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Le ministre vénézuélien de l’Intérieur menace à la télévision un journaliste et les dissidents de Colombie, d’Espagne et de Panama
Le dirigeant du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) a également évoqué des projets présumés d'attentats contre des personnes qui « ne sont plus utiles ».

Le ministre vénézuélien des Relations intérieures, Diosdado Cabello, lors d'une conférence de presse du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) à La Guaira, au Venezuela, le 8 septembre 2025.
Photo: Pedro Mattey/AFP via Getty Images
Le ministre vénézuélien de l’Intérieur, Diosdado Cabello, a affirmé dans un clip diffusé à la télévision publique vénézuélienne, en se référant à des communications internes, l’existence de prétendus plans visant à commettre des attentats en Espagne, en Colombie et au Venezuela contre des « personnalités qui ne sont plus utiles » et contre des dissidents « sacrifiables », et a mentionné le journaliste Orlando Avendaño.
M. Avendaño, rédacteur en chef de Voz, a confirmé ces menaces le 23 octobre dans un message publié sur X.
« Je vous préviens sans naïveté ni alarmisme : Diosdado Cabello menace de m’assassiner. Il dit également qu’il existe des plans d’attaque visant des dissidents qui se trouvent à Madrid, au Panama ou en Colombie ».
Pendant son émission « Con El Mazo Dando« , M. Cabello a consacré un moment à commenter l’existence d’informations transmises par une source communément appelée « El Cachaco », qui lui aurait fourni des noms considérés comme « remplaçables » (des politiciens et des influenceurs), et a demandé que ces informations soient rendues publiques afin que « personne ne puisse dire que vous ne les avez pas aidés ».
Après avoir nommé M. Avendaño, il a ajouté qu’il était « sacrifiable ».
Le ministre et leader du PSUV a également fait allusion au fait que la « matrice d’opinion » accusait le gouvernement « de cibler prétendument des opposants résidant en Colombie, au Panama et en Espagne, afin d’éliminer des personnes qui ne lui sont plus utiles ».
Le clip utilise des pseudonymes et des expressions familières pour désigner les personnes impliquées, dans un style d’avertissement et de pression publique, ressemblant davantage à une instruction qu’à une divulgation préventive.
M. Cabello mentionne l’Espagne, qui a accueilli ces dernières années un afflux massif d’immigrants vénézuéliens dissidents et où résident plusieurs anciens hauts responsables du chavisme, tels que Hugo « El Pollo » Carvajal, Nervis Villalobos et Javier Alvarado Ochoa. Il évoque également la Colombie, avec laquelle Nicolás Maduro a rétabli des relations en 2022 sous le gouvernement de Gustavo Petro, ainsi que le Panama, qui a réactivé en septembre les relations consulaires entre les deux pays pour des démarches ponctuelles.
Voz Media condamne les menaces contre Orlando Avendaño
Voz Media, un média américain, a publié un communiqué via son compte X dans lequel il condamnait les menaces publiques de M. Cabello et exprimait sa totale solidarité avec le journaliste.
« Nous condamnons fermement les récentes menaces proférées par des représentants du régime de Nicolás Maduro, dont Diosdado Cabello, à l’encontre de notre journaliste @OrlvndoA », a écrit le média, ajoutant que « nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour garantir la protection, la sécurité et l’intégrité de nos employés. L’intimidation et la censure n’ont pas leur place dans le journalisme ».
Le média a également souligné que les menaces de Diosdado Cabello surviennent quelques jours après l’attentat contre le militant Yendri Velásquez et l’analyste politique Luis Peche, tous deux vénézuéliens, dans la ville de Bogotá.
« Cet événement représente un autre cas de répression transnationale de la part du régime chaviste, comme cela s’est produit au Chili avec l’ancien militaire vénézuélien Ronald Ojeda ».
Condamnation internationale
La Fondation Disenso, en Espagne, a rejeté les menaces de M. Cabello et, dans une publication sur X, a déclaré « tout notre soutien à notre ami et membre du Conseil consultatif international, @OrlvndoA, face aux menaces du Cartel des Soleils ».
« Nous comptons les jours avant que le baron de la drogue ne monte dans un bateau et ne subisse le même sort que ses employés dans les Caraïbes ».
L’Organisation des États américains et la Commission interaméricaine des droits de l’homme (OEA / CIDH) — dans leurs rapports sur le Venezuela, recueillent et citent les condamnations internationales pour la persécution des journalistes, y compris le cas de M. Avendaño. Dans un document datant de 2024, la CIDH indique que, selon des informations publiques, des agents du Service bolivarien de renseignement national (SEBIN) ont perquisitionné son domicile à Valence et confisqué du matériel électronique.
En 2024, la Société interaméricaine de presse (SIP) a diffusé sa position dans X, demandant la protection du journaliste.
Le procureur général du Venezuela, nommé par l’Assemblée constituante de 2017, Tarek William Saab, a annoncé le 1er avril l’ouverture d’une enquête contre le journaliste en exil, en mentionnant un tweet dans lequel il parlait d’insurrection dans le pays, selon Efecto Cocuyo. Il l’a accusé d’avoir des liens avec l’ancien président colombien Álvaro Uribe Vélez et de recevoir des fonds de Vente Venezuela, le parti de la leader de l’opposition María Corina Machado.

Le Comité Nobel a attribué le prix Nobel de la paix de cette année à la dirigeante de l’opposition vénézuélienne María Corina Machado. (Jesus Vargas/Getty Images)
M. Avendaño a alors dénoncé le fait que la maison de ses parents, au Venezuela, avait été perquisitionnée par des agents du Service bolivarien de renseignement national (Sebin), qui avaient emporté du matériel électronique.
L’ONG Instituto de Prensa y Sociedad Venezuela (Ipysve) avait exprimé sa solidarité avec M. Avendaño dans un message publié en 2024 et a récemment fait part de « son rejet et de son inquiétude face à la violente attaque contre les défenseurs vénézuéliens Yendri Velásquez et Luis Peche, survenue le 13 octobre à Bogota »
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