« Je n’ai pas envie de lui pardonner » : le cri de douleur de la mère de Philippine

Une rose blanche lors d'un rassemblement pour Philippine Le Noir de Carlan appelé par le Collectif Nemesis, à Paris, le 29 septembre 2024.
Photo: Crédit photo BASTIEN OHIER/Hans Lucas via AFP/AFP via Getty Images
La mère de Philippine – étudiante de 19 ans retrouvée morte le 21 septembre 2024 dans le bois de Boulogne – est revenue sur la douleur de son deuil ce lundi. Entre colère et émotion, elle a affirmé qu’elle ne pouvait pas pardonner à l’assassin de sa fille et a partagé le soutien précieux de sa famille dans cette épreuve.
Invitée de Face à l’info sur CNews ce lundi 22 septembre, Blandine de Carlan, la mère de Philippine, a de nouveau pris la parole. Elle a notamment expliqué qu’elle n’avait « pas envie » de pardonner à l’assassin de sa fille, et ce malgré la foi chrétienne qui la guide.
« Je n’ai pas dépassé »
La mère de Philippine a d’abord expliqué qu’elle « attendait un mot », notamment de la juge qui a libéré Taha Oualidat, le meurtrier présumé de sa fille, dont la date du procès n’est pas encore connue. Elle a ajouté que les gendarmes n’avaient pas remarqué que, depuis huit jours, ce Marocain de 22 ans – déjà condamné pour viol et visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) – ne s’était pas présenté au commissariat, alors qu’il devait s’y plier tous les jours. « Les gendarmes ont mis huit jours à le réaliser », a-t-elle pointé, regrettant aussi leur silence et soulignant que s’ils n’avaient pas failli à leur mission, sa fille serait encore vivante : « Ils ne prennent pas leur responsabilité ! »
« Je n’ai pas envie de lui pardonner. Je n’ai pas envie de lui pardonner. C’est horrible, je suis chrétienne, je crois… Non, je ne peux pas », a lancé Blandine de Carlan ce lundi à propos du meurtrier de Philippine, ajoutant : « Alors quand j’aurai envie, je ne sais pas si j’y arriverai. Mais là, voyez, non, je n’ai pas dépassé. » Christine Kelly lui a aussitôt répondu : « Vous êtes humaine. »
« Je sais qu’à 13 h 48, elle vivait »
Blandine de Carlan regrette de ne pas avoir pu s’approcher du corps de sa fille, lorsque celui-ci a été retrouvé sans vie dans le bois de Boulogne. « J’ai attendu, j’ai attendu, j’ai dit mais laissez-moi la déterrer, la toucher, la caresser, je ne mettrai rien, donnez-moi des gants… Non », a raconté celle qui ignore toujours quelles souffrances a connu sa fille avant de mourir.
« Elle aurait été étranglée, mais on ne sait pas la durée du calvaire. Moi j’ai arrêté une pendule à 13 h 48 parce que je sais qu’à 13 h 48, elle vivait. Je ne sais pas comment il l’a chopée, s’il lui a parlé, quand il l’a menacée, quand il l’a griffée, quand il l’a traînée et quand il l’a violée. Non, je ne sais rien », a-t-elle affirmé. Lorsque le crime a été commis, la jeune femme venait de quitter l’université Paris-Dauphine où elle étudiait, afin de rejoindre son logement.
« Tu as été une lumière et je n’ai pas été à la hauteur »
La mère de Philippine a demandé « pardon » à sa fille, pour tout ce qu’elle n’a pas fait pour elle, pour ne pas lui avoir dit assez qu’elle l’aimait : « Tu as été une lumière et je n’ai pas été à la hauteur. »
Malgré la douleur de son deuil, cette mère a rappelé combien sa famille lui apportait soutien et consolation. « Mes autres enfants m’aident parce qu’ils sont jeunes et qu’ils ont la vie devant eux. Ils souffrent, mais eux, ils vont de l’avant et c’est merveilleux », a-t-elle confié, évoquant l’un de ses fils « qui veut se marier ». Elle a ajouté à propos de ses petits-enfants qui « lui courent dans les bras » : « Ils sont là, ils vont grandir et ils n’ont pas le droit d’avoir une grand-mère qui baisse les bras. »
La mère de Philippine a rappelé avec émotion : « Elle aura toujours 19 ans. Ce n’est pas la peine de faire semblant de fêter ses 20 ans, puis cette année ses 21 ans. » Sur le plateau de Face à l’info, tous ont salué « la force spirituelle » de Blandine de Carlan et, au nom de l’équipe, Christine Kelly a offert à son invitée un cadeau chargé de sens : « Avec les mousquetaires, on a voulu vous offrir un symbole de paix, un symbole d’espoir, un symbole de force, un symbole de sagesse, un symbole de spiritualité qu’est un olivier. »

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