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Le projet 981 chinois : obscures ramifications derrière la quête de la longévité

Derrière les promesses dignes de la science-fiction d’une espérance de vie de 150 ans, les références à la « restauration des fonctions organiques » et les liens avec un hôpital militaire tristement célèbre suscitent l’inquiétude des spécialistes en éthique médicale.

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L’entrée de l’hôpital militaire 301 à Pékin, le 6 juillet 2011.

Photo: Liu Jin/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 27 Min.

Pendant des décennies, le « projet 981 » n’a été connu que des élites de Pékin et de quelques spécialistes occidentaux explorant les zones d’ombre de la recherche médicale sans limites pratiquée en Chine.
Réunissant des médecins vedettes, ce projet occulte se présente comme la voie vers la longévité, s’inscrivant dans presque un siècle d’avantages sanitaires réservés aux plus hautes sphères du Parti communiste chinois.
Ce projet autrefois confidentiel s’est retrouvé sous les projecteurs cette année après un échange capté à la volée entre les dirigeants chinois et russe, évoquant la perspective d’une longévité accrue grâce à de multiples greffes d’organes et mentionnant la possibilité d’atteindre 150 ans.
En remontant le fil de cette affirmation, le chemin mène à un important hôpital militaire pékinois et au projet 981. Poussé plus loin, ce fil d’Ariane déclenche l’alerte : l’histoire de cet hôpital et la disparition récente des mentions concernant la « restauration des fonctions organiques » laissent craindre, selon des chercheurs, un sujet plus sombre : le prélèvement forcé d’organes.

Combattre la mort

La télévision d’État chinoise a immortalisé les propos captés à la volée le 3 septembre, tandis que Xi Jinping escortait ses homologues russe et nord-coréen lors d’une vaste parade militaire sur la place Tiananmen à Pékin.
« Autrefois, il était rare de vivre jusqu’à 70 ans, mais aujourd’hui, à 70 ans, on est encore un enfant », affirma Xi au président russe Vladimir Poutine, lequel — tout comme Xi —affiche 72 ans au compteur et évoqua la succession de greffes d’organes comme la clé de la jeunesse éternelle.
« Les prévisions annoncent que, ce siècle-ci, il sera possible de vivre jusqu’à 150 ans », ajouta Xi, juste avant que le son ne s’interrompe.
Cette promesse de longévité renvoie à une publicité d’une minute diffusée en 2019 vantant l’hôpital 301 de Pékin, le centre médical militaire de tout premier plan chargé de soigner les plus hauts dignitaires du régime.
« Un projet de vie de 150 ans pour combattre la mort », proclame la voix-off de l’annonce.
Le clip décrit un système de santé construit sur des décennies, alliant l’excellence de la médecine traditionnelle chinoise à la haute technologie occidentale. À un moment, la voix-off présente le système de soins réservé à l’élite chinoise comme « éprouvé » et de « premier ordre », sujets étayés par un graphique montrant les dirigeants chinois survivant à leurs homologues américains et britanniques d’au moins une décennie.
Une affirmation qui inquiète les experts en éthique médicale.
« La maladie n’est pas un interrupteur que l’on actionne à volonté », avertit le Dr Torsten Trey, directeur exécutif de l’association Doctors Against Forced Organ Harvesting (Médecins contre le prélèvement forcé d’organes, ndlr), dans les colonnes d’Epoch Times. « C’est une chose de parler de se maintenir au pouvoir et de vivre 150 ans. Mais comment le feraient-ils ? »

Le dirigeant chinois Xi Jinping (au centre), le président russe Vladimir Poutine, le leader nord-coréen Kim Jong Un et d’autres, visibles à l’écran lors de leur arrivée à la parade militaire de la place Tiananmen, le 3 septembre 2025. (Kevin Frayer/Getty Images)

