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La gauche perd la majorité au Bureau de l’Assemblée

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Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

La gauche a perdu, jeudi, sa fragile majorité au stratégique Bureau de l’Assemblée nationale, tandis que le Rassemblement national fait son retour dans cette instance exécutive, grâce au soutien du « socle commun » réunissant majorité présidentielle et droite classique.

Après l’élection mercredi des six vice-présidents et des trois questeurs – garants de la santé financière de l’institution –, les députés ont procédé jeudi matin à l’élection des douze secrétaires du Bureau, parachevant ainsi son renouvellement. Cette instance n’est pas anodine : elle arbitre notamment les sanctions disciplinaires les plus lourdes contre les élus et tranche la recevabilité de certains textes.

Une répartition désormais favorable au RN et à la majorité

L’an dernier, profitant d’une défection d’une partie du socle commun et d’un scrutin confus tenu au cœur de la nuit, la gauche était parvenue à faire basculer le Bureau de son côté. Mais cette victoire a été de courte durée. Cette fois, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), présidente de l’Assemblée nationale, avait affiché son intention de respecter une répartition proportionnelle conforme au poids des groupes politiques.

Le règlement prévoit un tel système, à condition que l’ensemble des groupes en conviennent. À défaut, des votes sont organisés. La gauche a refusé ce mécanisme, arguant de la nécessité de maintenir un front républicain contre le RN. Mais le RN et le socle commun ont imposé ensemble une répartition proportionnelle. Résultat : le Rassemblement national et ses alliés ciottistes décrochent cinq sièges au Bureau.

Les nouvelles forces en présence

Au final, le socle commun (Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains) totalise neuf représentants, en incluant la présidente de l’Assemblée. La gauche – réunissant La France insoumise, les socialistes, écologistes et communistes – obtient sept sièges, contre cinq pour le RN et ses alliés. Le groupe indépendant Liot sauve un élu dans la répartition.

« Je voudrais remercier chacun d’entre vous pour sa participation à ces élections qui se sont déroulées de façon apaisée et en bon ordre », a déclaré Mme Braun-Pivet, en rendant publics les résultats. Le nouveau Bureau, où siègent désormais douze femmes et dix hommes, se réunira pour la première fois mercredi.

Des enjeux décisifs dans les commissions

Ce rééquilibrage institutionnel pourrait n’être qu’une première manche. Dès jeudi après-midi, à partir de 15 h, les députés doivent en effet élire les présidents des huit commissions permanentes, dont les postes demeurent hautement stratégiques. La coalition gouvernementale compte arracher à la gauche la présidence de la commission des Affaires économiques (actuellement pilotée par LFI) ainsi que celle des Affaires culturelles (dévolue au PS).

Le socle commun entend également retirer à Charles de Courson (Liot) son poste de rapporteur général du budget, au profit du député LR Philippe Juvin. Dans cet affrontement, le RN pourrait jouer le rôle d’arbitre : une alliance entre la gauche et Liot pèserait alors davantage que la seule majorité présidentielle.

Les accusations d’accords occultes

Ce basculement nourrit les soupçons de tractations souterraines. Mercredi, l’écologiste Jérémie Iordanoff, évincé de la vice-présidence de l’Assemblée, a accusé les macronistes d’avoir passé un accord bien au-delà du Bureau pour favoriser le retour du RN : « Le but était de se garantir des postes de présidence de commission. Vous le verrez demain », a-t-il affirmé.

Dans le même esprit, Laurent Panifous, président du groupe Liot, s’est insurgé que la majorité et le RN songent à unir leurs voix contre Charles de Courson, qualifiant une telle perspective de « parfaitement choquante ».