Le milliardaire Pierre-Édouard Stérin fondateur de Smartbox visé par une enquête pour avoir snobé l’Assemblée nationale

Le milliardaire Pierre-Édouard Stérin fait l'objet d'une enquête judiciaire après avoir refusé à deux reprises de se présenter devant une commission d'enquête de l'Assemblée nationale.
Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images
Le milliardaire Pierre-Édouard Stérin fait l’objet d’une enquête judiciaire après avoir refusé à deux reprises de se présenter devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale. L’enquête a été confiée à la brigade de la répression de la délinquance aux personnes de la police judiciaire de Paris par le parquet parisien, confirme cette juridiction auprès de l’AFP.
Deux convocations ignorées
Au printemps, le président de la commission d’enquête sur « l’organisation des élections en France », Thomas Cazenave, avait signalé les faits à la justice après que l’entrepreneur ait manqué ses convocations. Le 14 mai 2025 à 11 heures, Pierre-Édouard Stérin ne s’est pas présenté à son audition prévue devant la commission, marquant son second refus de comparaître.
Le fondateur de l’entreprise de coffrets cadeaux Smartbox était censé s’expliquer sur son activisme politique devant les députés. En France, le refus de comparaître devant une commission d’enquête parlementaire est passible de deux ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.
Un engagement financier de 150 millions d’euros
Pierre-Édouard Stérin, homme d’affaires conservateur résidant en Belgique, s’est fait connaître par ses positions politiques et son soutien financier à diverses causes de droite. Il a annoncé investir 150 millions d’euros en dix ans au service de son projet idéologique, avec dix millions investis en 2024 et vingt autres prévus pour 2025.
L’entrepreneur, qui se définit comme catholique, conservateur et libéral, entretient des relations régulières avec des figures politiques telles qu’Éric Zemmour, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2022, ou Laurent Wauquiez, patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée. Il se dit partisan de l’union des droites et affirme vouloir influer sur le débat public français.

Le président de la commission d’enquête sur l’organisation des élections à l’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, Thomas Cazenave (au. C) et le rapporteur de la commission Antoine Leaument (à.g) répondent aux questions des journalistes. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP via Getty Images)
Justifications sécuritaires contestées
Pour justifier son absence, Pierre-Édouard Stérin avait invoqué des raisons de sécurité, affirmant craindre pour sa protection personnelle. Peu avant sa convocation manquée, il était intervenu sur CNews, qualifiant sa convocation de « prétexte » pour des députés qui « ont juste envie de faire les marioles devant les caméras ».
Cette justification n’avait pas convaincu les responsables parlementaires. « Refuser de répondre à la convocation d’une commission d’enquête parlementaire est grave. Le faire au nom d’un prétendu manque de sécurité est ridicule. J’y suis chaque jour, malgré les menaces », avait réagi sur X la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
De son côté, Thomas Cazenave avait souligné que « le ministère de l’Intérieur était prêt à assurer sa sécurité » lors de son audition. La commission avait même pris au sérieux les alertes sécuritaires évoquées par l’entrepreneur, sans pour autant accepter son refus de comparaître.
D’autres enquêtes en cours
Cette nouvelle procédure judiciaire s’ajoute aux difficultés juridiques de Pierre-Édouard Stérin. Le milliardaire a été entendu sous le régime de suspect libre le 11 juin 2024 dans le cadre d’une enquête sur le financement de campagnes électorales du Rassemblement national. Il est suspecté d’avoir utilisé une vingtaine d’intermédiaires pour financer des candidats sans respecter la réglementation.
Les investigations de la police anticorruption sur les prêts accordés par l’homme d’affaires à des candidats du RN se sont achevées en août 2025, selon les informations disponibles.
Un cas d’école du contrôle parlementaire
L’affaire illustre les tensions entre le pouvoir parlementaire de contrôle et les personnalités privées influentes dans le débat politique. La commission d’enquête sur l’organisation des élections en France avait pour mission d’examiner les modalités de financement des campagnes électorales et l’influence exercée par certains acteurs privés.
Le refus de Pierre-Édouard Stérin de coopérer avec cette instance parlementaire soulève des questions sur l’efficacité des mécanismes de contrôle démocratique face aux financements privés de la vie politique. L’enquête judiciaire désormais ouverte devra déterminer si ce refus de comparaître constitue une entrave au fonctionnement des institutions républicaines.
La procédure engagée par la police judiciaire parisienne permettra d’éclairer les circonstances exactes de ces refus de comparaître et d’évaluer la validité des justifications avancées par l’intéressé.

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