Des organes à la demande

C’est ce « comment » que le projet 981, soutenu par l’État, entend élucider.
S’appuyant sur « plus de 80 ans d’histoire des soins de santé rouges », le projet de soins des dirigeants 981 a été lancé en 2005, selon des documents publics relatifs à l’initiative. Il s’agit d’un « projet pilote » placé sous l’autorité des instances médicales militaires, mobilisant « les meilleures ressources médicales du pays » et les talents médicaux les plus reconnus, d’après les descriptions retrouvées dans une base de données chinoise depuis supprimée.
Le nom lui-même est porteur de prestige.
Neuf se prononce en chinois comme le mot « longue durée », tandis que 81 rappelle la date de fondation de l’Armée populaire de libération, le 1er août. Huit plus un égale neuf : une double référence à la longévité, explique Zhao Wei, fondateur du projet et médecin rattaché autrefois au plus haut organe de commandement militaire, la Commission militaire centrale, dans une revue pékinoise en 2016.
L’initiative 981 impose un suivi médical méticuleux via des bilans de santé extrêmement poussés, variables selon la fonction — jusqu’à 150 examens différents pour les astronautes et les pilotes militaires.
Mais prévention et détection ont leurs limites. Pour y pallier, le spot publicitaire éphémère de 2019 propose une parade : la « restauration des fonctions organiques ».
Cette expression, l’une des six priorités du projet, recouvre selon le Dr Trey diverses pratiques : greffes, traitements médicamenteux et thérapies cellulaires. Le projet demeure avare de précisions sur les moyens mis en œuvre pour « restaurer la fonction d’un organe ». Mais dans un pays où les suspicions sur les dérives transplantatoires sont anciennes, le simple fait de mentionner de telles pratiques alarme les spécialistes.

Des médecins transportent des organes destinés à une transplantation dans un hôpital de la province du Henan, en Chine, le 16 août 2012. (Sohu.com/Screenshot via Epoch Times)

Une cible commode

Les alertes sur le prélèvement forcé d’organes organisé ont commencé en 2006, un an après le lancement du projet 981.
L’un des premiers lanceurs d’alerte, employé dans un hôpital du nord-est chinois, raconta à  Epoch Times que son ex-mari, neurochirurgien, prélevait la cornée de pratiquants du Falun Gong détenus — les corps étant immédiatement incinérés ensuite.
Un tribunal indépendant au Royaume-Uni, présidé par le procureur de crimes de guerre Sir Geoffrey Nice, a confirmé en 2019 que ces prélèvements forcés étaient monnaie courante en Chine, sous contrôle d’État, avec les pratiquants de Falun Gong comme «principale source probable ».
Le Falun Gong est une cible commode. Cette discipline spirituelle, qui ralliait 70 à 100 millions de personnes à la fin des années 1990, est persécutée par le régime depuis 1999. Ses adeptes méditent au quotidien, ne fument ni ne boivent et visent l’harmonie intérieure — autant de qualités valorisées sur le marché clandestin de la greffe.
Pour ne pas compromettre leurs proches, beaucoup refusent de donner leur identité en cas d’arrestation. Or, sans dossier officiel, ils deviennent des proies faciles pour un trafic d’organes où règne l’opacité.
« Des donateurs étaient disponibles, susceptibles d’être prélevés selon la demande dans les hôpitaux de la [République populaire de Chine] », observe le tribunal dans son jugement.
Les autorités, poursuit le rapport, n’avaient « aucune difficulté à assigner tel ou tel pratiquant du Falun Gong à un sort décidé à l’avance », constituant ainsi un vivier prêt à servir de « banque de donneurs ».
L’ancien haut responsable Bai Shizhong, qui a supervisé le service santé de la logistique de l’armée, incarne le lien entre ces pratiques et le projet 981. Lors d’un appel téléphonique en 2014 avec des enquêteurs américains, Bai a reconnu que les prélèvements sur les pratiquants du Falun Gong répondaient à une consigne venue du sommet.
Après sa retraite en 2004, il a pris des fonctions dans deux associations médicales nationales pilotées par Pékin, qui ont décerné des prix au projet 981 en 2013 et 2019, et apporté leur soutien d’après les médias officiels.

