Invasion de coccinelles asiatiques

Q : Ma maison est envahie par des coccinelles. Pourquoi entrent-elles alors qu’il n’y a rien pour elles à l’intérieur ? Et comment m’en débarrasser ?

R : Il existe plusieurs milliers d’espèces de coccinelles (aussi appelées bêtes à bon Dieu, coccinelles asiatiques, ou encore ladybirds ou lady beetles, selon les pays et les traditions familiales). Certaines d’entre elles sont considérées comme des insectes utiles par les horticulteurs : elles se nourrissent de pucerons, de cochenilles et d’acariens qui abîment nos plantes. D’autres, en revanche, peuvent être nuisibles, car elles s’attaquent aussi aux végétaux.

Celle qui tente probablement d’envahir votre maison est la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis).

Comme souvent chez l’humain, on a pensé que si quelques coccinelles bénéfiques faisaient du bien au jardin, en introduire davantage serait encore mieux. Dès 1916, des coccinelles asiatiques ont été importées aux États-Unis et en Europe. Mais ce n’est qu’en 1988 qu’elles ont commencé à survivre durablement, d’abord à La Nouvelle-Orléans. En moins de dix ans, elles se sont implantées sur la quasi-totalité du territoire.

Et elles se sont un peu trop bien adaptées : les populations de coccinelles indigènes sont aujourd’hui en fort déclin, parfois jusqu’à l’extinction, dans les régions où les coccinelles asiatiques prolifèrent.

Les coccinelles asiatiques ont été introduites dans le pays parce qu’elles se nourrissaient de pucerons. Mais elles se sont rapidement mises à consommer plus de 50 espèces d’insectes différentes sur de nombreuses variétés de plantes. Elles ont permis aux agriculteurs de faire d’importantes économies en protégeant notamment les cultures de soja, de noix de pécan et d’autres récoltes.

Cependant, elles peuvent elles-mêmes devenir des nuisibles lorsque les insectes viennent à manquer : elles se rabattent alors sur les fruits. Chaque année, j’en retrouve en train de manger mes framboises, mais elles percent également des trous dans les pêches, les pommes et d’autres fruits.

Les coccinelles passent l’hiver à l’état adulte. Elles se rassemblent en grands groupes et utilisent leur propre chaleur corporelle pour rester au chaud. Pour se retrouver, elles se servent de phéromones, des substances chimiques qu’elles émettent.

Les coccinelles autochtones ont tendance à se regrouper dans des tas de paillis, des troncs d’arbres creux ou des bûches. En Asie, les coccinelles asiatiques passent l’hiver dans les fissures des falaises. Mais comme il y a bien plus de maisons que de falaises aux États-Unis, elles se tournent vers les habitations pour y passer l’hiver. Elles trouvent une fente sous un bardage ou autour d’un cadre de fenêtre. Et plus elles sont nombreuses à s’installer, plus elles laissent de traces de phéromones… ce qui attire encore davantage de coccinelles.

Parfois, la fissure mène directement à l’intérieur de la maison, et les coccinelles s’y introduisent. Les aspirer est alors la façon la plus simple de s’en débarrasser. Si elles sont présentes sur les murs extérieurs de la maison, vous pouvez les pulvériser avec un savon insecticide pour les éliminer.

Un éventuel avantage à cette invasion : elle vous indique que votre maison présente une fuite d’air. Rechercher et calfeutrer cet endroit permettra non seulement d’empêcher l’entrée des coccinelles, mais aussi de faire des économies d’énergie.

Si vous le souhaitez, vous pouvez relâcher les coccinelles à l’extérieur tant que la température reste au-dessus de zéro. Si elles entrent dans votre maison en plein hiver ou au début du printemps (période trop froide pour les libérer dehors), vous pouvez les conserver au réfrigérateur pendant plusieurs mois. Elles doivent être placées dans un bocal muni de petits trous d’aération. Glissez-y également un morceau d’essuie-tout humide et froissé pour maintenir un bon niveau d’humidité et éviter qu’elles ne se dessèchent.

Les coccinelles asiatiques peuvent être orange, rouge orangé ou noires, avec un nombre variable de points noirs sur le dos. On pense souvent que les coccinelles « utiles » sont rouge vif, comme un panneau stop, avec des points noirs, mais en réalité, les espèces natives peuvent aussi être jaunes, grises ou noires, avec ou sans points.

Si une coccinelle présente des rayures, il ne s’agit probablement pas d’une coccinelle, mais d’un doryphore de la pomme de terre. Ce coléoptère est un ravageur bien connu, et ses larves comme les adultes dévorent les feuilles de tomates, pommes de terre, aubergines et pétunias. Il convient donc de les éliminer.

De la même manière, les coccinelles vertes n’en sont pas non plus : il s’agit très probablement d’adultes de chrysomèles du maïs ou du concombre – deux insectes nuisibles à éradiquer.

Les coccinelles natives peuvent être manipulées à la main sans danger : elles ne mordent pas et ne dégagent pas d’odeur. Les coccinelles asiatiques, en revanche, peuvent sécréter un liquide jaune malodorant qui tache, et elles peuvent mordre – une morsure douloureuse.