du SIBO.
La persévérance, clé du succès
Les traitements ciblés varient selon les patients, précise Allison Siebecker. Elle alterne parfois entre antibiotiques et traitements à base de plantes antimicrobiennes, selon le taux de gaz et la réponse individuelle. Les antibiotiques n’agissent pas de la même manière dans une prolifération microbienne que dans une infection aiguë. Plusieurs cycles sont souvent nécessaires si les gaz ou les symptômes ne reviennent pas à la normale. Des tests répétés permettent de vérifier l’efficacité du traitement.
« Il faut parfois s’y reprendre plusieurs fois avant que les taux de gaz diminuent », dit-elle. « Beaucoup de gens pensent qu’après une cure de rifaximine de deux semaines, s’ils ne vont pas mieux, c’est qu’ils sont un cas difficile. Mais c’est rarement le cas : une seule cure ne suffit presque jamais. »
L’alimentation comme alliée
L’alimentation peut être une alliée précieuse. Les lignes directrices sur le SIBO indiquent qu’un régime pauvre en FODMAP (oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles) donne des résultats variables selon les études, mais semble globalement efficace.
Pour Darla O’Dwyer, ce régime n’a pas été concluant. En revanche, elle a obtenu de bons résultats avec un régime spécifique limitant les glucides complexes et les aliments transformés, même si les preuves cliniques restent limitées.
« Pour toute forme de SIBO ou de prolifération, l’un de ces régimes peut fonctionner », dit-elle. « Mais il faut être très prudent, car ces régimes peuvent être très restrictifs et ne conviennent pas à tout le monde. »
D’autres travaux montrent qu’un régime élémentaire à court terme — une alimentation liquide très restrictive contenant tous les nutriments essentiels — peut apporter un soulagement. Son absorption rapide priverait les micro-organismes de leur nourriture, freinant leur prolifération.
Dans une étude publiée dans Clinical Gastroenterology and Hepatology, 83 % des 30 participants ayant suivi ce régime pendant deux semaines ont vu leurs symptômes disparaître, et 73 % ont présenté des tests respiratoires redevenus normaux.
Mieux comprendre les tests respiratoires
Certains gastro-entérologues proposent ces tests ou acceptent de les prescrire, comme ce fut le cas pour le médecin de Darla O’Dwyer. Il y a seulement cinq ans, le premier test respiratoire à domicile capable de mesurer les trois gaz impliqués dans les proliférations intestinales a été développé.
Ces tests peuvent aussi servir à suivre les progrès lors d’un traitement ou d’un changement alimentaire. Allison Siebecker précise que d’autres entreprises développent des versions élargies.
Un régime et des instructions spécifiques doivent être suivis avant le test. Il faut d’abord établir une mesure de base, boire une solution de glucose ou de lactulose, puis effectuer plusieurs prélèvements respiratoires à intervalles réguliers.
Ce test, nommé Trio-smart s’achète en ligne, parfois sous supervision médicale. Les échantillons sont analysés en laboratoire et les résultats envoyés par e-mail. Le site de Trio-smart recommande de partager ces résultats avec son médecin pour définir la suite du traitement.
« J’ai fait sept tests respiratoires, car en tant que chercheuse, je voulais connaître mon niveau et savoir à quel point je fonctionnais bien », raconte Darla O’Dwyer, qui a publié une étude de cas sur elle-même dans Integrative Medicine.
Elle explique que les antibiotiques soulageaient souvent ses symptômes — tout comme le régime élémentaire —, mais que seuls les régimes stricts permettaient de les contrôler à long terme. Une approche qu’elle ne recommande toutefois pas à ses patients.
Prévenir les rechutes
Comme Darla O’Dwyer, la plupart des personnes atteintes de SIBO ou de IMO doivent composer avec des rechutes, souvent liées à des causes sous-jacentes chroniques. Allison Siebecker estime que deux tiers des patients connaissent des récidives.
« La raison, c’est que la cause du SIBO est souvent elle-même chronique », explique-t-elle, citant l’hypothyroïdie, le diabète, la maladie de Lyme ou la sclérodermie.
Toute cause de ralentissement du transit augmente le risque de prolifération bactérienne ou archéenne : intoxication alimentaire, adhérences abdominales, alcoolisme, médicaments, âge ou chirurgie récente.
Darla O’Dwyer soupçonne que des adhérences abdominales — des bandes de tissu cicatriciel formées après une césarienne survenue peu avant ses premiers symptômes — jouent un rôle majeur dans ses récidives. Cela l’a poussée à agir sur les facteurs de mode de vie et d’alimentation qu’elle peut maîtriser pour limiter les crises.
« J’ai dû revoir tous les aspects de ma vie. Je pensais bien gérer mon stress, mais j’ai dû m’y atteler sérieusement, avec des exercices de respiration diaphragmatique », confie-t-elle. « J’ai cherché à comprendre ce qui causait mes problèmes de motilité et à me concentrer sur la reconstruction d’un microbiote plus sain. »

Amy Denney est journaliste spécialisée dans la santé à Epoch Times. Elle est titulaire d'une maîtrise en journalisme d'affaires publiques de l'université de l'Illinois à Springfield et a remporté plusieurs prix pour ses enquêtes et ses reportages sur la santé. Elle couvre le microbiome, les nouveaux traitements et le bien-être intégratif.
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