« De nombreux organes » remplacés

Les responsables chinois conçoivent dès la fin des années 1970 le remplacement d’organes comme option pour prolonger la vie, alors que l’industrie de la greffe émergente.
En 1978, selon le magazine américain China News Digest, des médecins prélevant des reins sur un prisonnier politique exécuté les auraient attribués à l’enfant d’un haut responsable souffrant d’insuffisance rénale.
Pratiquée clandestinement, la greffe sur personnalités politiques est longtemps restée taboue. Quelques récits ont néanmoins filtré au fil du temps.
En 2023, le décès de l’ancien vice-ministre chinois de la Culture, Gao Zhanxiang, a fait la une des journaux après qu’une nécrologie ait involontairement révélé qu’il avait subi de nombreuses greffes d’organes. Âgé de 87 ans, il avait changé tellement de parties de son corps qu’il avait un jour plaisanté en disant que « beaucoup de composants ne lui appartenaient plus », selon la nécrologie.
Comme Gao, l’ancien ministre des Finances Jin Renqing aurait profité d’une greffe cardiaque qui lui permit de recouvrer une vie sociale, selon le témoignage désormais supprimé d’un ami de longue date.

Le ministre des Finances Jin Renqing lors du Congrès national du peuple au Grand palais du peuple à Pékin, le 8 mars 2007. Son ami de trente ans avait révélé dans un blog supprimé que Jin avait subi une greffe cardiaque. (Teh Eng Koon/AFP via Getty Images)

L’hôpital 301

Les archives du site du projet 981 montrent que son centre médical pékinois compte onze départements, sans mentionner la nature de chacun, rendant difficile d’établir si des greffes y sont directement pratiquées.
Le Dr Trey estime pourtant que le réseau hospitalier du projet possède amplement d’établissements partenaires habilités à effectuer de telles opérations sur référencement.
Nombre de ces hôpitaux figurent sur la liste de surveillance des enquêteurs internationaux pour leur volume élevé de greffes. Parmi eux, l’hôpital 301, officiellement appelé Hôpital général de l’Armée populaire de libération de Pékin, à l’origine de la publicité de 2019 ressortie à la faveur des propos de Xi sur la longévité.
C’est le plus grand hôpital militaire du pays, dédié aux plus hauts dirigeants et personnels des forces armées.

L’entrée de l’hôpital militaire 301 à Pékin, le 6 juillet 2011. L’établissement, centre médical militaire le plus vaste de Chine desservant autorités et unités militaires, figure parmi les institutions scrutées pour le volume inhabituel de greffes réalisées. (Liu Jin/AFP via Getty Images)

Au sud d’un jardin et jouxtant un bâtiment d’accueil officiel, l’aile sud est une zone hautement sécurisée, lieu de prédilection pour les dignitaires lorsque la santé vacille.
Les mêmes médecins qui traitaient auparavant les chefs du régime travaillent actuellement pour le projet 981, avec toujours ce même objectif de longévité.
En 2011, l’hôpital 301 a organisé une greffe de foie pour Wang Ying, chef de police impliqué dans la répression locale du Falun Gong. Ce dernier a été qualifié de « modèle exemplaire » par le régime dans les médias officiels.
Trois mois à peine se sont écoulés entre son hospitalisation et l’opération.
Après l’intervention, Yang Huanning, alors vice-ministre de la Sécurité publique, est venu saluer l’équipe, transmettant les vœux de ses supérieurs et déclarant que l’établissement avait assuré des « conditions médicales et technologiques de premier ordre », toutes les « préparations nécessaires » ayant été effectuées par les « services politiques et judiciaires concernés », selon la presse chinoise.
Un des responsables supervisant l’opération, Zhou Yongkang, troisième homme du pays à l’époque, a par la suite été lié à des abus en matière de greffes après sa disgrâce.
D’après une source très informée du système médical chinois et consultant des hauts responsables, les officiels bénéficient d’un accès immédiat aux organes lorsqu’ils en ont besoin. Ce témoin a requis l’anonymat par crainte de représailles.

