Le point de départ revêt une dimension hautement symbolique : l’arche s’élève face à la plaque commémorative de Manuel Dias, première victime tombée devant l’enceinte sportive lors de cette série d’attaques qui a bouleversé la France il y a près d’une décennie.
Un triptyque citoyen inspiré par l’esprit olympique
L’Association française des victimes du terrorisme orchestre cette journée de commémoration, structurée autour de trois temps forts : la course matinale, une « marche de l’égalité » organisée l’après-midi dans les rues de la capitale, et un « village de la fraternité » déployé sur le parvis de l’Hôtel de ville parisien.
Catherine Bertrand, vice-présidente de l’association et rescapée des attentats, a conçu ce projet dans l’élan des Jeux olympiques de Paris 2024. Cette « euphorie collective » et ces « moments extrêmement fédérateurs » l’ont profondément réconfortée et inspirée.
Réinsuffler la vie dans les lieux de mort
« Les attaques du 13 novembre ont visé la France entière, pas seulement les victimes directes. Nous sommes tous concernés, de près ou de loin, » souligne Catherine Bertrand avec conviction. Face à la violence barbare qui s’est déchaînée il y a dix ans, cette course se veut « une vague positive » destinée à « ajouter de la vie là où la mort a frappé ».
La vice-présidente insiste particulièrement sur un point : rendre hommage aux victimes des terrasses et du Stade de France, trop souvent éclipsées par la tragédie du Bataclan dans la mémoire collective.
Un parcours chargé d’émotions
Parmi la foule de coureurs s’échauffant avant le départ, Julie Leblanc, 30 ans, immortalise l’instant en photographiant son dossard avec le Stade de France en arrière-plan. Vêtue du T-shirt orange marqué du logo « 13-Unis » – l’appellation choisie pour cette manifestation sportive – elle confie : « Une décennie s’est écoulée rapidement, mais l’impact reste profond pour chacun d’entre nous. Il est essentiel de préserver cette mémoire, c’est le sens de notre engagement aujourd’hui. »
Le parcours de 16 kilomètres traverse méthodiquement les différents lieux de mémoire : le Petit Cambodge et le Carillon, la Bonne Bière et Casa Nostra, le Bataclan, le Comptoir Voltaire, la Belle Equipe. Le peloton ne reste pas indifférent à cette géographie du souvenir.
Eric Letranchant, coureur assidu de 62 ans, partage son ressenti : « Mon entraînement hebdomadaire m’a déjà conduit sur certains de ces sites, mais aujourd’hui, avec cette mobilisation massive et ce soutien collectif, l’émotion sera certainement intense. »
L’appel aux valeurs républicaines
Avant de donner le signal du départ, Sofia Dias, fille de l’unique personne assassinée au Stade de France ce 13 novembre, a reçu une ovation prolongée de la foule frigorifiée par le froid matinal. Visiblement émue, elle a lancé un appel sobre mais puissant : « N’oublions pas les valeurs de la République. »
Cette matinée symbolique illustre la volonté des victimes et de la société française de transformer le traumatisme en élan de solidarité, de mémoire active et de réaffirmation des principes démocratiques face à la barbarie terroriste.
Avec AFP