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Opinion

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La Chine communiste intensifie la persécution des chrétiens clandestins

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Les autorités chinoises poursuivent la démolition entamée quelques jours plus tôt d'une église chrétienne dans la ville d’Oubei, près de Wenzhou, le 30 avril 2014.

Photo: Mark Ralston/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Quelle est la motivation derrière la campagne de Pékin visant les chrétiens clandestins ?
En un mot : « la peur ».

Sinisation du christianisme

Sous le régime du Parti communiste chinois (PCC) et son dirigeant, Xi Jinping, toute source indépendante de sens, de loyauté ou de communauté est perçue comme une menace potentielle pour le pouvoir politique. Cette conception, souvent appelée « sinisation » des religions, est passée du simple slogan à une politique rigide.
La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale a conclu dans une fiche de 2024 que la sinisation est devenue une stratégie d’État explicite et coercitive, qui modifie les pratiques de culte, installe des fidèles du Parti à la tête des institutions religieuses et criminalise les activités religieuses indépendantes.
En termes de nombre de conversions, le christianisme peut être considéré par le PCC comme une menace significative, tout comme l’économie en déclin. Certaines estimations évaluent le nombre de protestants chinois à environ 109 millions en 2020 (dont beaucoup ne sont pas reconnus par le Parti), alors que d’autres avancent des chiffres plus modestes, entre 30 et 70 millions.
Quels que soient les chiffres, la réalité est que pour des dizaines de millions de Chinois, le Premier Commandement affirme la primauté de Dieu sur toute autre autorité, incluant l’État, le PCC et Xi. Le prophète Isaïe proclame : « Malheur à ceux qui promulguent des lois injustes, à ceux qui édictent des décrets oppressifs. »

De nouveaux outils juridiques et administratifs

Il n’est donc pas surprenant qu’au cours des dernières années, les autorités du PCC aient renforcé les systèmes d’enregistrement des églises, établi des bases de données de clercs « approuvés » et mis à jour les mesures administratives pour restreindre le travail religieux non officiel.
Ces restrictions sont devenues encore plus strictes depuis plusieurs mois, touchant à la fois les protestants et les catholiques. Cela inclut la limitation des activités missionnaires étrangères et la classification de toute organisation religieuse non reconnue comme un risque sécuritaire.
L’explication officielle avance que ces mesures visent à préserver la « stabilité sociale » et à lutter contre les « sectes », mais dans les faits, elles criminalisent les églises de maison et les communautés indépendantes.
En 2024-2025, des observateurs et des ONG spécialisées dans les églises ont documenté la fermeture et la fusion forcée de communautés chrétiennes non enregistrées, l’arrestation et l’emprisonnement de prêtres et pasteurs, et la modification imposée des chants et musiques religieuses pour intégrer des valeurs communistes. Le PCC cible particulièrement les communautés catholiques et protestantes indépendantes dans des villes comme Wenzhou.
À titre d’exemple, plus tôt ce mois-ci, les autorités chinoises ont arrêté 30 dirigeants du plus vaste réseau d’églises clandestines du pays, dont plusieurs pasteurs et le fondateur de Zion Church, Jin Mingri, interpellé après la perquisition de son domicile par dix policiers. L’administration Trump a exhorté Pékin à libérer ces détenus et à respecter la liberté de culte.
Il faut souligner que ces événements ne sont pas isolés : ils s’inscrivent dans une campagne coordonnée de répression. Les organisations humanitaires et de défense de la liberté religieuse font état d’une surveillance accrue, de détentions et d’abus physiques envers les responsables religieux.

Pourquoi le PCC craint-il le christianisme ?

Le Parti communiste chinois redoute avant tout les organisations qui agissent en marge de l’État, ce qui est précisément le cas des églises chrétiennes. Il s’agit de réseaux sociaux qui transmettent une vérité transcendante, une clarté morale et des valeurs. Elles encouragent la dévotion et la fidélité envers le Créateur éternel, et mettent l’accent sur la rédemption par la mort et la résurrection de Jésus-Christ, qui, par définition, est totalement indépendant — et infiniment supérieur — au Parti.
En somme, les églises chrétiennes sont capables de créer et de faire vivre des communautés alternatives, durables et diamétralement opposées au PCC. C’est pourquoi Xi et le Parti voient dans ces liens autonomes des sources rivales d’autorité, susceptibles de mobilisation ou d’érosion de la loyauté idéologique, notamment dans un contexte de nationalisme exacerbé et de déclin économique.
Face aux inquiétudes du PCC pour la stabilité sociale, les discours officiels insistent sur l’adaptation des religions à la voie communiste, légitimant ainsi un contrôle accru du Parti.

Xi et son projet de remodeler l’identité religieuse à son image

Au-delà du durcissement réglementaire, le Parti veut modifier les pratiques religieuses selon les préférences personnelles de Xi. Cela se traduit par la supervision du cursus et de la certification des pasteurs, la réécriture de la liturgie autorisée conforme aux normes du PCC et l’imposition de l’éducation patriotique dans les chants et les sermons.
Il ne s’agit pas tant d’une question théologique que d’une tentative de récupération institutionnelle pour légitimer les projets politiques de Xi. L’objectif est évident : réorienter la foi chrétienne afin qu’elle soutienne les narratifs du PCC, au lieu de constituer une source indépendante de savoir, d’autorité et d’enseignement fondée sur la vérité éternelle de la parole de Dieu, ici-bas et dans l’au-delà.

Perspective et avenir

En dépit de toutes ces mesures, le christianisme garde des racines profondes et une grande attractivité sociale en Chine. Depuis les années 1980, la croissance historique des communautés protestantes et catholiques, notamment parmi les urbains et les migrants ruraux en quête de cadre moral et communautaire, s’est accélérée.
Ainsi, le PCC cherche à contrôler et à politiser le christianisme à travers des règles plus strictes, une meilleure surveillance, et son intégration dans les institutions d’État. Les croyants s’adaptent d’ailleurs en conséquence : les petites églises de maison modifient le format de leurs réunions, se rassemblent de manière créative en ligne, et trouvent de nouveaux locaux clandestins pour adorer Dieu.
Avec la montée des pressions économiques et sociales contre le gouvernement, la persécution des chrétiens par le Parti risque de se poursuivre, voire de s’aggraver. Ce conflit est aussi inévitable qu’il est historique, et ne surprend guère les fidèles.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.