Préparation d’une greffe rénale par du personnel médical, archive. (Pierre-Philippe Marcou/AFP/Getty Images)

Protéger la direction

La généalogie historique des projets visant à renforcer la santé et la longévité remonte presque aux premières années du Parti.
Dès la fin des années 1920, alors que les communistes chinois luttaient pour leur survie en pleine guerre civile, le jeune parti possédait déjà un hôpital afin de traiter ses hauts dirigeants.
Peu après la prise de pouvoir par les communistes en 1949, les autorités instaurèrent une ferme de 100 acres (40 hectares), dirigée par des soldats, pour fournir des produits frais et du lait aux responsables, à proximité de Jade Spring Hill, selon un magazine d’histoire d’État. Ce jardin, surnommé « arrière-cour » de la politique chinoise, héberge les villas privées des principaux chefs militaires.
Cette ferme, d’après l’article, cultiva des mets rares hors saison — dont la pastèque sans pépins que Mao Zedong appréciait particulièrement et qui ne deviendra accessible au grand public que bien plus tard, à la fin des années 1990.
Entre les années 1960 et 1970, l’injection de sang provenant de jeunes soldats constituait un « tonique » prisé par les hauts cadres du Parti, selon les mémoires de Li Zhisui, médecin personnel de Mao pendant vingt‑deux ans, publiées en 1994 aux États-Unis et interdites en Chine.
Quelle que soit la dernière mode dans la chasse à la longévité, une constante traverse les décennies : l’élite dirigeante passe avant tout.
Les cadres du Parti communiste chinois bénéficient de soins gratuits et premium dans des unités VIP. Quant aux plus hauts échelons, un collège de nutritionnistes décide de leur alimentation, rapportent les médias officiels.
En 2006, la presse d’État cite un ancien vice-ministre de la Santé affirmant que quatre cinquièmes des dépenses de santé du pays seraient dédiées aux 85 millions de membres du Parti. L’intéressé est revenu sur ses propos suite au tollé national. Epoch Times n’a pas pu vérifier cette affirmation de manière indépendante.

Des délégués militaires arrivent pour la troisième session plénière de la Conférence consultative politique du peuple chinois au Grand Palais du Peuple à Pékin, le 10 mars 2018. (Fred Dufour/AFP via Getty Images)

« Protéger la direction » est considéré comme une priorité nationale, confie une source à Epoch Times.
Le Dr Ning Xiaowei, cardiologue ayant travaillé dans les unités VIP d’un grand hôpital, se souvient d’un vice-gouverneur ayant mobilisé les meilleurs établissements de toute la province pour soigner une blessure.
Le Dr Ning voit en cela l’exemple parfait du fonctionnement de la hiérarchie communiste.
« Les soi‑disant serviteurs du peuple ont toute la population chinoise à leur service », déclare-t-elle à Epoch Times.
Le traitement de faveur réservé à l’élite transparaît dans les statistiques.
À la fin des années 1970, alors que l’espérance de vie moyenne du Chinois était de 68 ans, les plus hauts dignitaires du régime dépassaient facilement les 75 ans, voire les 80, selon une analyse des données publiques réalisée par Epoch Times.
L’un des hommes les plus âgés de la Chine moderne, Zhang Lixiong, général de division, est décédé en avril 2024 à l’âge de 110 ans. L’ancien conseiller d’État Song Ping, toujours en vie, affiche 108 ans.

