Le Sénat adopte le budget de « fin de gestion » pour 2025, tandis que l’Assemblée le rejette
Le Sénat a adopté mardi le projet de loi de « fin de gestion » pour 2025, un texte technique examiné en parallèle du budget 2026 afin d’arrêter les derniers ajustements financiers de l’année en cours, marquée par un déficit atteignant 5,4% du PIB.

L'hémicycle avec les sénateurs lors des questions de gouvernement au Sénat, à Paris, le 18 juin 2025.
Photo: MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Ce texte a été approuvé par la droite et l’ensemble du bloc central, tandis que la gauche s’y est opposée. L’Assemblée nationale, elle, l’avait rejeté en première lecture.
Députés et sénateurs tenteront désormais de s’accorder sur une version de compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP) prévue jeudi matin. Il faudra ensuite que ce texte commun soit adopté dans les deux chambres la semaine prochaine, ce qui contraint le gouvernement à compter sur l’abstention ou le soutien d’une partie de l’opposition.
Un texte moins explosif que le budget 2026
La mission s’annonce toutefois bien moins périlleuse que pour le budget 2026, objet éminemment plus politique. « Ce texte est d’abord technique et il ne vise rien d’autre qu’à être collectivement capable de bien finir l’année », a ainsi plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. Il doit « garantir précisément et en toute transparence les jalons essentiels qui nous permettront de respecter la cible de déficit de 5,4% (du PIB) en 2025 », a-t-elle ajouté.
Le budget de « fin de gestion » respecte en effet l’engagement initial du gouvernement sans dégrader le déficit, contrairement aux exercices précédents où les ajustements de fin d’année se traduisaient souvent par des dérapages supplémentaires. Il encadre néanmoins de nouvelles ouvertures et annulations de crédits, destinées à répondre aux besoins jugés prioritaires sans remettre en cause la trajectoire annoncée.
Ouvertures ciblées et coupes dans l’investissement
Le texte prévoit ainsi quelques enveloppes supplémentaires, notamment 190 millions d’euros pour des dépenses de sécurité en Outre-mer et pour la lutte contre les incendies estivaux. À l’inverse, 1,6 milliard d’euros sont ponctionnés sur le programme d’investissements « France 2030 », le gouvernement invoquant un surplus de trésorerie pour justifier cette ponction sans remettre officiellement en cause l’ambition affichée du plan.
« Il faut saluer l’effort accompli en 2025 et le considérer comme un point de départ du redressement, mais aucunement comme un point d’arrivée », a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), beaucoup plus sévère en revanche sur le budget pour 2026, dont le Sénat se saisit jeudi dans l’hémicycle. Il a recommandé l’adoption du texte, après avoir obtenu le vote de quelques amendements, comme une rallonge de 50 millions d’euros pour la « mission d’aménagement du territoire » dévolue à La Poste.
La gauche dénonce la « technique du rabot »
La gauche, elle, regrette une nouvelle fois la priorité donnée à la réduction de la dépense publique, au détriment de l’investissement. « C’est la technique du rabot qui est privilégiée, en ciblant d’abord le plus facile, le budget d’investissement », a ainsi dénoncé le sénateur Grégory Blanc (groupe écologiste), fustigeant des choix qui, selon lui, hypothèquent l’avenir. Pour ces élus, la stratégie gouvernementale revient à afficher une rigueur de façade en rognant sur les moyens de préparation des transitions à venir.

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