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L’aide russe aux forces aéroportées chinoises pourrait accélérer les capacités d’invasion de Taïwan

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Le destroyer lance-missiles chinois Type 052D Hefei (à droite) et la frégate chinoise Type 054A Yuncheng amarrés à Saint-Pétersbourg, Russie, le 27 juillet 2017.

Photo: Olga Maltseva/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Un lot de documents russes divulgués, analysés par un institut de défense basé à Londres, suggère que Moscou fournit à Pékin des équipements, des technologies et des formations susceptibles de renforcer la capacité du régime chinois à mener des opérations aéroportées — des capacités que les analystes estiment utilisables dans le cadre d’une attaque contre Taïwan.
L’analyse du Royal United Services Institute (RUSI) repose sur environ 800 pages de contrats, de listes d’équipements et de correspondances obtenues auprès du groupe de hacktivistes Black Moon. Selon les auteurs du rapport, ces documents, datés de 2023 à fin 2024, décrivent des projets de transfert d’un ensemble complet d’armes et de systèmes destinés à équiper un bataillon aéroporté, ainsi que des systèmes de parachute spécialisés et un programme de formation pour opérateurs et techniciens en Russie et en Chine.
Les auteurs du RUSI ont vérifié certains des fichiers, mais préviennent que les documents auraient pu être édités ou partiellement omis.
Epoch Times n’a pas pu vérifier de façon indépendante l’authenticité des documents ni les allégations des auteurs du RUSI.
Parmi les équipements listés figurent 37 véhicules blindés légers amphibies BMD-4M, 11 canons antichars légers amphibies Sprut-SDM1, 11 véhicules blindés de transport de troupes aéroportés BTR-MDM, et plusieurs plateformes de commandement et d’observation. Les accords prévoient que ces véhicules soient dotés de systèmes de communication chinois et adaptés aux munitions chinoises ; ils incluent aussi la création d’un centre de maintenance technique en Chine avec l’ensemble de la documentation nécessaire à la production locale et à la modernisation.
Les documents évoquent également des systèmes de parachute haute altitude nommés « Dalnolyot », conçus selon le RUSI pour acheminer des charges allant jusqu’à environ 190 kilogrammes depuis des altitudes élevées, permettant de longs vols planés. Ces capacités faciliteraient l’insertion discrète de forces spéciales et de matériel loin dans les terres.
D’après des documents divulgués partagés en exclusivité avec l’Associated Press, des réunions se sont tenues à Moscou durant lesquelles des interlocuteurs chinois ont demandé à tester les systèmes de parachute à des températures très basses et en effectuant des largages depuis environ 8000 mètres.
Les auteurs du RUSI ont indiqué à l’AP que les capacités de largage aéroporté de la Chine n’en sont qu’à leurs débuts, et que l’aide de Moscou pourrait accélérer le programme aéroporté du pays de 10 à 15 ans.
Des instructeurs russes sont également chargés de former des parachutistes chinois et des équipages d’engins en Russie et en Chine, selon l’analyse.
Malgré l’échec russe lors de la tentative de prise aéroportée de l’aéroport de Hostomel en Ukraine en 2022, les analystes du RUSI estiment que la Chine cherche à apprendre de l’expérience de combat de Moscou et à intégrer ces leçons à sa propre modernisation.
Le régime communiste chinois considère Taïwan comme partie intégrante de son territoire bien qu’il n’ait jamais gouverné l’île et n’ait jamais exclu le recours à la force pour s’en emparer. Ces dernières années, le régime a intensifié la pression diplomatique, politique et militaire sur l’île. Les responsables américains ont mis en garde contre une échéance possible d’attaque chinoise sur Taïwan d’ici 2027.
Le dirigeant chinois Xi Jinping a ordonné à l’Armée populaire de libération (APL) d’être prête à s’emparer de Taïwan d’ici 2027, selon l’analyse. Bien que les documents divulgués ne mentionnent pas Taïwan nommément, l’analyse du RUSI suggère que les capacités décrites serviraient à une campagne aéroportée contre l’île. Par exemple, des véhicules blindés pourraient être largués sur des terrains ouverts et stables, tels que des terrains de golf près des ports ou des aérodromes, afin de créer des points d’appui pour les forces suivantes.

Des délégués de l’armée chinoise aperçus avant la session de clôture du parlement chinois, l’Assemblée nationale populaire, au Grand Hall du Peuple à Pékin le 11 mars 2025. (Kevin Frayer/Getty Images)

Les analystes ayant examiné les dossiers préviennent que Moscou pourrait y trouver son intérêt : les ventes d’armes généreraient des revenus pour une industrie de défense éprouvée par la guerre en Ukraine, et le rapprochement militaire et industriel sino-russe renforcerait l’influence de Moscou auprès de Pékin.
Applications potentielles à Taïwan
Cheng Kaili, citoyen taïwanais et ancien homme d’affaires, explique qu’après avoir fondé une entreprise de dispositifs médicaux à Pékin en 2001, il a acquis une connaissance approfondie des activités d’infiltration et d’espionnage du Parti communiste chinois (PCC) à l’égard de Taïwan.
Dans une interview récente accordée à l’édition en chinois d’Epoch Times, M. Cheng affirme qu’il y a plus de vingt ans, il avait accompagné un responsable taïwanais pro-Pékin lors de ce qu’il considère aujourd’hui comme une mission de reconnaissance liée à des préparatifs militaires éventuels.
À l’époque — avant de lancer son entreprise en Chine — M. Cheng était membre du comité central du New Party, formation politique opposée à l’indépendance taïwanaise et favorable à la réunification de l’île avec la Chine. Il raconte qu’un jour, il fut appelé de façon inattendue par un membre haut placé du parti — aujourd’hui décédé, ex-législateur et délégué à l’Assemblée nationale — lui demandant de descendre le long de la côte ouest taïwanaise.
Le trajet s’acheva sur une étendue de rivage désertique du district de Yunlin. Sans donner d’explication, le responsable sortit du véhicule et entreprit discrètement de photographier la plage.
« À l’époque, cela m’a semblé étrange », confie M. Cheng. « Pourquoi prendre des clichés d’une plage vide ? »
Des années plus tard, la raison lui apparut évidente. « Cette zone serait idéale pour un débarquement aéroporté », souligne-t-il. « Si Pékin devait attaquer Taïwan, ces photos pourraient avoir servi à la planification. »
M. Cheng précise que sa carrière professionnelle en Chine a fini par changer sa perspective. Désabusé par les méthodes du PCC, il s’est peu à peu éloigné de ses convictions antérieures favorables à la réunification. Il est désormais secrétaire général du Revive-ROC Freedom Party, une formation politique taïwanaise qui plaide pour le renversement du PCC et le rétablissement de l’ancien gouvernement de la République de Chine.