Le Parlement européen demande l’inscription de groupes armés colombiens sur la liste antiterroriste de l’UE
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce son discours annuel sur l'état de l'Union lors d'une session plénière au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 septembre 2025.
Le Parlement européen a exprimé sa profonde inquiétude face à l’accroissement du crime organisé et de l’activité terroriste en Colombie et a averti que les déclarations de membres du gouvernement contribuent à un climat de haine, dans une résolution adoptée le 11 septembre.
« C’est une résolution comportant plusieurs passages très explicites qui mettent d’abord en évidence le rôle de Gustavo Petro dans la détérioration générale de la situation en Colombie et, d’autre part, les énormes liens étroits, dangereux et criminels qui existent avec le régime voisin de Nicolás Maduro et avec le cartel de Los Soles », a déclaré l’eurodéputé Hermann Tertsch dans une vidéo publiée sur X le 10 septembre.
La résolution du Parlement, intitulée « Situation en Colombie après la vague d’attentats terroristes récents », a traité de la polarisation politique croissante dans le pays à travers des déclarations incendiaires de responsables gouvernementaux qui auraient alimenté le discours de haine et l’instabilité.
Le Parlement souligne que le crime organisé et l’activité terroriste se multiplient dans les régions frontalières de la Colombie avec le Venezuela, devenues des couloirs pour le trafic de drogue, la contrebande d’armes et le blanchiment d’argent. Il avertit que le lien transfrontalier renforce les groupes insurgés et dissidents colombiens, constituant une menace pour la stabilité régionale.
« Pour refléter la réalité sur le terrain en Colombie, les eurodéputés demandent au Conseil et à la Haute Représentante de mettre à jour la liste des organisations terroristes de l’UE en ajoutant le Clan del Golfo, les factions dissidentes des FARC, notamment la Segunda Marquetalia et l’Estado Mayor Central ainsi que le Cártel de los Soles (Cartel des Soleils), , une organisation qui fournit un soutien, un refuge et de la logistique aux groupes terroristes armés de Colombie », indique une publication du Parlement européen du 11 septembre.
Vue aérienne d’une banderole représentant Miguel Uribe, candidat colombien à la présidence assassiné, et d’un drapeau national colombien orné d’un ruban noir à Bogota, le 12 août 2025. Le candidat colombien à la présidence Miguel Uribe est décédé deux mois après avoir été touché à la tête lors d’un meeting électoral, alors que cette attaque ravive les craintes d’un retour au passé violent du pays. (Raul ARBOLEDA/AFP via Getty Images)
Dans la résolution, les eurodéputés exigent par ailleurs l’ouverture d’une enquête approfondie sur les attaques terroristes en Colombie, y compris l’attentat et l’assassinat du sénateur et candidat à la présidence Miguel Uribe Turbay.
« L’État rappelle aux autorités colombiennes l’urgence de protéger les acteurs du monde politique, les personnalités publiques, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et l’ensemble des citoyens exerçant leurs droits démocratiques, et demande l’adoption immédiate de mesures concrètes pour renforcer leur protection », compte tenu de « l’augmentation documentée de la violence politique contre des candidats et des responsables politiques en 2025 », précise la publication.
Dans ce contexte, les députés européens exhortent le gouvernement colombien à adopter des mesures plus robustes garantissant que l’élection présidentielle de 2026 se déroule librement et en toute sécurité, et soulignent que la lutte contre l’impunité est « essentielle pour prévenir la répétition d’attaques et garantir l’exercice des droits politiques ».
Pour atteindre ces objectifs, la résolution appelle l’Union européenne à renforcer son soutien politique, financier et technique au processus de paix colombien et à l’intégrer dans le prochain cadre financier pluriannuel.
La résolution a été adoptée par 355 voix pour, 173 contre et 15 abstentions.
Le président colombien Gustavo Petro (à g.) et son homologue vénézuélien, Nicolás Maduro, se serrent la main après la signature des accords au palais présidentiel de Miraflores à Caracas, le 1er novembre 2022. (FEDERICO PARRA/AFP via Getty Images)
Dans sa réaction, le président colombien a rejeté les accusations des eurodéputés et affirmé que l’extrême droite est alliée au narcotrafic.
« Messieurs les parlementaires de droite, ne savez‑vous pas que l’extrême droite qui accède à vos bureaux est celle qui est alliée au narcotrafic en Colombie ? Avec qui vous alliez-vous, Mesdames et Messieurs ? », a lancé Gustavo Petro dans une vidéo publiée sur X le 11 septembre.
« Car pendant dix ans j’ai identifié nommément les membres de droite du Congrès de la République qui se sont alliés aux pires assassins, aux chefs du narcotrafic », a ajouté le président de la Colombie.
La résolution a également mis en lumière l’existence d’un réseau de narcotrafic lié à des secteurs militaires vénézuéliens qui soutiennent la dictature de Nicolás Maduro.