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La Chine en tête des pays autoritaires qui contournent les sanctions et les contrôles américains, selon un rapport

« La Chine est le moteur décisif de la fraude aux sanctions » des régimes autocratiques, affirme le rapport de la Commission d'examen économique et sécuritaire États-Unis-Chine.

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Le pétrolier « Ice Energy », battant pavillon libérien (à g.), transfère du pétrole brut depuis le pétrolier « Lana », sous pavillon russe (ex-Pegas), au large de Karystos, sur l’île d’Eubée, le 29 mai 2022.

Photo: Angelos Tzortzinis/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Un récent rapport de la Commission d’examen économique et sécuritaire États-Unis-Chine (U.S.–China Economic and Security Review Commission), publié le 14 novembre, désigne Pékin comme chef de file d’un réseau d’États autoritaires bâtissant des capacités industrielles pour contourner massivement les sanctions et contrôles à l’exportation américains.
Les sanctions et restrictions à l’exportation constituent des leviers économiques clés utilisés par les États-Unis afin de décourager les comportements déstabilisateurs et d’inciter au respect des normes internationales, rappelle le département du Trésor américain.
Selon le rapport, l’importance de ces outils croît à l’ère des « guerres permanentes », tandis que le régime chinois multiplie les contournements, ce qui lui permet de renforcer ses liens avec des pays exclus du marché international.
« La Chine est le moteur décisif de la fraude aux sanctions des pays marquant l’“axe de l’autocratie” », réaffirme le rapport.
Le régime chinois bénéficie notamment de son pouvoir d’utiliser Hongkong, devenu place forte du commerce mondial et de la finance avant que Pékin n’abolisse le modèle des “deux systèmes” pour imposer sa férule autoritaire sur le territoire.
Ce faisant, Pékin construit une alternative à l’économie du dollar.
Le document met en garde : « La somme des activités de contournement des sanctions par la Chine excède la somme de ses parties », les effets de ricochet se traduisant par l’adoption de procédés similaires chez d’autres régimes autoritaires.

Comment la Chine en profite

La Chine, la Russie, la Corée du Nord et l’Iran sont visés par de multiples sanctions et contrôles commerciaux, motivés par des actions destructrices comme la guerre en Ukraine.
Ces mesures incluent l’embargo sur le pétrole iranien et russe, destiné à tarir les financements du terrorisme et de la guerre. Mais la facilitation de ces flux par Pékin profite plus au régime chinois qu’à ses fournisseurs ou aux États partenaires, note le rapport.
En 2024, la Chine représentait plus de 90 % des achats de pétrole iranien, réglés en yuans. L’ONG United Against Nuclear Iran estime à 1,6 million de barils par jour les importations chinoises de juillet 2025, soit 13,5 % de la totalité des importations chinoises et 45 % du budget de l’État iranien.
Outre l’accès à une énergie bon marché, Pékin est impliqué dans le soutien aux efforts de guerre russes ou aux manœuvres déstabilisatrices de l’Iran, détournant ainsi l’attention américaine de l’Indopacifique.
La Chine assure aussi 98 % du commerce extérieur nord-coréen, constituant une « ligne de vie » vitale pour le régime et ses ambitions nucléaires.
En se ralliant au système de Pékin, ces pays soutiennent également « l’émergence de réseaux alternatifs de paiement » et participent à « contourner le système financier américain », poursuit le rapport.

Des activités criminelles structurantes

Ce contournement passe aussi par des délits : revente indirecte, blanchiment d’argent, faux étiquetage du pays d’origine, parfois pour relayer les marchandises vers un autre pays sanctionné.
Hongkong joue ici un rôle central dans la banque de l’ombre, la majorité des sociétés-écrans servant la chaîne de financement des régimes autocrates y étant installées.
Ce mécanisme permet aux pays sanctionnés d’accéder au dollar, à l’euro ou à d’autres devises ensuite utilisées, comme dans le cas de l’Iran, pour financer des groupes considérés comme terroristes par les États-Unis.
Depuis huit ans, plus de 100 sociétés chinoises ou hongkongaises ont été ajoutées à la liste noire américaine en raison de leur rôle dans la fraude aux sanctions visant l’Iran.
Parfois, les méthodes sont plus risquées : transferts de navire à navire ou arrêt des transpondeurs AIS, avec pour conséquence des collisions ou accidents maritimes.
La Corée du Nord se livre aussi à une cybercriminalité massive, dérobant, d’après le rapport, environ 5 milliards de dollars en crypto-monnaies depuis 2017. En 2024, elle totalisait 60 % de tous les vols dans ce secteur.

Transferts de technologie

La Chine ne se contente pas de sortir des devises du système, elle met aussi des technologies restreintes à disposition des armées autocrates : mémoires électroniques, équipements radio et télécommunications, outils de découpe, systèmes optiques.
Le rapport note que les ventes directes sont parfois difficiles à tracer, mais le département du Trésor américain et l’ONU ont identifié plusieurs entreprises basées en Chine ou à Hongkong ayant acquis ces technologies pour les revendre à la Corée du Nord et à la Russie.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs pays ont sanctionné la Russie et imposé des restrictions à l’exportation sur les équipements à double usage militaire.
Pékin, de son côté, affiche une « alliance sans limite » avec Moscou. Depuis 2022, 125 entreprises chinoises ou hongkongaises ont été rayées de la liste blanche américaine pour soutien délibéré à la base militaro-industrielle russe.
Selon la commission, l’industrie chinoise fabrique 49 % des biens restreints importés par la Russie, et assure l’acheminement de 16 % des produits occidentaux liés à l’embargo russe. Près de 18 % de ces biens passeraient par la Chine ou Hongkong avant d’atteindre la Russie.