Le culte du secret

Le projet 981, porté par l’État, s’appuie sur une douzaine d’experts ayant soigné l’élite au sein de l’hôpital 301, formant ainsi un réseau étendu d’hôpitaux partenaires d’après les médias chinois et diverses vidéos de promotion.
On sait peu de choses sur ce projet, qui a ouvert son premier centre médical en 2011 afin de servir un public plus large : un segment qu’il décrit comme « l’élite industrielle ». Bien qu’il fasse état de trois laboratoires de classe mondiale dédiés aux tests génétiques, aux expériences sur les cellules immunitaires et à la régénération des cellules souches, ainsi que de dizaines de centres de remise en forme, il n’existe aucun site web officiel qui lui soit dédié. La dernière archive disponible d’une telle page web date de février 2019, plusieurs mois avant que la publicité ne fasse connaître l’initiative au grand public.
Sur Douyin, pendant chinois de TikTok, les récits élogieux abondent.
« Un miracle ? L’âge moyen de nos clients est de 92,5 ans ; 38 % ont plus de 100 ans », annonce un post.
« En pleine forme à 88 ans ; une vie de 150 ans n’est pas un rêve », renchérit un autre.

Des visiteurs lisent articles et photos sur un panneau d’affichage dans l’enceinte de l’hôpital 301, qui accueille les dirigeants du régime, à Pékin, le 6 juillet 2011. (Goh Chai Hin/AFP via Getty Images)

De nombreux autres messages montraient des hommes et des femmes souriant devant des portraits encadrés de ses médecins d’élite et des drapeaux communistes, des présentations de produits élégamment emballés et des aperçus de présentations destinées à des « VIP ».
Dans une vidéo datant de novembre 2021, un visiteur montre une piscine étincelante avec des arbustes verts en arrière-plan, appréciant le « traitement suprême » alors qu’il visite une succursale 981 à Hainan, une île tropicale réputée pour ses complexes hôteliers de luxe située à la pointe sud de la Chine.
« Ils investissent massivement dans l’infrastructure médicale à Hainan et recrutent les meilleurs experts occidentaux de la longévité », affirme une source interne. Selon elle, ce projet figure parmi les priorités du régime.
Le nombre de membres a dépassé les 3700 fin 2021. Des dirigeants comme le PDG milliardaire de Xiaomi ou l’ex-président du fabricant public Guoguang Electronic figurent parmi les adhérents, selon les reportages vidéo.
Simultanément, le projet fonctionne comme une « machine à cash » pour le Parti, selon Yuan Hongbing, insider politique auprès des hautes autorités, qui y voit un « saut qualitatif » par rapport aux efforts médicaux précédents.
« C’est une machine à cash au bénéfice du Parti », confirme-t-il à Epoch Times.
Mais le projet crée aussi tout un écosystème : il veille sur les cadres dirigeants tout en cultivant des alliances au sein des élites politiques et sociales, légitimant ainsi d’éventuelles corruptions sous couvert de soins.
La croissance du programme s’est accompagnée de campagnes de censure.
À mesure que le projet 981 prenait son envol, l’industrie de la transplantation d’organes explosait en Chine. Les hôpitaux, soucieux d’attirer les patients, étalaient les statistiques de leur activité sur leurs sites officiels, par des graphes agressifs, parfois en rouge, illustrant des progressions exponentielles.

Un hôpital chinois vante ses transplantations dans un graphique intitulé : « Nos réalisations ». Les opérations bondissent de 9 en 1998 à plus de 1 600 en 2004. (World Organization to Investigate the Persecution of Falun Gong)

Captures d’écran de la publicité de l’hôpital 301 listant (de g. à d.) : les axes majeurs du projet 981, dont la restauration des fonctions organiques ; les noms de six hauts dignitaires du régime, Mao Zedong inclus, ayant dépassé 80 ou 90 ans, cités comme preuve de l’efficacité du programme ; et l’intitulé « 981, projet de longévité à 150 ans pour combattre la mort ». (Radio Free Asia)

