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Victime du Bataclan

« Je leur ai dit que je ne leur pardonnerai jamais » : dix ans après le Bataclan, la mère d’une victime témoigne

Dix ans se sont écoulés depuis les attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan, à Paris. Parmi les victimes, Estelle Rouat, 25 ans, originaire de Concarneau, a perdu la vie alors qu’elle assistait à un concert du groupe Eagles of Death Metal. Sa mère, Marie Bolzer, reste aujourd’hui une voix pour sa fille et pour l’histoire. 

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Les participants s'arrêtent devant la salle de concert du Bataclan alors qu'ils prennent part à la Marche de la liberté pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le 9 novembre 2025.

Photo: de STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Installée à Névez, dans le sud du Finistère, Marie Bolzer se remémore la tragédie qui a profondément bouleversé sa famille et laissé une empreinte durable dans tout le pays. Dix ans après les attentats, elle continue de porter le souvenir de sa fille et de transmettre cette mémoire. 

« Il nous a annoncé qu’Estelle ne s’en était pas sortie… » 

Ouest-France relate qu’Estelle Rouat avait 25 ans et venait de commencer sa carrière de professeur d’anglais au collège Gay-Lussac de Colombes (Hauts-de-Seine), lorsque le drame s’est produit. Sa mère explique que sa fille « adorait son boulot et ses collègues », soulignant qu’elle s’était pleinement épanouie une fois sa voie trouvée, passant d’une adolescente « timide et réservée » à une jeune femme « transformée ». Après des études à Quimper et Bordeaux, puis un séjour à Colchester, au nord-est de Londres, elle avait concrétisé son rêve d’enseigner et menait une vie heureuse à Paris avec Rémi, son compagnon. 
Le 13 novembre 2015, Estelle se trouvait au Bataclan. Les heures qui ont suivi ont été un supplice pour sa famille. Prévenus par la cadette, Claire, qui vivait aux États-Unis, les parents avaient tenté en vain de joindre Estelle par téléphone. « Donc on attend, on attend, on attend », se remémore Marie Bolzer. L’angoisse a pris fin vers 23 h 30 lorsqu’un appel de Rémi a confirmé l’irréparable : « Il était dans l’ambulance, je crois. Et il nous a annoncé qu’Estelle ne s’en était pas sortie… » 
Depuis, Marie Bolzer s’est engagée à témoigner pour sa fille et pour la mémoire collective. Elle a pris la parole en octobre 2021 devant la cour d’assises spéciale jugeant les suspects des attentats. « Je leur ai dit que je ne leur pardonnerai jamais », souligne-t-elle encore.  

« Maintenant, c’est apaisé, quand même » 

Malgré cette douleur, elle affirme aujourd’hui que l’émotion se mêle à un sentiment d’apaisement. « Maintenant, c’est apaisé, quand même », souligne-t-elle au Télégramme ce 09 novembre, ajoutant pouvoir parler de cette tragédie « plus facilement ». Elle ajoute néanmoins que « ces dix ans, émotionnellement, ça va remuer plein de choses ».  
Jeudi 13 novembre 2025, Marie Bolzer sera à Paris avec une dizaine de proches d’Estelle pour assister à la cérémonie d’hommage et à l’inauguration d’un jardin mémoriel. Elle sait que cette journée sera chargée de souvenirs, de sons et d’images difficiles à revivre. « On va revoir plein de choses. Il y en a que je ne regarderai pas. Des sons que je n’ai pas envie d’entendre », assure-t-elle auprès du quotidien. 
« Ma bouée, c’est ma deuxième fille », confie encore la mère d’Estelle. Le soutien de sa famille et de ses proches a été indispensable pour traverser cette décennie de douleur. Sa détermination à témoigner et à maintenir vivant le souvenir d’Estelle demeure intacte, pour que sa mémoire ne s’éteigne jamais.