« Sacré-Cœur » : le film spirituel qui triomphe malgré la censure des transports publics

Le week-end dernier, les projections ont fait salle comble un peu partout en France pour le film Sacré Cœur
Photo: DR
Boudé par la régie publicitaire des transports – la SNCF et la RATP ayant refusé sa campagne d’affichage dans les gares et le métro, en invoquant une atteinte au principe de neutralité –, le docu-fiction de Steven et Sabrina Gunnell s’impose comme la surprise du box-office.
Sorti le 1er octobre dans un relatif anonymat, Sacré-Cœur connaît un démarrage fulgurant. Le film a attiré plus de 42.700 spectateurs dans les 155 salles où il était programmé, affichant complet dans plusieurs villes de province, comme nous l’apprend Boulevard Voltaire. Un engouement d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’une production indépendante, privée d’une large exposition médiatique. Ce long-métrage retrace les apparitions du Christ à sainte Marguerite-Marie Alacoque au XVIIᵉ siècle.
À la 4e place du box-office hebdomadaire
Malgré cette absence de visibilité, le film a su trouver son public. Sacré-Cœur, qui se hisse à la 4ᵉ place du box-office hebdomadaire, devant des productions bien plus médiatisées, poursuit son ascension : 223 cinémas le projettent désormais en deuxième semaine.
Sur AlloCiné, les spectateurs l’ont gratifié d’une note moyenne de 4,5 sur 5, un plébiscite rare pour un film à petit budget. Le portail français consacré à l’actualité cinématographique relève d’ailleurs à ce sujet que « la répartition des notes spectateurs sur ce film est inhabituelle », précisant qu’un tel message « apparaît dans un cas de figure bien précis : + de 50 % des notes attribuées par des utilisateurs à ce film s’apparentent à une note dite ‘extrême’, à savoir un 0,5 ou un 5. Un indicateur objectif d’une polarisation forte des opinions autour du film ».
Le succès du film a d’autant plus de relief qu’il intervient après une polémique retentissante. La RATP et la SNCF, via leur régie MediaTransports, ont en effet refusé de diffuser l’affiche du film dans le métro et les gares, invoquant le « caractère confessionnel et prosélyte » de l’œuvre, jugé « incompatible avec le principe de neutralité du service public ».
Une polémique devenue tremplin médiatique
Une décision qui a vivement agacé Hubert de Torcy, fondateur de SAJE Distribution. Y voyant un « excès de zèle », il s’est interrogé : « Mais cela veut dire quoi, la neutralité ? On accepte tout ou on interdit toute expression du christianisme dans l’espace public ? » Le réalisateur Steven J. Gunnell s’était lui aussi indigné sur Europe 1 : « Donc, La Nonne, L’Exorciste, Conjuring, oui ; Jésus non. »
Ironie du sort, cette éviction a offert au film une visibilité inespérée. De CNews à RTL, en passant par Le Figaro et Sud Radio, les médias ont relayé l’affaire, transformant une campagne refusée en promotion nationale.
Au-delà de la controverse, Sacré-Cœur séduit un public en quête de récits spirituels et patrimoniaux. En mêlant reconstitution historique et réflexion sur la foi, le film parvient à toucher un large spectre de spectateurs, croyants ou non. Une revanche éclatante pour une œuvre que d’aucuns pensaient condamnée à la confidentialité, et qui pourrait bien devenir le phénomène cinématographique de cet automne.

Articles actuels de l’auteur