Toutes ces promotions ont disparu depuis des sites officiels, sous la pression internationale.
En 2019, les censeurs chinois ont supprimé la publicité de l’hôpital en moins d’une journée, déclarant qu’elle « utilisait de manière inappropriée le nom ou l’image d’agences gouvernementales et de membres du personnel ».
Depuis, la référence aux « fonctions organiques » a été retirée de la communication sur le projet.
La séquence captée entre Xi et Poutine a subi le même sort : vidéo effacée, droits de diffusion révoqués auprès des agences internationales.
L’opacité du système politique chinois rend ces disparitions d’autant plus significatives, indique le Dr Trey.
« Si c’était insignifiant, ils laisseraient la trace », analyse-t-il.
En réalité, « ils passent en mode furtif ».

Combattre la mort

Le néphrologue Richard Amerling, ex-président du premier groupe de médecins américains à avoir condamné le prélèvement forcé à une échelle industrielle en Chine, se dit effaré à l’idée qu’un régime puisse sacrifier des vies innocentes pour sauvegarder ses dirigeants.
« Là-bas, il n’existe aucun réseau de partage d’organes comme chez nous ; les élites sont prioritaires, évidemment, n’est-ce pas ? Pourquoi ne le seraient-elles pas ? » déclare-t-il à Epoch Times. « Ces gens exercent un pouvoir absolu, ils disposent donc d’un réseau fait pour les maintenir en vie. »
« C’est tout à fait diabolique. »
Mais pour un régime prêt à tout pour sa survie, cette pratique est un « élément du contrat », explique le lanceur d’alerte et médecin Dr Zheng Zhi. Dans les années 90, il participe à un prélèvement de yeux dans une camionnette militaire, puis assiste à la promesse d’un rein « frais », issu d’un pratiquant du Falun Gong, faite à un haut responsable militaire.

Zheng Zhi lors d’un entretien à Toronto, Canada, le 31 juillet 2023. Zheng a fait partie de nombreux témoins ayant révélé à The Epoch Times la pratique du prélèvement forcé en Chine depuis 2006. (Yi Ling/Epoch Times)

Ce qui n’était au départ qu’une « mission militaire secrète » pendant ses années de chirurgie est désormais bien plus vaste, confie-t-il.
« Ce n’est plus un secret. Personne n’ose simplement en parler publiquement. »
L’athéisme du régime nourrit l’indifférence à la vie humaine et la volonté de tout tenter pour atteindre ses objectifs, juge M. Trey.
« Ils traitent le corps humain comme une chose, comme une voiture, et remplacent les organes comme on change des pièces », observe-t-il. Mais, souligne le Dr Andreas Weber, adjoint du groupe européen Doctors Against Forced Organ Harvesting, les organes humains, à la différence des pièces de voiture, ne se remplacent pas indéfiniment.
Chaque intervention abîme les veines qui relient le greffon au receveur, et les dommages s’accumulent au fil des opérations.
« Plus on intervient sur ces vaisseaux, plus vite ils se détériorent », explique-t-il.
Les médicaments immunosuppresseurs, une réalité quotidienne pour les receveurs d’organes, rendent également les patients vulnérables aux virus tels que le Covid-19, un facteur qui pourrait avoir contribué au décès du vice-ministre chinois de la Culture, ont précédemment déclaré des experts à Epoch Times.
M. Trey voit dans ce programme une vérité que les leaders communistes n’osent formuler : la peur de la mort.
« En vie, ils ont tout. Morts, ils n’ont rien. Alors ils se battent contre la fin. »
Avec la contribution de Luo Ya, Jan Jekielek et Xu Xiuhui.
Eva Fu est rédactrice pour Epoch Times à New York spécialisée dans les relations entre les États-Unis et la Chine, la liberté religieuse et les droits de l'homme.

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