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Film annuléLe maire de Marseille annule la diffusion du film « Sacré Cœur », invoquant une atteinte à la laïcité
Le maire de Marseille, Benoît Payan, a annulé la diffusion du film Sacré-Cœur une heure avant sa projection, invoquant une atteinte au principe de laïcité. Cette décision a provoqué une vague de colère, notamment de la part de plusieurs élus.

Le maire de Marseille, Benoît Payan.
Photo: de NICOLAS TUCAT/AFP via Getty Images
Boudé par la régie publicitaire des transports – la SNCF et la RATP ayant refusé sa campagne d’affichage dans les gares et le métro, au nom du principe de neutralité –, le docu-fiction de Steven et Sabrina Gunnell fait de nouveau l’objet d’une censure. Le maire de Marseille, Benoît Payan, a annulé sa projection une heure avant sa diffusion, invoquant une atteinte au principe de laïcité, alors qu’elle devait se tenir au château de la Buzine, un lieu culturel emblématique de la cité phocéenne.
Le réalisateur dénonce une « censure »
Dans une vidéo publiée sur X très tôt ce 23 octobre, le réalisateur a poussé un coup de gueule, expliquant que le maire de Marseille avait « interdit la projection du film ». « Ça ne passe pas », a-t-il lancé, visiblement en colère, appelant tous les Marseillais à se révolter et à se soulever « pour la pluralité et pour l’universalisme ». « Vous avez le droit de voir ce film si vous avez envie de le voir », a-t-il martelé, ajoutant : « C’est pas possible que ce film soit boycotté à Marseille. Marseille, première ville de France consacrée au Sacré-Cœur de Jésus. »
En 1720, la cité phocéenne a été consacrée au Sacré-Cœur par Mgr de Belzunce, soit il y a 305 ans, après que la ville a été délivrée de la peste, explique la journaliste politique Véronique Jacquier dans un tweet publié ce mercredi soir. « Chaque année, les Marseillais s’en souviennent à travers le vœu des échevins… mais pas Benoît Payan ! » s’agace-t-elle.
Il réclame le droit « de propager cette foi et cet amour »
« Où est Monseigneur Aveline, que dit-il de ça ? », s’interroge encore dans sa vidéo Steven James Gunnell, se demandant quelle sera la réaction de l’homme d’Église, archevêque de Marseille depuis le 8 août 2019 : « Va-t-il se prononcer, va-t-il se réveiller, va-t-il parler ? »
« On a le droit de s’insurger les gars, c’est pas possible, c’est pas possible, il faut faire quelque chose ! On est en 2025, on a le droit d’exister, on a le droit de se montrer, on a le droit de vivre. Et on a le droit de […] propager cette foi et cet amour qui nous survivront à tous. » Et de conclure : « Réveillez-vous les Marseillais, ne vous laissez pas faire ! »
« Interdire au nom d’une laïcité dévoyée, c’est renier notre histoire »
L’annulation du film a rapidement provoqué une levée de boucliers au sein de la classe politique marseillaise et plusieurs élus ont dénoncé une atteinte à la liberté culturelle et à la liberté d’expression.
« Marseille a accueilli le Pape mais le maire fait déprogrammer le film Sacré-Cœur au château de la Buzine au nom de la laïcité », s’est agacée ce 22 octobre sur X la sénatrice LR Valérie Boyer. Elle a ajouté : « Bientôt la suppression du marché de Noël, des crèches, des croix, des expos provençales ou des livres parlant de Jésus dans les bibliothèques ? »
Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, a quant à elle pointé sur ce même réseau social ce jeudi une décision de la municipalité « au nom d’une laïcité… à sens unique ». « Quelle étrange neutralité, toujours contre les mêmes ! Marseille, c’est la Bonne Mère, le Sacré-Cœur, nos églises. Interdire au nom d’une laïcité dévoyée, c’est renier notre histoire », a-t-elle ajouté.
« La laïcité n’est pas à géométrie variable ! »
Sylvain Souvestre, maire LR du secteur des 11ᵉ et 12ᵉ arrondissements de Marseille et conseiller municipal, s’est lui aussi indigné sur les réseaux sociaux. Il a qualifié la décision de Benoît Payan d’« inacceptable sur la forme et sur le fond pour une œuvre culturelle dans un lieu culturel ». Il a souligné que « la laïcité n’est pas à géométrie variable ! »
Son message, écrit ce 22 octobre, était accompagné d’un communiqué, adressé au maire Benoît Payan, dans lequel il écrit : « Toute restriction à la liberté d’expression, ou à la programmation culturelle, doit être fondée sur une base légale, elle doit viser un objectif légitime et surtout être proportionnée. Si vous invoquez la ‘laïcité’ sans démontrer pourquoi cette projection présente un problème concret (neutralité compromise, trouble…), cette annulation est infondée. »
Rappelant qu’en France, « le juge administratif a relevé qu’un film ayant reçu un visa d’exploitation ne peut être purement et simplement interdit sur la base d’un motif moral sans justification sérieuse ». Enfin, il demande à l’édile de lui « communiquer les raisons de cette annulation en catastrophe ».

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